Tours : une ville « vélo friendly » ?

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A l’occasion de La fête du vélo qui se déroulera samedi 02 juin sur la place Anatole France, intéressons nous à la place de la bicyclette à Tours.

Des utilisateurs de plus en plus nombreux

Les cyclistes sont de retour. Avec les beaux jours, nombreux sont ceux en effet à ressortir leurs vélos du garage où ils les avaient remisés pendant l’hiver. Il faut dire qu’il est agréable le printemps revenu de se déplacer à deux roues et de sentir l’air encore frais venir caresser la peau.

Que ce soit pour cette notion de plaisir liée aux beaux jours et à une pratique occasionnelle ou dans le cadre d’une pratique plus régulière, les Tourangeaux sont plutôt des cyclistes convaincus. Selon l’INSEE, 7% d’entre-nous utilisent même le vélo pour ses déplacements quotidiens, faisant ainsi de Tours, la 5e ville de France en terme d’utilisation du vélo pour les déplacements pendulaires.

Tours, une ville cyclable donc ? Tout porte à le croire et cela n’a d’ailleurs pas échappé au groupe Vinci qui y a installé son offre de vélos en libre service « Indigo Weels  » en début d’année. Tours était alors la deuxième ville de France après Metz où la société s’installait. Un service rapidement plébiscité par une partie de la population (Indigo compte 3500 abonnés sur Tours en seulement 4 mois) pour sa simplicité d’utilisation (les vélos sont sans bornes et déblocables avec un smartphone) mais aussi pour l’aspect pratique répondant à des besoins de courtes-durées.

La Vélorution serait-elle ainsi en marche ? Les choses évoluent en tout cas et de plus en plus d’habitants franchissent chaque année le cap de laisser les voitures aux garages pour passer aux deux roues. Il faut dire que Tours est une ville à peu près idéale pour cela, plutôt à plat si on excepte les coteaux et pas trop étendue non plus.

Des aménagements à améliorer pour une ville partagée

Si la Loire à Vélo reste la vitrine souvent mise en avant pour saluer la place de la petite reine dans les aménagements urbains, cet itinéraire aussi agréable soit-il entre avant tout dans une logique touristique et reste peu adapté par son circuit aux déplacements du quotidien. Qu’en est-il du reste dès lors ? Si on peut légitimement saluer des avancées ces dernières années avec différentes mesures comme la généralisation des zones 30 (hors grands axes) et des double-sens cyclables, il n’en reste pas moins que les aménagements restent largement insuffisants pour une circulation confortable et sécurisée.

Revoir notre article paru l’an dernier : Le vélo, la mobilité tourangelle de demain

Pour s’en rendre compte, rien de mieux que de faire l’expérience soi-même. Le franchissement des artères principales se révèle notamment particulièrement délicat et oblige à des détours peu pratiques dans certains cas. Quand aux petites rues plus étroites, les aménagements réalisés n’empêchent pas un sentiment d’insécurité relative, avec de nombreux automobilistes ne se privant pas de doubler en étant proches des cyclistes.

Le baromètre des villes cyclables sorti en début d’année après une grande enquête réalisée en 2017 avait d’ailleurs pointé plusieurs points noirs pour la ville de Tours. Si la ville s’en sortait avec une note jugée moyennement favorable (3,22 sur 6), l’insécurité aux intersections ou le stationnement des automobiles sur les itinéraires cyclables y étaient fortement critiqués. La France a perdu la culture du vélo expliquait encore récemment François Héran, économiste chercheur en aménagement et urbanisme à Lille. C’est certainement par là qu’il faudra travailler en priorité, car les habitudes sont parfois longues à changer et le sens du partage pas toujours inné.

Une meilleure prise en compte dans les projets de demain ?

Parmi les grandes opérations d’urbanisme récentes, les associations de cyclistes ne manquent pas de pointer certains ratés également avec en exemples phares la rue Nationale officiellement interdite aux cyclistes si ce n’est au pas sur les trottoirs, l’avenue Maginot et sa bande cyclable parasitée par des poteaux installés en son milieu ou encore la passerelle Fournier, que les adeptes du vélo jugent sous calibrée et peu adaptée aux usages futurs et notamment l’essor des vélos-cargos.

C’est pour éviter de telles erreurs que les accros aux vélos poussent aujourd’hui à une meilleure prise en compte des aménagements cyclables dans les futurs projets. Le plus emblématique, celui de la deuxième ligne de tramway, attire tous les regards. La construction d’une ligne de tramway étant l’occasion de repenser son environnement urbain (direct ou non puisque cela entraîne la mise en place d’un nouveau schéma de circulations), les associations de cyclistes font entendre leurs voix. Trois d’entre elles ont ainsi signé un communiqué commun réclamant l’implantation systématique d’aménagements cyclables lors de toute réalisation ou rénovation de voie urbaine mais aussi que ceux-ci ne soient pas « planifiés a minima (dans le but de respecter les textes de lois), coincés entre deux voies motorisées, ou partagés avec la circulation piétonne ».

L’enjeu est connu, des aménagements sécurisés avec des voies séparées des autres modes de transports est un argument incitatif à la pratique du vélo et dans ce sens, les associations espèrent que le projet de 2e ligne de tramway sera plus ambitieux que pour la première, avec à la clé une véritable avancée pour les cyclistes tourangeaux dans le cadre d’un schéma de déplacement multimodal.

Pour l’heure,dans le projet 5 ouvrages d’art spécifiques sont prévus afin de créer des passages doux sur les obstacles naturels comme la Loire ou le Cher. Mais si certains vont répondre à des revendications anciennes comme au niveau du pont de Saint-Cosme où l’absence aujourd’hui de voie cyclable oblige à un détour important pour passer d’une rive à l’autre, pour le Collectif Cycliste 37, le reste du projet se révèle être « très léger » : « Rien n’est précisé au sujet des aménagements cyclables qui seront réalisés sur le tracé du tramway ou la continuité cyclable entre le réseau actuel et ces futures passerelles. » note ainsi le collectif.

Rappelons que dans son Plan de déplacement urbain, la Métropole s’est fixée l’objectif d’atteindre 9% de déplacements quotidiens à vélo à l’horizon 2023. Un objectif qui ne sera atteignable qu’avec une politique ambitieuse.

Des aménagements qui pourraient servir également un autre volet de la politique de la Métropole : celle de devenir une destination attractive pour le cyclo-tourisme. Une pratique qui ne cesse elle aussi de séduire de plus en plus d’adeptes sur lesquels les élus en recherche permanente de rayonnement ont forcément un regard bienveillant également.

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