Touraine : terre de pépites sportives

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Elles ont entre 12 et 16 ans et un rêve en commun : devenir sportives de haut niveau. Une ambition qui peut s’avérer difficile tant les places sont chères mais pour laquelle elles sont prêtes à se battre. Kaylia Nemour, Elena Colas et Marie Kolvinter évoquent leur quotidien d’adolescentes, pas toujours comme les autres. 

Jeunes mais déjà bien déterminées à poursuivre leur rêve, Marie Kolvinter s’imagine fouler les plus grands courts de la planète, quand Kaylia Nemour et Elena Colas se voient concourir dans les gymnases du monde entier. Et si les places pour atteindre le haut niveau sont chères, ces sportives sont prêtes à tout mettre en œuvre pour atteindre leurs objectifs.

Au club d’Avoine-Beaumont gymnastique, dénicher des pépites est presque devenu une habitude. Carolann Héduit a participé aux Jeux Olympiques de Tokyo, en 2021, Léa Franceries et Maëva Guéry font actuellement partie des meilleures gymnastes françaises… Stéphanie Nemour, la présidente, tente d’expliquer ces succès : « Nous avons des entraîneurs qui travaillent en équipe. Ils s’adaptent, orientent leur travail de manière à mettre en avant les qualités de chaque gymnaste, car elles sont toutes différentes. Il s’agit aussi d’avoir une organisation structurée et adaptée au haut niveau, de créer le meilleur environnement possible pour accompagner au mieux nos sportives. » L’association collabore par ailleurs avec les établissements scolaires, les élus et les parents et propose un suivi médical, avec la venue d’un kiné deux fois par semaine. 

Le club forme deux nouvelles pépites, avec des ambitions bien précises, annoncées par l’entraîneur Marc Chirilcenco : une qualification pour les Jeux de Paris 2024 pour Kaylia Nemour et pour ceux de Los Angeles, en 2028, pour Elena Colas.

« Ça peut être dur »

À 16 ans, la première a déjà pris part à plusieurs compétitions élite. Elle a commencé la gymnastique douze ans plus tôt. Elle n’a pas tout de suite eu conscience de son talent et ce n’est que quelques années plus tard qu’elle se rend compte qu’elle veut être sportive de haut niveau. Son objectif ? « Participer aux grandes compétitions, aux championnats du monde, aux Jeux Olympiques. » Pour l’atteindre, Kaylia Nemour s’entraîne 32 h par semaine, deux fois par jour. « Ça peut être dur à des moments. Je suis parfois fatiguée physiquement et mentalement mais il faut garder l’objectif en tête. Cela me motive quand je suis fatiguée », reconnaît-elle.

La gymnaste, qui concourt désormais sous les couleurs de l’Algérie suite à un conflit entre son club et la Fédération française de gymnastique, peut également compter sur le soutien de ses parents. « Il y a parfois des doutes car le sport de haut niveau implique des sacrifices et demande beaucoup de travail mais nous essayons de l’accompagner au mieux car c’est ce qu’elle veut. Nous sommes là pour être à l’écoute de notre fille, la réconforter dans les moments difficiles et l’encourager », assure Stéphanie Nemour, sa maman « fière et admirative ». Elle considère que les familles doivent aussi veiller à l’équilibre, au bien-être physique et moral et à la scolarité des enfants.

Kaylia Nemour suit des cours par correspondance avec le Centre national d’enseignement à distance (Cned). Son emploi du temps est aménagé et ses journées réglées comme du papier à musique. « Je vais à la gym le matin, j’ai ensuite mes cours, je mange, j’étudie de nouveau, je me repose puis je retourne à la gym », détaille l’élève en 1re. Mais la lycéenne a déjà un plan pour l’après gymnastique : devenir pâtissière. Une passion qui lui vient de son grand-père et qui lui permet de décompresser. Pour se vider la tête, elle aime aussi passer du temps avec ses amis. Une adolescence à 1 000 à l’heure qui ne semble pas la déranger. « J’ai des objectifs et j’aime mon train de vie finalement. » 

(c) Michel Le Photographe

« Envie de faire comme elles »

Elena Colas, elle, a débuté la gymnastique dès son plus jeune âge. Du haut de ses 12 ans, la jeune sportive se montre déjà très ambitieuse. « J’aimerais être professionnelle. Comme tout le monde, j’ai envie d’aller aux Jeux Olympiques. Avant tout cela, j’espère participer aux championnats du monde et d’Europe », résume-t-elle. Elle se rend deux fois par jour au gymnase de Beaumont-en-Véron, pour 30 h d’entraînement hebdomadaires. Elle s’inspire des autres gymnastes avoinaises. « Carolann, Kaylia… Je les vois et ça me donne envie de faire comme elles. » Elle prend également exemple sur les gymnastes russes qu’elle apprécie pour « leur élégance et leurs acrobaties ».

