Train à hydrogène : après l’essai en Touraine, à quand l’appel d’offres ?

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C’est une première en France : ce mercredi 1er février, un train d’Alstom roulant à l’hydrogène a débuté ses essais sur la ligne Tours-Loches. 3 jours d’allers-retours pour tester cette nouvelle technologie sur le réseau SNCF, une première nationale. L’objectif est autant technique que commercial, la région Centre-Val de Loire se montrant très intéressée pour remplacer ses trains diesel, composant actuellement 17% de son parc de TER Rémi. Mais il faudra quand même attendre plusieurs années avant de pouvoir monter dedans…

« Aujourd’hui je suis un maire heureux » insiste Marc Angenault. L’élu lochois s’exprime depuis le quai de la gare, littéralement bondé. Sur place il y a plein de maires du Sud-Touraine, le sénateur Pierre Louault, le député Henri Alfandari, le président du Conseil Régional François Bonneau, des équipes de la SNCF et des salariés d’Alstom. Toute cette foule est venue découvrir le Coradia iLint, premier modèle de train n’ayant besoin que d’hydrogène pour rouler. Une technologie développée par Alstom, l’un des principaux constructeurs du monde (les TGV, c’est lui, le tram de Tours aussi).

Long de 54m, le Coradia iLint peut emporter 140 à 150 passagers et rouler jusqu’à 140km/h. Il est moderne donc dispose d’espaces pour les vélos ou de toilettes adaptés aux personnes handicapées. Composé de deux voitures, il circule déjà autour de Francfort en Allemagne, ainsi que dans la région de Basse Saxe. Ce n’est pas la compagnie nationale Deutsche Bahn qui l’a commandé mais un opérateur privé. 40 modèles ont été acquis, et une quinzaine sont déjà sur les rails.

L'aboutissement d'un projet de 9 ans

Autorisé à circuler chez nos voisins depuis 2018, le train à hydrogène d’Alstom n’a vraiment transporté ses premiers passagers qu’à l’été 2022. L’aboutissement d’un projet industriel de 9 ans destiné à moderniser un modèle de train régional déjà en circulation sur les rails allemands et autrichiens. Disponible dans une configuration avec deux voitures, il peut également être développé dans une version plus grande de 3 caisses, et bientôt peut-être en modèle réduit d’une seule caisse pour des petites lignes. Son autonomie est de 700-800km. Il a même réalisé une journée à 1 150km lors d’un test de résistance.

Techniquement, les réservoirs sont situées sur le toit et les batteries sous le train. Celles-ci sont alimentées en direct pendant le trajet. Et à l’arrivée l’eau produite sur le parcours est relâchée (c’est un peu bruyant, mais pas plus que le moteur d’un train diesel ou la motrice d’un TGV qui refroidit). Après la Touraine, la rame sera découpée en deux puis embarquée sur un bateau pour des tests similaires au Canada, pays où les lignes électrifiées ce n’est pas ça du tout. Une preuve que le procédé intéresse un peu partout.

L'enthousiasme des élus

« L’objectif, c’est de l’avoir » a plaide le maire de Loches qui veut booster sa liaison ferroviaire vers Tours. Être passé de 2 allers-retours quotidiens à 6 c’est bien mais ça ne lui suffit pas. « Nous avons besoin de ce raccordement à la Métropole car nous avons 8 500 personnes qui sortent du Lochois chaque jour, pour seulement 4 000 entrants. Nous devons donc passer un cap (pour décarboner ces trajets, essentiellement réalisés pour le travail). » Le président du Conseil Régional est d’accord. François Bonneau parle du « train de demain » ou encore d’un « nouvel horizon » qui pourrait s’articuler autour d’une filière régionale de production d’hydrogène en cours de création à Sorigny, Blois ou Vendôme.

Mais alors à quand des trains à hydrogène avec des passagers en Centre-Val de Loire, et en particulier de Tours à Loches ? Il a fallu relancer François Bonneau sur le sujet. Après une longue réponse pleine de langue de bois, l’élu a fini par concéder que c’était plutôt sur un horizon de 5 ans. Notre région ne sera donc pas la première à utiliser l’hydrogène comme technologie pour des trains, Alstom adaptant en ce moment des modèles Régiolis pour qu’ils soient capables de circuler en version électrique sur des lignes avec caténaires et via l’hydrogène au lieu du diesel sur les portions de leurs trajets pas encore électrifiés. La mise en service est prévue pour 2025.

Chez nous, il faudra attendre un appel d’offres. Puis la production des rames. Interrogé, François Bonneau n’a pas dit quand il se lancerait dans cette aventure à plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de millions d’euros. On sait juste qu’il a eu un temps de négociations à Loches avec le président d’Alstom. Et qu’il espère sortir totalement du diesel ferroviaire à l’horizon 2035. L’ambition serait également de prolonger la ligne Tours-Loches jusqu’à Châteauroux. Il en a été question dans les discours, au moins jusqu’à Buzançais dans un premier temps, et au moins pour le fret. Mais ça encore, cela nécessite de trouver de très grosses sommes. Sachant qu’il y a aussi le projet de développement de RER tourangeau, on se demande s’il ne faudra pas finir par établir un calendrier de priorités…

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