Urbanisme : « Le temps où les experts décident de la ville du futur est révolu »

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Créée en 1967 à la suite de la Loi d’Orientation Foncière (LOF), l’Agence d’Urbanisme de l’agglomération de Tours (ATU), est un outil au service des collectivités. Intervenant en amont des projets urbanistiques, l’agence fait valoir son expertise à travers ses réflexions sur des espaces appelés à évoluer. Une mission de service publique que cette association de loi 1901, présidée par le président de Tours Métropole, Philippe Briand, mène donc depuis 50 ans maintenant. Une mission qui a évolué également avec le temps et les nouvelles aspirations de la société.

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Les agences d’urbanisme en France

L’ATU fait partie des agences d’urbanisme pionnières en France. En effet, c’est l’une des 6 premières nées suite à la Loi d’Orientation Foncière de 1967. L’idée était alors de créer un cadre sur les réflexions autour des POS (Plans d’Occupation des Sols). Les agences d’urbanisme sont alors créées sur la base du volontariat pour être au service des territoires locaux.

Des agences qui sont passées aujourd’hui au nombre de 52, regroupées dans le cadre de la FNAU (Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme).

Un élargissement qui a été accompagné d’une redéfinition des missions des agences d’urbanisme, notamment à travers la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable de 1999 : « Les agences d’urbanisme ont notamment pour mission de suivre les évolutions urbaines, de participer à la définition des politiques d’aménagement et de développement et à l’élaboration des documents d’urbanisme (notamment les Schémas de Cohérence Territoriale) et de préparer les projets d’agglomérations dans un souci d’harmonisation des politiques publiques. »

Maquette dans les locaux de l'ATU
Maquette dans les locaux de l’ATU

Les missions de l’ATU

L’ATU travaillait à sa naissance sur un territoire composé de Tours et de 6 communes environnantes. Un territoire qui s’est élargi au fur et à mesure et aujourd’hui les réflexions de l’ATU concerne pas moins de 30 communes, 2 EPCI (Tours Métropole et la Communauté Touraine Est Vallée) ainsi que le Conseil Départemental.

Un territoire sur lequel l’agence, qui emploie 18 personnes dans différentes disciplines, intervient principalement autour de trois missions : celle d’accompagner les collectivités dans leurs actions d’urbanisme, la fonction de veille et de décodage des enjeux posés par le développement urbain et enfin la participation à l’élaboration de projets de territoire comme les PLU.

« Notre métier c’est avant tout de décoder la complexité urbaine, de la décrypter et la traduire pour permettre à des cercles d’acteurs d’agir. » explique ainsi Jérôme Baratier, le directeur de l’ATU. Outil au service des collectivités et des territoires, l’ATU n’est dans les faits pas décisionnaire mais exerce un rôle d’expertise et de conseils en amont des projets, mais aussi travaille au quotidien sur des thématiques qu’elle se saisit elle même pour enclencher des réflexions.

Mieux intégrer la population dans les réflexions

Des missions techniques avant tout qui ont pu donner aux agences d’urbanisme (comme à d’autres structures) un aspect technocratique par le passé. Pourtant les choses évoluent là-aussi et parmi les cercles d’acteurs à prendre en compte dans les opérations d’urbanisme, la population est aujourd’hui inévitable et l’intégration des avis des habitants est devenue un enjeu de société majeur. Une point facile à transcrire sur le papier, mais parfois moins en réalité à cause d’une absence de tradition à ce sujet chez les élus, mais aussi parfois à cause de logiques et d’aspirations contraires et aussi multiples qu’il y a d’habitants.

Carte de travail
Carte de travail « Envies de Loire »

« Envies de Loire » une première étape en forme de test

Pourtant pour Jérôme Baratier, l’avenir de l’urbanisme s’inscrit bel et bien dans ce point fondamental :  » Le temps où les experts décident de la ville du futur est révolu et il faut que nous nous demandons avec qui on construit les questions qui amèneront les réponses de demain. »

Cette intégration de la population, Tours Métropole l’a expérimentée l’an dernier dans le cadre d’Envies de Loire. Une première étape passée sous le modèle de la consultation citoyenne avec un site interactif dans lequel les Tourangeaux pouvaient inscrire leurs propres aspirations et projets pour les 9 km de Loire retenus en amont et en aval de Tours. Une consultation que les élus comme l’ATU ont lancé sans savoir si cela prendrait mais dont ils sont satisfaits au final. Au total, 647 idées ont été proposées par 786 participants. Des idées qui ont recueilli 7798 votes. Des idées montrées et prises en compte derrière dans les réflexions des candidats professionnels participant au concours d’idées.

« Pour « Envie de Loire », nous voulions passer par l’usage des habitants de la Loire, de leurs propres envies, c’était le sens de la consultation » explique notre interlocuteur. Cette consultation a permis notamment de dégager au travers les avis et envies contraires exprimés, plusieurs préoccupations majeures des Tourangeaux : la première sur la caractère urbain ou naturel de l’espace ligérien, la deuxième sur les aménagements à réaliser ou non dans le cadre d’une politique touristique et ludique et enfin la question des franchissements et des circulations notamment douces aux abords du fleuve.

« Envies de Loire » : garder l’aspect rêverie de la Loire

Pour Jérôme Baratier, les architectes italiens qui ont remporté le concours d’idées « Envie de Loire » ont été retenus avant tout pour leur compréhension des enjeux. « Ils ont proposé des espaces d’aération et des projets plus construits en centre-ville ». Pour le directeur de l’ATU, il s’agissait notamment de ne pas sur-solliciter la Loire, ni la sur-aménager. « L’objet n’était pas de faire un « Loire Park » mais de comprendre les usages actuels de la population et ses envies pour demain »

Quant aux critiques qui ont pu s’élever sur une éventuelle gentrification des bords de Loire à venir, Jérôme Baratier de répondre : « Il s’agit d’espaces ouverts, il n’y a donc pas lieu de penser qu’il y aura une gentrification puisque par nature ils resteront ouverts à tous. »

Si on reste sur de la simple consultation et qu’on n’est pas encore au stade de la concertation à proprement parlé ni de la participation des habitants au projet, « Envie de Loire » reste une première étape et on peut clairement imaginer encore plus d’implication de la population à l’avenir dans certains projets. « Les méthodes sont aujourd’hui aussi importantes que les résultats » note le directeur de l’ATU, pour qui il faut cependant ce serait une erreur de tout systématiser. « l’urbanisme de demain se fera avant tout à l’échelle humaine et l’urbaniste contemporain doit renoncer à tout planifier et tout maîtriser » conclue-t-il.

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