La collégienne, élève en 5e, possède elle aussi un emploi du temps aménagé pour pouvoir s’entraîner. Elena Colas a conscience que son quotidien ne ressemble pas à celui des filles de son âge. « Je sens que je suis différente mais je ne fais pas que du sport donc ça va. J’arrive à voir mes copines et j’aime bien faire la cuisine », indique-t-elle. Sur le plan sportif, la gymnaste se concentre, cette saison, sur le Top 12 et vise les podiums aux championnats de France. Elle espère par ailleurs réaliser quelques compétitions avec l’équipe nationale.

« J’ai dit à mes parents que je voulais jouer là »

À environ 80 km de là, une autre pépite a été découverte. Au tennis cette fois. Désormais licenciée de l’ATG Tours, Marie Kolvinter a été formée à l’ACA tennis Amboise club, où elle a commencé à taper la balle à l’âge de 5 ans. Si elle a débuté la compétition il y a trois ans seulement, la future championne de 13 ans sait qu’elle veut être joueuse professionnelle depuis bien plus longtemps. « Je suis allée à Roland-Garros il y a quelques années et j’ai dit à mes parents que je voulais jouer là plus tard », raconte-t-elle. C’est un match de Roger Federer, son idole, qui a tout déclenché. « Nous avons pensé que c’était une lubie car ce tournoi fait rêver mais non », complète Frédéric Kolvinter, son papa. 

Les parents de Marie Kolvinter accompagnent leur fille dans son projet. « Nous mettons tout en œuvre pour que tout se passe bien. Nous avons préféré presque tout individualiser pour lui donner le plus de chances possible », explique l’ancien président du club amboisien. La jeune joueuse s’entraîne ainsi 24 h par semaine entre le centre régional d’entraînement de la ligue Centre-Val de Loire et les clubs d’Amboise et de Tours. Elle alterne entre tennis et préparation physique. « Je fais de l’aérobie, du renforcement musculaire, de la musculation avec poids léger, de la vitesse… » Elle est également suivie par un diététicien, deux médecins du sport, un kiné et un préparateur mental. « Nous travaillons les routines, la gestion des émotions et du stress, comment rester dans sa bulle… Cela m’a aidé à franchir des caps. » 

Elle sait que la réussite de sa scolarité est aussi importante. Et son père le rappelle : « Elle a son rêve mais j’ai des plans B, C, D pour qu’elle puisse évoluer par la suite car, même si elle devient numéro 1 mondiale, il y aura trente ans à occuper derrière. » Élève en 4e, elle suit des cours par correspondance avec le Cned mais n’a, pour le moment, aucune idée de ce qu’elle aimerait faire dans « sa deuxième vie ».

(c) Enguix Le Chambon

Des moments de détente essentiels

Championne régionale et dans les quinze meilleures Françaises de sa catégorie (née en 2009), Marie Kolvinter est classée 3/6. Elle espère monter 2/6 rapidement, puis ambitionne de fouler la terre battue de Roland-Garros, de passer professionnelle d’ici quelques années et de jouer les plus grands tournois. Pour le moment, elle évolue sur deux circuits : les tournois de tennis Europe et le circuit national des grands tournois (CNGT). Elle participe également au championnat par équipe, avec l’ATG Tours. Un programme bien chargé qui ne l’empêche pas de profiter de son adolescence. « Je dois parfois faire des sacrifices mais je vois toujours mes amis les plus proches, donc je le vis bien. J’aime bien aussi aller au golf avec mon frère et jouer aux jeux-vidéos lorsque j’ai le temps. Cela me permet de penser à autre chose. » Frédéric Kolvinter estime que ces moments de détente sont essentiels, pour garder l’envie et le plaisir de jouer notamment. « L’idée est qu’elle soit bien dans sa peau et qu’elle puisse sortir quand elle en ressent le besoin. C’est important car il s’agit d’un projet individuel et, si elle ne le fait pas, elle risque de se renfermer. »

Et peu importe ce que l’avenir lui réserve, Marie Kolvinter pourra compter sur le soutien sans faille de sa famille. Son papa l’assure : « Elle pourrait faire n’importe quoi, je serais fier. Ce qui m’intéresse, c’est qu’elle soit heureuse. Je la laisse vivre son rêve. Si on se donne les moyens, on peut y arriver. Elle doit essayer pour ne pas avoir de regret. »

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