Tours Métropole : un budget en hausse… mais avec quelles capacités réelles ?

Facebook
Twitter
Email

Mardi 4 avril, les représentants des 22 communes de Tours Métropole étaient invités à discuter du budget 2023 de l’agglomération. Préparé avant le remaniement de la gouvernance voyant l’entrée d’élus de gauche dans l’exécutif, le document a été adopté à une très large majorité. Cela n’empêche pas les doutes et les questions sur la capacité réelle de la collectivité à être un acteur moteur du développement tourangeau.

498 millions d’€ : voilà l’enveloppe totale du budget 2023 de Tours Métropole. « On s’approche des 500 millions et c’est 18 millions de plus qu’en 2022 » commente le vice-président aux finances Christian Gatard (maire de Chambray-lès-Tours). De fait, la hausse des rémunérations des agents ou l’inflation contraignent l’agglomération à gonfler ses dépenses. Selon l’équipe dirigeante, cela devrait pouvoir se faire sans augmentation de la dette grâce, notamment, à une progression des recettes fiscales qui devrait atteindre 3,3%, désormais bien au-dessus des 150 millions d’€. Le tout, sans hausse des taux de fiscalité métropolitains. Un levier qui aurait été difficile à activer dans le contexte social actuel.

La situation financière de la collectivité n’inspire donc pas d’inquiétude particulière. Elle reste néanmoins limitée, ne lui permettant pas de grosses marges de manœuvre. Clairement, Tours Métropole réserve l’artillerie lourde pour le jour où elle débloquera vraiment le projet de seconde ligne de tramway (chiffré à 570 millions d’€ aux dernières nouvelles). En attendant, la majorité des investissements se dirigent vers des projets que l’on peut qualifier de « courants » (voirie, gestion des déchets, aménagement des espaces verts, travaux sur les équipements sportifs…). 12 millions d’€ sont tout de même fléchés sur le déplacement des réseaux souterrains passant sous l’emplacement des futurs rails de la ligne B.

Plus de 100 millions d’investissements prévus

C’est donc un budget « prudent » pour ne pas dire « frileux » qui a été présenté, selon l’analyse de l’élu socialiste de Tours Jean-Patrick Gille. Le président Frédéric Augis ne lui a pas complètement donné tort, se disant un peu « sous perfusion » d’aides extérieures (Etat, Union Européenne) pour aller plus loin, mais souhaitant tout de même marquer la détermination de son équipe, d’où le dévoilement d’une enveloppe d’investissements prévisionnel au-dessus des 100 millions d’€, comme en 2022.

Si le chiffre est élevé, « ambitieux » selon le vice-président aux finances, on sait déjà qu’il ne sera pas atteint. D’abord parce que l’objectif des 100 millions d’€ avait déjà été affiché en 2022 pour un final réalisé d’environ 60 millions. Ensuite parce que Christian Gatard l’a reconnu lui-même : « Jusqu’à 83 millions d’€ on n’aura pas besoin d’augmenter la dette. » Comprenez : si on arrive à ça, on pourra s’estimer heureux. Et de se comparer aux autres métropoles et communautés urbaines de France qui présentent un taux de réalisation d’investissements moyen inférieur à celui de l’agglo tourangelle… Une statistique immédiatement balayée par certains élus qui préféreraient que l’on communique sur le montant investi par habitant, pour le coup inférieur à ce qui se fait à Orléans ou Angers, structures de taille comparables.

Seulement 2 votes contre sur 87 élus

« Je note votre optimisme et le signe de certaines avancées » a commenté l’écologiste de Tours Christophe Dupin à propos de ce budget. D’ailleurs, une grande partie d’élus de la majorité de la ville centre ont soutenu le document alors qu’ils avaient choisi l’abstention en 2022. Il y a tout de même eu des voix dissonantes (abstention des adjointes au maire Betsabée Haas, Marie Quinton ou Annaelle Schaeller et surtout vote contre de Christine Blet, principalement pour dénoncer le soutien toujours massif à l’aéroport).

Mais en face, même des membres du conseil ayant émis des critiques ont validé l’enveloppe. C’est le cas de Benoist Pierre. Récemment exfiltré de son poste de vice-président aux déchets, le centriste a critiqué le manque d’énergie mis à chercher des subventions : « C’est bien dommage voire regrettable »… avant de voter pour le budget. Il table sur une progression des sommes consacrées au Fonds Vert, c’est-à-dire aux projets liés à la transition écologique. 5 millions d’€ sont prévus, soit 17€ par habitant sur l’année, en hausse très sensible. Une impulsion qui sera scrutée de près, comme l’a noté l’écologiste de Tours Christophe Boulanger (lui aussi soutien du budget) : « Si le territoire n’impulse pas, il ne se passera pas grand-chose sur ce mandat. »

Si l’on excepte le maire de La Riche qui semble rester en marge de l’assemblée (et vote contre le budget sans prendre la parole pour dire pourquoi, même si l’on suppose bien que c’est lié à sa mise à l’écart de la gouvernance), on se trouve donc avec une métropole avançant globalement dans un climat de concorde mais qui cherche toujours sa réelle dynamique d’impulsion. En tout cas celle qui traduira les mots en réalisations visibles de façon tangibles pour le grand public.

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter