Alors que le mois de mai a été marqué à Tours Métropole par la grève pendant 10 jours des éboueurs, grève stoppée après que ces derniers aient obtenu une augmentation de 120 euros par mois, en compensation de la perte des jours d’ancienneté (suite à une loi de 2019), le sujet est revenu sur le terrain politique lors du Conseil métropolitain.
Les élus de gauche du groupe « Reconstruire ensemble notre Métropole » se sont notamment interrogés sur la méthode qui a conduit à l’augmentation des agents. « On a l’impression que tout ça s’est fait en discrétion, les maires n’ont pas été informés » a commencé l’élu tourangeau Jean-Patrick Gille, rejoint dans ces propos par le maire de Ballan-Miré Thierry Chailloux, celui de Notre Dame d’Oé Patrick Lefrançois ou encore les élues de Tours Marie Quinton et Alice Wanneroy.
Jean-Patrick Gille et Patrick Lefrançois ont notamment exprimé leur inquiétude sur cette « décision assez onéreuse qui a été prise et qui risque de s’imposer aux communes. » En clair, leur crainte est que cette augmentation ait des retombées sur les demandes des agents des communes désormais. Alice Wanneroy a notamment pointé une décision qui « coûte de facto 200 000 euros à la ville de Tours en raison de la mutualisation d’agents avec la Métropole ».
Un coût de 2,3 millions d’euros par an pour Tours Métropole
Pour rappel une loi votée en 2019 a mis fin aux régimes dérogatoires dans la fonction publique. En clair, les agents territoriaux, ne réalisant pas 1607 heures par an, ne peuvent plus bénéficier désormais de congés d’ancienneté comme c’était le cas jusque-là à Tours, Joué-lès-Tours et Tours Métropole. Les trois collectivités avaient d’ailleurs reçu il y a quelques mois une directive de la Préfecture leur réclamant de se mettre aux normes.
C’est ce point qui avait entraîné les agents métropolitains à faire grève. Ces derniers avaient réclamé alors une augmentation de 300 euros mensuels et une prime de 1500 euros à l’année pour contrebalancer la perte de 1 à 5 jours d’ancienneté. « Nous avions prévu une enveloppe initiale de 1,7 millions d’euros, les réclamations initiales des syndicats avaient un coût de 8 millions d’euros par an pour la collectivité » a rappelé Maria Lépine, vice-présidente aux Ressources humaines qui a mené les négociations. Finalement, l’augmentation retenue de 120 euros par mois coûtera 2,3 millions d’euros par an à Tours Métropole.
En revenant sur cette décision, les élus de gauche ont pointé notamment un problème de méthode et une absence de discussions en amont. « Arroser tout le monde de 120 euros comme ça cela n’a aucun sens. Je m’interroge sur le projet, la vision commune de la Métropole » a-t-on encore entendu comme argument, avec la crainte que les coûts supplémentaires générés pour la collectivité, entraînent à terme un passage en délégation de service public (DSP) des services concernés.
« La base s’est rebellée contre les syndicats, il fallait s’entendre pour que le conflit ne s’enlise pas » a rétorqué Maria Lépine, tandis que Frédéric Augis, tout en affirmant son attache au service public évoquait « une triple urgence lors de la grève : salariale, sanitaire et économique », tout en expliquant qu’en raison des exigences de l’Etat, « nous n’avions pas le temps, ni l’occasion de négocier ».