Vers un printemps social ?

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Cette journée du 22 mars avait valeur de test entre les syndicats et le gouvernement. Sur fond de réformes à vitesse grand V souhaitées par le Président de la République Emmanuel Macron, la tension sociale se fait au grand jour avec pas moins de 7 syndicats de fonctionnaires ( CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) et 4 organisations représentatives de la SNCF qui avaient appelé à manifester. Une journée pour donner le tempo d’un mouvement social encore en gestation, mais qui pourrait prendre de l’ampleur.

Macron s’attaque à tous les fronts

Depuis son arrivée au pouvoir Emmanuel Macron veut aller vite. Alors candidat, l’actuel Président de la République avait annoncé vouloir réformer la société. Sans attendre, le gouvernement s’est mis en branle dès l’été quitte à cristalliser rapidement les tensions et oppositions. Stratégie payante dans un premier temps, la rentrée sociale annoncée étant finalement calme malgré les manifestations contre les ordonnances et la loi Travail. De quoi dès lors conforter le Président de la République dans sa volonté d’aller vite, comme pour prendre de cours un mouvement syndical pas encore soudé et organisé. S’attaquant à plusieurs chantiers à la fois (réforme de l’Université, de la fonction publique, de la SNCF, de l’Hôpital, des retraites avec la hausse de la CSG…) le gouvernement avance à pas forcés et en face la mobilisation peinait jusque-là à trouver sa place malgré des manifestations et des mouvements de contestation par branches (grève dans les hôpitaux, chez les avocats, les retraités…)

Cette journée du 22 mars était celle qui devait faire converger ces colères. Au total dans les 150 cortèges qui ont défilé en France, entre 330 000 (selon la Police) et 500 000 personnes (selon les syndicats) ont manifesté. Des chiffres un peu plus conséquents qu’en octobre dernier, mais c’est surtout le ton qui semble avoir changé. Si jusqu’à présent on sentait ces derniers mois beaucoup de « ras-le-bol » mais aussi de la résignation, cette fois l’ambiance se faisait moins fataliste. Pour Cédric, un cheminot rencontré à la manifestation tourangelle : « Le gouvernement s’attaque à tout le monde, ça ne peut que péter ». Un sentiment partagé ou plus précisément espéré par beaucoup ce jeudi matin dans les rues de Tours. « Le gouvernement espère jouer sur l’individualisme, aujourd’hui nous lui montrons que nous sommes unis, personnel hospitalier, travailleurs sociaux, enseignants, cheminots… » avant Alice, infirmière.

« On ne se bat pas que pour nous, mais pour la défense d’un service public efficace et bénéficiant à tout le monde ».

Il faut dire que les inquiétudes sont nombreuses et communes : gel du point d’indice, rétablissement du jour de carence en cas d’arrêt maladie, recours accru aux contractuels, … Les fonctionnaires rencontrés ce jeudi expriment leur sentiment d’injustice face aux attaques qu’ils subissent. « On nous montre du doigt en permanence, on nous explique qu’on coûte trop cher, mais nous faisons notre travail avec passion et dévotion pour la plupart » s’agace un manifestant. Et Alice de poursuivre : « On vers vers une sorte de privatisation, mais dans les hôpitaux c’est aujourd’hui un enfer, on ne peut plus s’occuper des patients comme il faudrait parce qu’on nous demande toujours plus au détriment de la qualité de service. On ne se bat pas que pour nous, mais pour la défense d’un service public efficace et bénéficiant à tout le monde ».

Les images de la manifestation du 22 mars à Tours :

Les regards tournés vers les cheminots

Avec 5000 manifestants, la mobilisation à Tours est un succès pour les syndicats, d’autant plus que les cheminots avaient majoritairement opté pour leur rassemblement national à Paris. Des cheminots qui pourraient être la clé du succès de la mobilisation et l’élément central d’un printemps social que beaucoup espèrent pour faire fléchir le gouvernement. « Nous allons les aider dans leur mouvement et leur montrer que nous sommes derrière eux » explique ainsi un membre de la CGT. Des cheminots qui ont prévu 36 jours de grève sur les trois prochains mois au cours d’une « grève perlée », comprendre non-continue, à partir de début avril. Cheminots mais aussi étudiants, en nombre dans le cortège tourangeau hier, une partie de ces derniers étant mobilisés depuis quelques semaines contre la sélection à l’entrée des universités.

Pour les syndicats, ce coup d’essai du 22 mars reste donc à transformer pour mettre la pression sur un gouvernement pour le moment hermétique à la gronde et qui compte de son côté sur une usure sur le long terme, mais aussi sur la bataille de l’opinion. Une opinion publique pour l’instant majoritairement favorable au mouvement selon un sondage paru dans la semaine pour L’Obs, mais qui pourrait s’agacer des gènes sur le quotidien en cas de mouvement sur le long terme. Le bras de fer ne fait que commencer.

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