« On va implanter des écoles à Tours »

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Michelin, Tupperware, Sandvik… En 5 ans, la Touraine a vécu plusieurs chocs économiques avec de gros plans sociaux dans de grosses entreprises. Parallèlement, des boîtes comme SKF se développent et de nouveaux projets autour des biomédicaments sont prêts à voir le jour pour enrichir le tissu économique du département… et créer des emplois. Un objectif qui passe aussi par le développement de la formation. Alors la Touraine est-elle économiquement en panne ? Quelles sont ses perspectives d’avenir ? Point d’étape avec Thibault Coulon, vice-président (LR) de Tours Métropole en charge des affaires économiques.

Numérique :

« La municipalité précédente n’avait peut-être pas pris conscience de l’importance du phénomène alors qu’Orléans avait pris un temps d’avance. Tours ne peut pas être en dehors de la révolution digitale. On a vu des projets comme Ulule ou Allo Resto (devenu Just Eat, ndlr) quitter la Touraine parce qu’ils n’avaient pas de lieu pour éclore. Il a donc fallu créer un dispositif pour retenir les startups afin de créer de la richesse et de l’emploi. Est-ce que l’agglomération serait devenue Métropole si nous n’avions pas fait Mame ? Pas sûr.

Ces entreprises viennent des pépinières vers la Cité de la Création et de l’Innovation à Mame, et vice-versa. Elles ont vocation à y rester 3-4 ans maximum comme Norsys qui fait aujourd’hui travailler 40 personnes. Avec plusieurs partenaires nous avons mis en place un fonds d’investissement de 21,5 millions d’euros sur dix ans. On dépense cette somme par tranches, par exemple 500 000€ pour la Métropole l’an dernier, 200 000 cette année sur un total de 2 millions. On n’est pas là pour apporter de la trésorerie aux entreprises, c’est pour soutenir de l’investissement. Aujourd’hui, personne ne nie que la Touraine a une place dans l’innovation et l’économie digitale.

Industrie :

« L’industrie représente 10,2% des emplois du territoire métropolitain, 13% en Indre-et-Loire, 15,9% en région, 12,4% en France. On est au-dessus de la moyenne nationale avec des entreprises comme Plastivaloire, SKF ou ST Microelectronics. Pourquoi elles sont encore en Touraine ? Parce qu’elles innovent. 30% des brevets d’SKF viennent d’ici. Pour Tupperware (qui a fermé en début d’année, ndlr) ce n’était qu’un site de production et le centre de décision est aux Etats-Unis, trop éloigné de la Touraine. Nous manquons de relations avec ces sociétés-là.

Concernant Sandvik, c’est clairement un groupe qui a des volontés de délocalisation à l’étranger malgré le centre de recherche avec 31 des 161 emplois dans un bâtiment appartenant à la Métropole et du matériel de recherche de l’Université. Quand le site était en crise en 2005, il y a eu la volonté d’ancrer et pérennisé le site mais Sandvik n’a pas investi ni recruté. A Tours la moyenne d’âge est de 49 ans. Alors quand ils privilégient Orléans présenté comme plus compétitif, c’est un choix biaisé. Ils confondent les causes et les conséquences, et c’est probablement un choix qui remonte à des années. D’ailleurs les délégués du personnel parlent d’une politique de dissimulation. Face à cela, nous élus sommes coincés.

Ce qu’on peut faire ? Aller voir les entreprises pour leur demander de quoi elles ont besoin pour se développer sur le territoire. On leur dit ‘n’attendez pas d’aides directes on ne vous en donnera pas’ mais on peut les accompagner. »

La Touraine, une bonne base ?

« Tours est une des seules villes de France qui gagne des militaires. Il faut mieux vendre l’Indre-et-Loire parce que nous ne sommes pas très bons dans le faire-savoir. Il faut s’exprimer, convaincre. »

Création d’une Maison des Entreprises :

« Il faut rendre plus claires et plus lisibles les possibilités de soutien pour les entreprises. Nous allons donc créer un lien où tous les acteurs seront rassemblés, un accueil unique, probablement aux Deux-Lions, dans des bâtiments de la Métropole. Cela permettra de réduire les délais de procédure. » La date d’ouverture n’a pas été précisée par Thibault Coulon.

Emploi :

« Toutes les entreprises me disent qu’elles ont du mal à recruter. Lors du prochain forum de l’emploi de Tours en juin à l’Hôtel de Ville on va leur demander de se vendre. Qu’elles viennent se présenter pour inverser le rapport avec les demandeurs d’emploi et rendre leurs métiers du bâtiment ou des services à domicile attractifs. Les chômeurs ne connaissent pas toujours ces métiers en tension, il y aura donc des séquences courtes en matinée pour aller à la rencontre des sociétés. Si une entreprise n’arrive pas à recruter, elle doit se poser des questions, se demander pourquoi elle n’est pas attractive. »

Formation :

« L’offre est insuffisante sur le territoire. Il y a un problème en dehors de l’Université (qui est à un bon niveau sur le droit, les lettres ou le paramédical, mais manque de moyens pour se développer). Sur 100 étudiants tourangeaux, 75 sont à la fac contre 55 au niveau national. Il nous manque d’autres écoles en informatique, en design, en ingénierie, en commerce, en management… J’ai contacté un certain nombre d’écoles privées ou semi-publiques : on va implanter des écoles à Tours. Ce n’est pas une décision de court terme mais elles nous trouvent attractifs. C’est le cas de l’ESG récemment arrivée et qui est étonnamment surpris par la qualité de son développement : en un an, elle a fait plus ici qu’à Rennes. Nous avons un bassin pour recruter des étudiants, il faut donc créer d’autres filières à côté de l’Université. Pour l’apprentissage, on a créé la structure Tours Alternance Formation, je voudrais rapprocher le CFA de la ville de Tours (aux Douets) de l’AFPP et de l’Ecole de la Deuxième Chance pour en faire un pôle d’excellence de la formation professionnelle sur le modèle du Campus des Métiers de Joué-lès-Tours qui est une belle réussite. »

Innovation :

« On veut que les entreprises se développent et choisissent la Touraine pour le faire. Ce sera sûrement le sujet du prochain mandat. On peut imaginer un « deuxième Mame » plus centré sur les questions énergétiques, l’intelligence du bâtiment, la révolution des modes de consommation de l’énergie en lien avec le CEA de Monts. Il faut une stratégie plus ambitieuse dans la transition énergétique. On parle d’un Biolab de 2 500m² situé dans le quartier des casernes, près du Bio3 (centre de formation et de recherche sur les biomédicaments, ndlr). On le construirait dans la partie Sud, où il n’y a pas besoin de faire des fouilles archéologiques (le reste du secteur va être examiné pendant un an avant d’y construire plus de 500 logements, ndlr). La préfète, l’Université et le pôle de compétitivité du secteur pharmaceutique soutiennent ce projet car l’avenir du médicament n’est pas chimique mais naturel. Cela pourrait se faire à l’horizon 2023 avec, en attendant, l’ouverture d’un lieu intermédiaire. Nous avons deux pistes d’équipements industriels de l’agglo que l’on peut acheter et rénover pour valider le modèle. Au total on est sur un dossier à 15 millions d’euros avec des équipements lourds et un multi financement. Et ça c’est un projet qui n’existait pas début 2018. »

Propos recueillis par Mathieu Giua et Olivier Collet

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