Pierre et le loup : l’éveil des sens

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Pierre et le loup est intemporel. On se souvient tous du fameux thème joué par les violons et du pauvre canard avalé par le loup. Une œuvre qui apprend aux enfants à reconnaître le son des instruments et se familiariser avec la musique. Deux jours, huit séances : l’opéra de Tours a accueilli des classes du département pour leur présenter ce conte musical.

Une fois n’est pas coutume, pas de tête grisonnante dans les sièges de l’opéra de Tours mais des petites bouilles très enthousiastes. Ce matin-là, quelques écoles de Touraine sont venues assister à la représentation de Pierre et le loup. Les enfants sont fascinés et chantonnent le thème. On en voit même certains se dandiner. Loin d’être passifs, ils vivent le spectacle et n’hésitent pas à répondre au conteur. On entend des « oh » et des « ah » passionnés à chaque coup de mâchoire du loup. Rien de mieux que cette œuvre pour les amener vers la musique classique. « Il y a un personnage qui est associé à un instrument et à un thème explique Guillaume, un des musiciens. C’est un conte, l’histoire est simple. Des animaux qui parlent, ça plait beaucoup. Pierre et le loup, ça marchera toujours avec les enfants. »

Avant d’aller voir un spectacle, les élèves sont préparés par leur prof. Ils ont étudié le morceau et le jour J, ils le connaissent sur le bout des doigts. « On ne vit pas des moments comme ça sans travailler l’œuvre avant et après, explique Madame Godon, enseignante à l’école Jean-Moulin de Ballan-Miré. Aujourd’hui quand on leur parle d’une contrebasse et d’un violoncelle, les élèves savent ce que c’est. Ils peuvent les reconnaître à l’oreille. »

De nombreux professeurs des écoles font découvrir l’univers du spectacle vivant à leur classe. Une nécessité pédagogique quand on sait que certains élèves n’y ont pas accès chez eux. Écouter un CD ou aller voir un concert ? Le choix est vite fait. Qu’on soit petit ou grand, l’émotion n’est pas la même et Marc, enseignant dans une petite commune près de Loches l’a bien compris. « On ne peut pas remplacer le spectacle vivant par un écran », explique-t-il. Tous les ans, des musiciens de l’école de musique se rendent dans son établissement pour faire découvrir les instruments aux enfants. « Ils sont vraiment scotchés, certains n’en ont jamais vus en vrai. Ils ont les yeux qui pétillent, la bouche grande ouverte », raconte Marc. Madame Godon, quant-à-elle, souligne l’importance du concret, surtout chez les plus jeunes. « A la maternelle, l’essentiel de l’apprentissage passe par le vécu, par les sens. »

Pourtant, pour permettre aux enfants de voir ces spectacles, c’est parfois la croix et la bannière. Le nerfs de la guerre : le temps et l’argent. Et les écoles en manquent. « On est coincé par plein de contraintes extérieures » déplore Mme Godon. Les programmes sont chargés et les classes sont nombreuses. Dans les zones rurales, s’ajoute le problème de la distance. « Pour aller jusqu’à Tours, il faut compter 400 euros de frais de bus », explique Marc. Les écoles de l’agglomération Tourangelle, elles, n’ont à payer que la billetterie. A Ballan-Miré, les parents d’élèves ont vendu du chocolat pour financer la coopérative scolaire : une solidarité qui permet aux plus jeunes d’aller frissonner au son du cor.

Mais ce n’est pas le cas partout. Ces projets-là dépendent beaucoup du budget des mairies. Certaines organisations comme la Fédération des œuvres laïques (FOL) ou encore la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) donnent parfois aussi un petit coup de pouce.

Le spectacle vivant permet aux enfants de sortir de leur quotidien mais aussi de s’ouvrir au monde qui les entoure. Musique, cinéma, théâtre, opéra… Quoi qu’il arrive, des dizaines de petites mains applaudissent Pierre quand il attrape la queue du loup.

Reportage de Flore Caron et Hugo Checinski

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