Peut-on envisager l’ouverture d’un lieu de spectacles alors que la crise sanitaire cloue les artistes en coulisses depuis des mois ? La réponse est oui, à Tours, avec le début des travaux d’un théâtre dédié à la comédie qui doit proposer ses premiers spectacles cet automne. Ce sera à deux pas de la gare et nous avons rencontré son directeur…
« J’approchais de mes 40 ans et c’est une évolution de carrière logique » : né en 1980, Christophe Desaint-Denis raconte sa vie dans la coquille vide du 39 Rue Michelet, en plein centre-ville de Tours. A l’extérieur une pelleteuse s’active devant l’ancien magasin Thevenin Musique – transféré 50m plus loin. Les ouvriers devraient avoir quitté les lieux à la rentrée, après une transformation de fond en comble pour cette adresse à la façade art-déco, prolongée par un grand hangar aux 4m80 sous plafond. Idéal pour une salle de spectacle. « Je suis arrivé à Tours depuis trois mois et j’aime beaucoup cette ville à la grande richesse culturelle » répète à foison le nouveau locataire des lieux… Enthousiaste à l’idée d’ouvrir ici le premier théâtre de Tours essentiellement dédié à l’humour.
Normand d’origine (il est né à Granville), Christophe Desaint-Denis n’a pas de liens prédestinés avec le milieu culturel : « C’est venu principalement par mon éducation. Très vite avec l’école on a fait des sorties au Théâtre de Chaillot à Paris dont j’ai des souvenirs formidables. »
10 ans à la direction du théâtre Le Paris
A l’heure de ses études post-bac, le jeune homme traverse la France direction Avignon pour entamer un master culture-communication : « Au départ mon souhait c’était de me diriger vers le cinéma mais je me suis rapidement confronté au spectacle vivant ce qui m’a donné envie de préférer cette voie. « On y côtoie le public, les artistes, les techniciens… alors qu’au cinéma on est plutôt en relation avec des distributeurs et des copies de films. » Formé par l’actuel recteur de l’Académie de Rennes Emmanuel Ethis dont il loue les qualités, le garçon de 19 ans commence à travailler pour le festival d’Avignon. Adieu le poste dans un cinéma multiplexe de l’agglomération, il prend ses quartiers au théâtre. Au sortir de la fac en 2005, Christophe Desaint-Denis part en tournée avec Les Chevaliers du Fiel en tant qu’administrateur et ça dure deux ans :
« J’ai également fait de la régie plateau ou la gestion du merchandising, j’ai appris beaucoup de choses. »
Son travail plait et on finit par lui proposer la direction du théâtre Le Paris d’Avignon, tout juste aménagé dans un ancien cinéma des années 50. Le début d’une aventure de dix ans… « L’établissement comporte trois salles de 95, 210 et 320 places. C’est un lieu incontournable et un théâtre permanent, pas seulement ouvert pendant la période du festival. » Christophe Desaint-Denis y construit son réseau, rencontrant notamment les deux associés avec qui il s’engage dans son aventure tourangelle : Julien Sigalas (auteur, compositeur, musicien, comédien, producteur) et son ami Yoann Combronde. Un duo qui chapeaute déjà plusieurs salles de spectacles à Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Metz, Grenoble… et donc bientôt La Comédie de Tours, « le lieu à la taille la plus importante avec une salle de 270 places » indique son directeur.
Des spectacles du jeudi au dimanche, parfois plusieurs chaque soir
Alors pourquoi Tours ? Christophe Desaint-Denis explique d’abord qu’il voulait se rapprocher de sa région d’origine, explique ensuite qu’il a étudié le contexte de plusieurs villes avant d’arrêter son choix. Un projet qu’il mûri depuis 2016 et qu’il a réellement commencé à concrétiser courant 2020.
Son idée : une scène dédiée à l’humour, autant pour accueillir les rodages de spectacles d’humoristes que des pièces à dominante comique. Pour un soir ou pour une série de 4 à 8 dates, c’est à l’avenant. Le fonctionnement est pensé à la parisienne, c’est-à-dire avec des représentations du jeudi au samedi et potentiellement plusieurs propositions à l’affiche par soir. Le tout complété par une programmation jeune public, des ateliers théâtre voire théâtre et chant. Un modèle qui n’existe pas encore ici, en dépit de salles à capacité comparable (Le Bateau Ivre ou Le Petit Faucheux). « Je pense que l’aire urbaine est intéressante pour un projet de ce genre qui n’entre pas en concurrence avec ce qu’il se fait aujourd’hui » plaide Christophe de Saint-Denis qui commence progressivement à rencontrer les acteurs locaux du monde de la culture.
L’homme veut un lieu « accueillant, chaleureux et performant » avec un vaste hall d’accueil de 250m² qui aura sa petite buvette, et une salle comprenant parterre et gradins dont il prévoit de remplacer l’armature métallique par des matériaux plus qualitatifs, avec toujours une sortie vers l’Impasse Grammont. Si tout va bien, on pourra y applaudir les premiers artistes dans environ 6 mois…
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