[Tourangelle en vadrouille] Le Guatemala vu par Emilie

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Régulièrement nous ouvrons nos pages à des Tourangeaux qui quittent leur ville pour diverses pérégrinations aux quatre coins de la France ou de la planète. Cette fois-ci c’est Emilie qui nous parle du Guatemala.

Sept ans après ma dernière visite au Guatemala, il y a bien sûr eu l’invasion du smartphone, l’amélioration de l’état des routes, et des touristes de plus en plus présents Mais en janvier dernier, j’ai constaté que beaucoup de choses n’ont pas changé : la langue espagnole est toujours aussi chantante, et les costumes traditionnels tiennent bon face au style occidental. Même après y avoir vécu quelques années et l’avoir visité à plusieurs reprises, ce pays aux multiples paradoxes continue de me surprendre.

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Tenez, par exemple, on pense souvent que le Guatemala c’est la plage. Alors que ce n’est franchement pas son fort, même si le territoire est bordé par l’Atlantique à l’Est, et le Pacifique à l’Ouest. Vous trouverez là d’immenses plages de sable noir, où l’on se brûle facilement les pieds sous le soleil des tropiques. Rien de tel pour avoir l’air d’un pélican boiteux sous cocaïne lorsqu’on tente d’atteindre l’océan sans ses tongs.

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Non, ce qui fascine au Guatemala, c’est qu’en pensant confirmer que la Terre est plate, on s’aventure en réalité sur l’un des territoires les plus montagneux de la région, avec en bonus une trentaine de volcans. Certains sont encore en activité, et le champion Tajamulco culmine à 4220m d’altitude sur les hauts plateaux de l’Ouest. C’est simple : au Guatemala, où que tu sois, un volcan veille sur toi !

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Ces grands frères capricieux ont bien sûr bouleversé parfois la vie du pays, tout comme les séismes assez fréquents. La très touristique ville d’Antigua en garde les stigmates : le tremblement de terre de 1773 a détruit de nombreux bâtiments, restés en l’état. Ces ruines sont aujourd’hui des appâts à touristes, qui donnent son charme à la cité d’architecture coloniale. Et si la plupart des touristes évitent Ciudad de Guatemala, pour poser leurs valises directement ici, c’est aussi parce que la capitale actuelle est réputée la plus dangereuse d’Amérique Centrale. Même si la palme revient en réalité aux capitales du Honduras et du Salvador, on compte en effet plus de cinquante homicides pour 100.000 habitants à « Guate », comme on l’appelle ici.

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Cela n’empêche pas d’y retrouver ce qui fait le charme du pays tout entier. Vous entendez ce tintement au loin ? C’est le marchand de glace ambulant, qui promène sa carriole dans les rues, à l’affut des gourmands, tandis que les brouettes des vendeurs de cacahuètes, noix de cajou et autres macadamia font eux aussi rouler des yeux aux amateurs de friandises. Attention cependant : sur la place centrale de la capitale, le vieil homme dans sa petite cahute vend des graines… pour pigeons !

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Aux abords de l’église de la Merced, comme dans de nombreuses villes, on peut manger dans la rue. Estomac solide et curiosité culinaire hautement recommandés. Une tortilla de farine de maïs accompagnera n’importe quel plat en Amérique Centrale : une soupe, une purée de haricots noirs (le fameux frijol), du poulet grillé et son riz… Quand elle ne constitue pas tout simplement la base de votre déjeuner sous forme de tostada recouverte de guacamole ou de sauce tomate, avec oignons, miettes de poulet ou de bœuf, herbes aromatiques, j’en passe et des meilleures…

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Mais le Guatemala n’échappe pas à la malbouffe. Non seulement vous trouverez un McDo ou un BurgerKing dans les grandes villes, mais le moindre village compte aussi sa tienda, sa petite épicerie où la quantité astronomique de chips et crackers de toutes sortes ferait pâlir d’envie Belin et Benenuts réunis.

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Pour s’éloigner d’Antigua, on embarque volontiers à bord d’une camioneta ou chicken-bus. Les couleurs chatoyantes de ces anciens bus scolaires nord-américains attirent le regard, et le gros crucifix souvent placé à l’intérieur au-dessus du pare-brise peut prêter à sourire… au début seulement ! Les plus athées des voyageurs qui délaissent les minibus touristiques pour tenter l’aventure camioneta se surprennent parfois à tenter un petit ave maria dans les courbes prises à toute allure, les dépassements sans visibilité et les freinages à suspens !

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Toutes les villes et villages n’ont pas le lustre d’Antigua, où le classement à l’Unesco et le business touristique poussent à entretenir les bâtiments coloniaux. Quelques kilomètres plus loin ou dans les autres départements, changement d’ambiance : la jungle des câbles électriques peuple les airs, les murs en parpaing voisinent avec les parois de tôle, dans des rues encore décorées pour la fin d’année.

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Le 1er janvier au matin, les restes de la fête jonchent les rues. Les coquilles vides de pétards et feux d’artifices de toutes tailles témoignent des festivités de la veille, toujours marquées par le bruit et la fureur de ces explosions colorées qui marquent le changement d’année.

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D’autres célébrations rythment l’année guatémaltèque, et la Semaine Sainte en fait bien sûr partie, dans ce pays de tradition catholique. Mais avant les défilés rassemblant des milliers de personnes dans les rues, les chars représentant la Passion du Christ patientent derrière un grillage… Des fois que les légionnaires et les Saints auraient envie de s’échapper, on ne sait jamais.

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Ces siècles de tradition catholique n’ont cependant pas réussi à effacer l’héritage des cultures mayas millénaires. Bien sûr, il y a les ruines comme Tikal, l’une des plus majestueuses cités mayas mises à jour dans la jungle du Petén.

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Mais la culture maya se conjugue aussi et surtout au présent ! Au-delà des masques et autres tissus bariolés vendus aux touristes, le monde maya vit, notamment grâce aux femmes qui continuent de porter leurs guipiles, des habits traditionnels dont les couleurs correspondent normalement à leur village d’origine.

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En poussant la curiosité un peu plus loin, on peut même s’aventurer dans les lieux de cultes à Maximón. Cet homme au chapeau est installé sur sa chaise de bois dans plusieurs églises et lieux de cultes des hauts plateaux guatémaltèques. On ne dirait pas comme ça, mais il est parent du Saint-Simon chrétien. Au contact du monde maya et pour tenter de ramener les brebis égarées vers le troupeau de la foi, l’église s’est adaptée et la divinité a pris sa place au panthéon local.

Dans le village de San Andrés Itzapa, une église lui est consacrée. A l’intérieur, on fait la queue pour aller quémander l’aide du saint, et à l’extérieur c’est en famille qu’on vient lui brûler des offrandes pour voir ses vœux se réaliser. Les plaques de remerciements recouvrent entièrement les parois, témoignant des miracles accomplis : l’achat d’une voiture, la guérison d’un proche, le succès d’une traversée périlleuse vers les Etats-Unis…

Et pourquoi pas un prochain voyage au Guatemala ? Car ce que vous voyez là n’est qu’un mince aperçu de ce qu’on découvre une fois là-bas.

Emilie M.

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