Nouveau bras de fer autour de l’hébergement d’urgence.

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La question de l’hébergement des sans abris fait régulièrement l’actu, par période de grands froids surtout. Pourtant, à Tours comme ailleurs, cette problématique de société n’est pas seulement un marronnier hivernal et au contraire, une fois les beaux jours revenus, la question devient encore plus épineuse avec la fin de la trêve annuelle, synonyme de réduction des dispositifs d’accueil en Indre-et-Loire. C’est ainsi qu’en ce mois d’avril, les associations qui soutiennent les réfugiés présents dans l’agglomération relancent une mobilisation d’ampleur pour sensibiliser la population et, surtout, mettre les pouvoirs publics face à leurs responsabilités. Une offensive humanitaire et médiatique indispensable pour obtenir des avancées ?

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A l’été 2015, un campement était installé dans le quartier du Sanitas en plein mois d’août. Des tentes avaient été montées entre les immeubles et les voies ferrées pour héberger des migrants à la rue et demander à la ville et à l’État de mobiliser des moyens – voire réquisitionner des logements – pour que ces personnes sans domicile fixe puissent avoir un endroit où passer la nuit, mais aussi vivre la journée. L’initiative militante, portée notamment par l’association Chrétiens Migrants dont les locaux sont situés Allée de Luynes, s’était achevée par une évacuation.

Presque 3 ans plus tard, les difficultés sont toujours les mêmes. Il fait beau et chaud en cette fin avril en Touraine, mais ça ne rend pas la situation beaucoup plus facile quand on n’a pas de toit pour s’abriter le soir. Sauf qu’une fois le printemps arrivé, beaucoup de dispositifs d’hébergement d’urgence ferment leurs portes en Indre-et-Loire. Fini les gymnases en cas de grand froid, fini aussi les chambres d’hôtel… « Le 2 avril, dès la fin de la trêve hivernale, on avait 40 personnes refusées par le 115 pour un hébergement » explique Angelo d’Utopia 56.

Le Bercail : un squat dans un bâtiment du Diocèse

Face à cette problématique, l’association a immédiatement mobilisé son réseau pour trouver des solutions alternatives, des bénévoles acceptant d’héberger du monde… Chrétiens Migrants ou le comité de soutien aux réfugiés de St-Pierre-des-Corps sont aussi entrés dans la boucle… Des bonnes volontés mais qui ne suffisent pas et surtout ne remplacent pas un dispositif pérenne. Afin d’alerter un peu plus et pour parer à des situations d’urgence, le 6 avril, le collectif Résistance 37 (qui regroupe plusieurs associations, de Chrétiens Migrants à Sud Rail en passant par RESF) a trouvé un bâtiment à ouvrir, en l’occurrence des locaux du Diocèse de Tours basés Rue du Clos St Libert, dans le quartier Ste Radegonde.

Depuis ce jour, 30 personnes (dont une moitié de mineurs) sont hébergées sur place comme on vous le raconte sur Info Tours. Sur deux étages et dans le jardin, la vie s’organise : les meubles ont été donnés grâce à une mobilisation sur les réseaux sociaux, les voisins de la grande demeure d’en face apportent de l’eau, il y a aussi des vêtements, des jouets, des livres… Et surtout des bénévoles 24h/24 pour assurer une permanence la nuit comme la journée, « un accueil digne » résument les bénévoles agacés que trop de dispositifs d’hébergement mettent « dehors » les résidents une fois le matin venu, même s’ils restent plusieurs nuits.

En plus des demandeurs d’asile, tous en attente d’une place en CADA selon nos interlocuteurs, le squat de Ste Radegonde – astucieusement baptisé Le Bercail – héberge La Table de Jeanne-Marie, association sans domicile fixe depuis qu’elle ne peut plus distribuer ses repas quotidiens dans son local de Velpeau, et ce malgré des finances lui permettant d’être propriétaire. Ses bénévoles ont donc également trouvé refuge dans la bâtisse paroissiale, amené leurs chaises, fait marcher leur réseau pour fournir de la nourriture… C’est tout un système bien rôdé qui s’est mis en place, organisé pour durer quelques jours, quelques semaines ou quelques mois.

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12 000 logements vides dans l’agglomération tourangelle

« 25 associations et 3 000 bénévoles sont en route pour aider les étrangers en Touraine » souligne Louis Barraud, président de Chrétiens Migrants. « Il faut pas dire que la situation permet le rejet des gens surtout quand on a 40-50 personnes et des milliers de logements vides dans la ville. » Selon les chiffres de l’INSEE, en 2017 ce sont pas moins de 12 000 logements vides qui sont recensés dans l’agglomération tourangelle, soit 7,2% du parc immobilier. Un chiffre qui monte même à 8,6% à Tours.

« Il faut seulement une mise en route des responsables politiques et des acteurs sociaux comme l’État et le département : l’État pour les familles, le département pour les mineurs. Il faut les mettre devant leurs responsabilités mais actuellement ils se renvoient la balle » poursuit le militant associatif faisant référence aux propos du président du Conseil Départemental évoquant le coût de l’accueil des mineurs isolés et demandant une aide de l’État pour leur prise en charge (l’enveloppe engagée par la collectivité est de 11,9 millions d’euros en 2017, en forte hausse).

Des bras de fer avec l’État

Jean-Gérard Paumier, le président du Conseil Départemental, qui dans son bras de fer avec l’État pour obtenir de l’aide de ce dernier, a par ailleurs annoncé vendredi 20 avril, que le service d’accueil des Mineurs Non Accompagnés serait désormais fermé dès lors que les demandes excèderont les capacités de réponses des services. Pas de quoi rassurer les associations…

Voir notre article sur le sujet sur Info Tours

« Ouvrir ce lieu c’est moins illégal que de laisser les gens dans la rue et manger dans les poubelles. Ça c’est intolérable. Si l’État voulait vraiment jouer son rôle il le ferait. C’est un enjeu politique. La réalité c’est qu’il faut que nous vivions ensemble en harmonie, avec générosité et fraternité » poursuit encore Louis Barraud. Alors que le gouvernement étudie en ce moment la très polémique loi Asile et Immigration, le sujet est donc on ne peut plus d’actualité, le débat au centre des préoccupations…

Le Bercail peut devenir un symbole, les militants jouent d’ailleurs sur le fait qu’il s’agit d’un lieu appartenant à l’Église Catholique dont le représentant – le pape – « recommande à tous les citoyens d’accueillir, de protéger et d’intégrer » lit-on devant la porte d’entrée de la grande maison. Le diocèse qui a réagi le week-end dernier, expliquant que le bâtiment doit être vendu mais qu’il est dangereux en l’état… Le collectif Résistance 37 est de son côté en contact avec la Direction Départementale de la Cohésion Sociale. Des échanges mais pas de réelle avancée donc. Comme pour toutes les tentatives de dialogue amorcées ces dernières années.

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