« L’usage de lieux est primordial dans mes réflexions sur Tours-sur-Loire »

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Rencontre avec Guillaume Tripoteau, architecte en charge de préparer les dossiers sur l’architecture de Tours sur Loire pour le Petit Monde. L’occasion de revenir sur les changements opérés cette année.

37° : Bonjour Guillaume, peux-tu nous expliquer quel est ton rôle sur Tours-sur-Loire ?

Guillaume Tripoteau : Je prépare les dossiers pour Le Petit Monde en ce qui concerne l’architecture des lieux. Ainsi j’interviens surtout en amont. Cela fait quatre années que c’est le cas.

37° : Cette année l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) a imposé de profondes modifications au site, qu’en penses-tu personnellement ? 

Guillaume Tripoteau : L’ABF est dans son rôle. Il regarde les textes en vigueur et dicte ce qui doit être ou non. Sur les bords de Loire, il y a de nombreuses règlementations complexes (ndlr : secteur sauvegardé, zone naturelle sensible, zone inondable…). Par exemple toutes les structures doivent être démontables en 48 heures maximum.

37° : Pourtant les anciens ABF avaient semble-t-il une lecture différente de ces textes. Comprends-tu la décision prise cette année par un ABF débarqué récemment en Touraine ?

Guillaume Tripoteau : On peut trouver cela dommage, mais c’est son travail.  Certains tiennent peut-être plus en compte les usages que d’autres, cela dépend aussi de la personne. Cependant ce n’est pas dans leur rôle de le faire. Leur travail est d’avoir une lecture des textes et de les faire appliquer.

37° : Tu avais notamment conçu il y a quelques années la scène en hauteur qui faisait face à la guinguette et qui a été retirée cette année. Peux-tu nous dire quel était l’objectif de cet espace ?

Guillaume Tripoteau : En tant qu’architecte mon objectif était double : renforcer la piste de danse comme lieu central et lieu de rencontres, mais aussi s’approprier les paliers inférieurs des quais de la Loire qui étaient auparavant uniquement passants. J’avais pensé cet espace comme un lien avec sa scène et le bar du bas, ce qui permet d’insérer des tables, des chaises, l’espace barbecue…

37° : Comment intègres-tu les usages des lieux dans tes plans ?

Guillaume Tripoteau : Ce que j’aime dans ce que je fais c’est justement l’aspect sociologique qu’il peut y avoir derrière celui purement architectural. Sur le projet Tours-sur-Loire, l’usage de lieux est primordial dans mes réflexions. L’un des objectifs est d’arriver à avoir une mixité dans la population présente. L’autre étant de réfléchir aux flux, notamment ceux entre les trois paliers des quais justement.

37° : La réduction du périmètre de Tours-sur-Loire sur le seul espace supérieur cette année, réduit de fait les usages sur les différents paliers.

Guillaume Tripoteau : Ce qui est dommage ici c’est qu’il commençait à avoir une appropriation des lieux justement avec une population qui trouvait sa place dans cet espace en escalier sur trois niveaux. Le Foudre au pied du pont Wilson (ndlr : déplacé cette année en contre-bas de la faculté des Tanneurs) permettait également une appropriation de cet espace qui est souvent déserté par une partie de la population parce que dans l’imaginaire il est assimilé à un espace peu rassurant avec la présence de populations dites marginales.

37° : On a l’impression que la nouvelle configuration avec les trois espaces Guinguette / Foudre et bar Chez Dupont en bas de la bibliothèque ne permet pas de créer une identité unique. Au contraire les trois lieux sont très différenciés et semblent s’autosuffire à eux-mêmes. N’y a-t-il pas un risque de segmentation de Tours-sur-Loire ?

Guillaume Tripoteau : En effet c’est un risque avec notamment celui de voir des populations différentes s’approprier un espace en particulier. Le risque est alors que chaque espace ait du coup sa propre population. Cela serait contraire aux objectifs du Petit Monde depuis le départ.

37° : Quels autres points aimerais-tu améliorer en particulier ?

Guillaume Tripoteau : L’espace guinguette (ndlr : l’espace principal) possède deux accès avec d’un côté les escaliers qui donnent directement sur le restaurant et de l’autre l’accès par le rond point des Tanneurs qui donne lui sur le bar. Je ne suis pas sûr que ce soit forcément les mêmes populations qui utilisent ces deux accès. L’enjeu est de les réunir, c’est pour cela que je disais que la piste de danse devait servir de lieu de rendez-vous, d’espace central. L’accès en descendant par le rond point des Tanneurs donne sur les toilettes également, ce n’est pas terrible. Ailleurs, l’espace enfants mériterait d’être amélioré mais il reste difficile à aménager par exemple.

37° : Un nouvel appel d’offres est actuellement en cours pour la délégation de gestion de Tours-sur-Loire à partir de 2017, tu travailles déjà sur ce projet on imagine. Peux-tu nous en parler un peu ?

Guillaume Tripoteau : L’appel d’offres est désormais sur 4 ans et non 3 ans comme c’était le cas jusqu’à présent. L’objectif est donc de proposer un projet progressif sur l’ensemble de la durée. On repart du principe qu’on ne pourra utiliser que le palier du haut comme cette année et après avec Le Petit Monde on réfléchit à une utilisation de l’ensemble du site en privilégiant des zones d’échanges et de flux entre les différents espaces.

37° : Savez-vous ce que souhaite l’ABF notamment ?

Guillaume Tripoteau : Il y a plusieurs candidats à l’appel d’offres, donc on ne le sait pas en particulier, sinon ce serait privilégier un candidat par rapport à un autre. En revanche, l’ABF ne s’est pas caché sur le fait qu’il aimerait bien quelque chose d’assez contemporain en terme d’architecture. Je ne suis donc pas convaincu qu’il apprécie particulièrement la scénographie créée jusqu’à présent par le Petit Monde autour de l’imaginaire marin. Je ne peux pas en dire plus sur ce qu’on va proposer, car on travaille actuellement sur le dossier.

Propos recueillis par Mathieu Giua

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