Université de Tours : les envies de Philippe Vendrix

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Dans les jours qui viennent, 28 000 étudiantes et étudiants vont faire leur rentrée dans les amphis de l’Université de Tours… Première fac de la région, elle veut pleinement s’inscrire dans la dynamique métropolitaine tout en affirmant sa position sur la scène internationale… Des chantiers menés par le président Philippe Vendrix, qui en est à la moitié de son mandat. L’homme a des défis ambitieux mais complexes à réaliser : nous avons pu le rencontrer longuement ce mardi 4 septembre…

Philippe Vendrix n’est pas du genre à faire des coups d’éclat quand il s’exprime en public ou dans les médias. En poste depuis deux ans, le président de l’Université de Tours cultive néanmoins un certain sens du franc parler, avec une petite musique bien à lui, pleine de références culturelles ou de métaphores. A la tête d’une institution qui forme 28 000 jeunes et emploie plus de 2 500 personnes, il fait partie des hommes forts de l’agglo, du département et même de la région. Il le rappelle d’ailleurs de lui-même : l’Université est le deuxième employeur tourangeau derrière le CHU. Du coup « j’ai assez peu de temps de respiration » glisse-t-il depuis son bureau sur le site du Plat d’Etain. Et de lister les enjeux de son mandat : refonte de l’offre de formation tourangelle, mise en place de la COMUE (rassemblement d’établissements supérieurs), nouvelles lois du gouvernement…

A tout cela il faut ajouter la transformation de Tours en métropole, un point important selon Philippe Vendrix : « on a toujours travaillé avec la ville, mais là, la métropole négocie directement avec l’Etat de plus l’enseignement supérieur est une de ses priorités. » On lui demande quelles sont ses relations avec Philippe Briand et son équipe. Réponse : « la métropole est à nos côtés. » Puis : « dès que nous avons des interrogations sur un projet nous échangeons. Mais la métropole n’est pas riche, l’université non plus, tout comme le CHU. » Bref, cordial mais pas forcément fluide.

Philippe Vendrix 2018 (5)

Une université « en tête de la deuxième division »

Sur la question budgétaire, Philippe Vendrix donne un éclairage : l’Etat verse 6 500€ de dotation à l’Université de Tours pour chaque étudiant inscrit, quand c’est 8 000, 10 000 voire 15 000€ dans d’autres facs. Un rééquilibrage en vue ? A priori non, il faudra donc faire avec : « nous ne pouvons pas être aussi attractifs, il faut donc maintenir le rang » à savoir celui d’une université « en tête de la deuxième division. » Et pour ça, le fait que Tours soit métropole est « stimulant », « on a l’impression qu’on revient dans la course » assure le président qui voit bien le site universitaire de Grandmont devenir, dans les prochaines années « un parc central métropolitain » entre un grand CHU, une fac de médecine et les bâtiments actuels de la fac de science et de pharmacie, le tout desservi par le tram.

Des visions de l’avenir, des projets, des envies… Philippe Vendrix a tout ça. Il n’aime pas trop qu’on compare la fac à un paquebot mais, qu’il le veuille ou non, son rôle s’apparente à celui d’un capitaine qui a besoin d’un équipage solide et motivé pour avancer et suivre ses ambitions. Le président l’assure : « l’Université a envie de changer. C’est grisant ce moment de déstabilisation. Quand on engage des réformes comme celles des modules de formation il n’y a pas d’enthousiasme débordant ou unanime mais on le fait maintenant et quand on obtient une dotation de 8 millions d’euros en finissant ex-aequo d’un palmarès avec 4 autres universités sur 50 candidats on peut se dire que c’est vraiment bien. »

Pas de fusion avec Orléans

Philippe Vendrix accorde de l’importance aux classements, en allant chercher les bons arguments pour que Tours tire son épingle du jeu. Sur celui de Leiden, il note que Tours est 24ème fac française sur 28 « avec devant des universités qui ont fusionné, donc en réalité nous sommes 20èmes. » Et au sujet du classement de Shanghai, où Tours ne figure pas, il fait remarquer « que la taille globale des universités est de 30 000 étudiants », à peu près autant de Tours. Donc « la taille n’est pas le problème, c’est le ratio entre étudiants et enseignants qui compte. » A Tours, il est d’un encadrant pour 10 élèves, « et ça ne joue pas en notre faveur » conclut le président… qui n’a pas de budget pour faire mieux. D’où une fois encore son image d’une université en tête du classement de deuxième division.

