L’option Maroc des Terminale S du lycée Vaucanson

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Depuis bientôt 7 ans, le lycée Vaucanson de Tours mène un projet humanitaire, scientifique et environnemental avec la région de Marrakech, au Maroc. Chaque année, sous l’impulsion des professeurs Emmanuel Thibault et Séverine Letissier, plusieurs élèves se rendent sur le terrain pour aider les populations locales à développer des modes de cuisson ou de distillation plus écologiques et moins onéreux. Baptisé Distilla’Sun, ce programme a été primé à plusieurs reprises, du Salon des Jeunes Inventeurs de Monts au Texas. Rencontre avec l’enseignant et une demi-douzaine d’élèves qui reviennent tout juste du Maghreb…

« C’était la galère pour les cours, mais ça valait le coup » nous dit Baptiste pour résumer sa semaine passée dans le village de Tizi N’Houcheg, sur les hauteurs de l’Atlas, à environ 1h30 de Marrakech. A ses côtés, Célia est aussi très enthousiaste : « on a présenté notre projet à des collégiens pour la Fête de la Science et c’était génial de se replonger dedans » commente-t-elle avec un sourire ému.

Avec Thomas, Maé, Lisa et Emilien, ces deux élèves de Terminale S achèvent à peine un voyage scolaire un peu particulier : « culturellement c’est autre chose que d’aller en Allemagne, ça leur met une claque » résume leur prof Emmanuel Thibault lui-même « toujours surpris de l’accueil chaleureux que l’on nous réserve, ce côté débrouillard que les Marocains ont malgré leurs faibles moyens. C’est une belle leçon pour nos jeunes. »

Un village modèle dans l’Atlas

Pourtant, l’enseignant de physique-chimie a de la bouteille. Distilla’Sun c’est son bébé, développé dès 2012 avec l’ambition de fabriquer et installer des fours solaires au Maroc pour cuire des aliments (semoule, tajine…), distiller de l’eau de rose ou, depuis le dernier séjour, faire des confitures. 4 de ces fours à la parabole recouverte de miroir pour capter les rayons du Soleil sont actuellement en fonction : un à la Fondation Dar Bellarj de Marrakech (partenaire historique de Vaucanson), deux dans une coopérative de femmes qui produit des cosmétiques vendus dans le souk de Marrakech (Beauty Habiba) et le dernier à Tizi N’Oucheg, 600 habitants pour une grosse centaine de maisons.

« C’est un village qui ne vit que de l’agriculture mais qui est très tourné vers le développement durable », explique Emmanuel Thibault, « il a son propre réseau d’assainissement, ses écoles sont réputées et une douzaine de jeunes font des études supérieures. Tizi N’Oucheg est donc vu comme un exemple dans la vallée. » Le lien avec la commune s’est créé en 2016, par une rencontre à la COP22, le grand sommet environnemental annuel organisé à Marrakech, un an après Paris. Distilla’Sun y était, pour donner l’exemple d’un échange réussi (des pièces de théâtre franco-marocaines ont également vu le jour en parallèle des projets environnementaux). Séduit, Rachid Mandili – responsable d’une association locale – a donc invité l’équipe de Vaucanson dans l’Atlas avec l’ambition de réduire la consommation du bois et du gaz utilisés pour produire les 4 000 pots de confiture annuels fabriqués sur place et notamment consommés par les touristes dans les riads de Marrakech.

Des fours à bois pour remplacer les fours à pierre

Distilla’Sun a apporté sa solution, étudiée en cours l’an passé à Tours, puis proposée sur le terrain : le four solaire, pour cuire les confitures de fruits sauvages sans en changer la recette. En cas de temps couvert, les Marocains peuvent par ailleurs utiliser un four à bois économe à double combustion permettant d’économiser jusqu’à 60% de bois remplaçants leurs fours à pierre dangereux (ils sont instables et les enfants peuvent se brûler). Ce dernier outil plus pratique que la grande parabole, est adaptable à chaque famille et il est porté par Vaucanson en partenariat avec l’association locale BISS qui le développe.

« L’idée c’est de brûler le bois jusqu’au bout pour ne pas perdre la chaleur » explique Emmanuel Thibault qui compte retourner sur place avec des jeunes au printemps pour installer un four dans l’ensemble des foyers. Produits au Maroc pour une quinzaine d’euros, ils seront construits à base de tôle et d’argile : « c’est un outil qui doit être accepté par tous les villageois. Avec sa double circulation d’air il devrait permettre d’éviter les rejets de fumées toxiques dans l’enceinte des maisons. A long terme, celles et ceux qui y vivent se retrouvent avec les mêmes poumons qu’un fumeur. »

« Même si c’est un petit geste, cela permet de polluer un peu moins » résume le jeune Emilien pour expliquer la démarche du groupe, « le but c’était de créer quelque chose à la portée de tout le monde » complète Baptiste. « On a été très bien accueillis, sans avoir l’impression de déranger. Les habitants sont venus nous apporter des fruits, on a appris vachement de choses à leur contact, ça nous a sortis de notre monde et c’était vraiment concluant. » confirment Thomas, Maé, Lisa et Célia. Pour eux, ce voyage c’était surtout un passage de la théorie à la pratique « qui s’inscrit complètement dans le contexte actuel » souligne Maé tandis que son prof parie sur un effet « tâche d’huile » dans les villages environnants qui pourraient – à terme – adopter le même procédé. Autant dire que Distilla’Sun a encore beaucoup de travail. Vaucanson cherche donc en permanence des soutiens (subventions, mécénats)… mais aussi des élèves motivés pour poursuivre l’aventure. En Seconde ou en 1ère.

 

Photos : Distilla’Sun

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