Quand les Dieux sabotent la démocratie au Théâtre Olympia

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Le jour où les femmes ont perdu le droit de vote : c’est le nom de la pièce présentée jusqu’au 27 octobre au Centre Dramatique National de Tours, un texte court qui convoque la mythologie, la politique, le féminisme, la jeunesse et l’amour.

Les pièces de théâtre où le public est sur scène avec les acteurs ne sont pas si fréquentes. C’est pourtant le cas pour Le jour où les femmes ont perdu le droit de vote accueillie au Théâtre Olympia de Tours après une vingtaine de représentations dans une quinzaine de collèges d’Indre-et-Loire (Bergson à St Cyr, Lamartine à Tours, Ronsard à Bourgueil…). Ecrite par Kevin Keiss, mise en scène par Didier Girauldon, l’œuvre a été pensée pour les jeunes et se voit d’ailleurs interprétée par les comédiens du programme Jeune Théâtre en Région Centre (l’énergique Alyssia Derly, le fougueux Antony Jeanne mais aussi Blanche Adilon, Charlotte Ngandeu Pougom et Mikaël Grede).

Si les spectatrices et spectateurs sont ainsi installés en arc-de-cercle, c’est pour figurer une agora. On se transporte alors dans une Grèce antique fantasmée (Beyonce ne chantait pas à cette époque). Au centre d’une place publique, deux jeunes gens découvrent la citoyenneté et les divinités sur fond de danse de la pluie et de jeux de séduction. Amoureux mais tourmentés, Aglaé et Andréa vivent dans une ville sans nom mais pas sans singularité : ici on vote pour décider de tout, par exemple de la nécessité ou non de travailler la nuit pour échapper à une chaleur écrasante. « On ne peut pas tout avoir » lance d’ailleurs l’un des personnages à ce moment précis, comme pour souligner que le chemin qui mène à l’intérêt général est loin d’être rectiligne et dénué d’obstacles.

La cité expérimente la démocratie, et ça intrigue les Dieux : qui sont ces gens qui ne semblent pas s’en remettre à eux pour décider de leur avenir ? Sont-ils décérébrés ou visionnaires ?

L’éveil de la conscience politique en 55 minutes

De là-haut, Zeus et consorts décident alors d’organiser une sorte de putsch pour que la foule « obéisse » comme elle le fait ailleurs. « Mais elle ne se révolte jamais ? » demande un Dieu, « Si, parfois, mais ça met des siècles » lui est-il répondu. Tout est donc affaire de communication pour faire accepter la domination suprême. Un stratagème rondement mené… Bienveillants et respectueux au premier regard avec une pointe d’excentricité (Hermès qui joue de la guitare électrique, il fallait y penser !), les représentants venus du Ciel sont pourtant diaboliques : ils laissent le soin à l’Assemblée de choisir qui de Poséidon ou d’Athena protègera cette ville au modèle unique. Citoyennes et citoyens doivent trancher en faveur du cheval de Poséidon ou de l’olivier d’Athena… sans savoir qu’ils seront la source d’un dérèglement du monde.

Le jour où les femmes ont perdu le droit de vote est percutante à plusieurs points : elle suscite une réflexion sur la place des femmes dans la société, sur les jeux de pouvoirs, sur le libre-arbitre, la force de persuasion ou la puissance du collectif.

Pouvant paraître pessimiste pour la démocratie, la pièce ouvre pourtant la voie à la réconciliation des peuples, valorise l’émancipation féministe et l’engagement pour les causes délicates mais nécessaires, au risque de sacrifices et de choix cornéliens. Au cours de cette nuit debout, perturbés par les Dieux, Aglaé et Andréa éveillent leur conscience politique, forgent leur libre-arbitre, découvrent la frustration, l’échec et l’Amour en même temps. Tout un programme. Toute une Histoire.

Photos : Marie Pétry


Un degré en plus :

Le jour où les femmes ont perdu le droit de vote, ce mercredi et ce jeudi à 15h et 19h (rencontre avec l’équipe jeudi soir), vendredi à 15h et 20h, samedi à 17h. Représentations proposées dans le cadre du festival Sortez vos Parents.

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