Qu’on soit bien clairs : face à nous Philippe Vendrix n’a pas l’air de se plaindre, se réjouissant par exemple du succès d’un master international sur les maladies infectieuses que Tours partage avec plusieurs autres villes dont Barcelone et Edinburgh : « on a reçu 740 candidatures pour 20 places, à ce moment-là Tours est une université qui compte dans le monde. » La filière en question accueille des Mexicains, un Pakistanais, un Chinois… A cela s’ajoute le regroupement sous l’enseigne de l’Université de Tours des différentes formations des écoles d’infirmerie de la région Centre-Val de Loire (5 000 jeunes en formation) : « ils bénéficieront d’un grade de licence à la fin de leur cursus de 3 ans et s’ils veulent faire une spécialité en Allemagne ils seront plus facilement identifiés qu’avec un diplôme venant du Blanc ou de Châteauroux. »

« Ce qui nous presse, c’est le savoir »

Des avancées de ce genre suffisent à Philippe Vendrix pour appuyer son argumentaire et porter l’étendard d’une université capable de briller toute seule comme une grande. Donc pas de rapprochement en vue avec Orléans ? « Ce n’est pas parce qu’on grossit que c’est plus joli » assène le président qui a étudié les stats et retenu le fait que les fusions de facs ne sont pas à la mode s’il y a plus de 50km entre elles : « avoir une région qui revendique avoir deux universités de qualité c’est très bien » poursuit le Tourangeau qui ne tient pas de propos désagréables vis-à-vis des voisins expliquant simplement « que l’on veille à ne pas proposer les mêmes choses » et insistant sur le fait qu’il existe des collaborations avec le Loiret (juste qu’elles seraient plus efficaces avec un meilleur réseau de fibre optique ligérien).

A défaut de croître par la taille, l’Université de Tours compte se démarquer en cultivant son « originalité ». Deux exemples cités par Philippe Vendrix :

  • le Bio3, cette annexe au site du Plat d’Etain qui se concentre sur les techniques médicamenteuses de demain. Après un démarrage un peu lent, le président estime qu’il commence à « montrer sa dynamique », notamment via une collaboration avec les laboratoires Servier.
  • le travail avec la Cité de la Gastronomie (basée à la Villa Rabelais, Boulevard Béranger). L’an prochain, une université d’été devrait y voir le jour de mai à août autour des sciences de l’alimentation : « on ne pourra pas créer l’équivalent d’écoles comme Lausanne mais tout de même identifier Tours comme ville pilote sur la recherche et l’enseignement en montrant les liens avec le patrimoine, la médecine ou l’infectiologie. C’est une thématique porteuse. »

Ces chantiers, le président de la fac tourangelle a deux ans pour les mener à bien avant la fin de son mandat. Il se fixe aussi de placer Tours dans « un certain nombre » de classements, de finaliser le projet de l’évolution immobilière (notamment la rénovation des Tanneurs), et de mettre la réforme pédagogique sur de bons rails. « Ce sont des projets ambitieux qui iront sans doute au-delà de ce mandat. Je fonctionne à la réalisation d’objectifs donc s’ils parviennent à leur terme je pourrais peut-être afficher des ambitions. Si je vois que ça coince c’est peut-être que mes idées ne sont pas si bonnes et que d’autres en auront de meilleures » philosophe-t-il. Son mantra ? « On est en train de construire un schéma, on n’est pas pressé par une élection. Ce qui nous presse, c’est le savoir. »

Un degré en plus : Philippe Vendrix en politique ?

Le président de l’Université est clair : il ne sera sur aucune liste aux municipales de 2020 et ne soutiendra personne. « J’aime l’université » commente-t-il simplement.

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