Les champions tourangeaux du parachute synchronisé

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Dans un monde où quelques-uns d’entre nous s’offrent un unique baptême de parachutisme pour toute leur vie, certains originaux conçoivent de sauter d’un avion comme un moyen de transport normal. C’est le cas d’Alexandra et Guillaume, deux tourangeaux qui comptent respectivement 6 000 et 9 000 sauts au compteur, et qui sont, encore cette année, champions du monde de voile contact, trophée ramené tout récemment de Russie.

Alexandra et Guillaume sont parachutistes professionnels. La routine, pour ces deux tourangeaux en couple dans les airs comme au sol cela signifie se rendre 15 semaines par an sur l’aérodrome le plus proche, faire un rapide briefing dans un jargon très spécifique, enfiler son parachute (pas d’oubli toléré !), puis prendre les airs pour une montée de 15 minutes, sauter joyeusement de l’avion dès les 2 500 mètres, pour 3 minutes de descente d’un ballet parfaitement synchronisé de “voile contact”. Puis atterrir, plier son parachute…. et repartir ! 

Un ballet à 2 500 mètres d’altitude

La voile contact est une sorte de natation synchronisée en parachute. Discipline à la fois technique et esthétique, lors du saut, on ouvre sa voile immédiatement pour enchaîner 5 figures imposées, tirées au hasard, dans un chrono d’une minute. Le tout avec une précision chirurgicale et une synchronisation digne de l’horlogerie. Par exemple, se poser sur le coin supérieur de la voile du coéquipier, puis au centre, puis sur l’autre côté, et enfin inverser les positions, le tout à une vitesse ahurissante. Un ballet qui réclame des manœuvres très rapides et synchrones à chacun des parachutistes.

Pour arriver à cette dextérité, il faut un entraînement intensif. Chaque année l’équipe fait près de 400 sauts pour être au point, sans compter quelques vols supplémentaires en Arizona, région du monde qui offre des conditions d’entraînement idéales. A chaque fois, leur complice Renaud les accompagne en tant que “vidéoman” filmant leurs exploits aériens. Une mission aussi importante, les compétitions étant jugées sur les vidéos.

“A force d’effort, de répétition, de petits changements, on tend vers la séquence parfaite, la bonne transition, la performance” note Alexandra. Un amour du geste idéal qui a permis au trio d’être champion du monde en Russie fin août. Depuis une douzaine d’années, l’équipe de France a remporté tout ce qu’il était possible de gagner en voile contact. Aux Etats-Unis, en Australie, à Dubaï, ou en Europe. “Le secret, c’est de parfaitement se connaître, d’être en symbiose pour comprendre comment l’autre vole et anticiper ses mouvements » analyse la championne, ”là là haut, on a pas le temps de parler, nos voiles étant très maniables, tout va très vite.”

Extrême mais pas (trop) dangereux 

Une discipline qui reste loin des sports traditionnels, où la vigilance est de mise à chaque instant. Philosophe, Alexandra indique : “En cas d’incident (voile qui s’enroule, parachute mal ouvert, etc.), on a des procédures pour résoudre le problème, et au cas où le parachute de secours. Ouvrir son parachute de secours, cela arrive en moyenne une fois tous les 1 000 sauts. Donc ce n’est pas dangereux si on fait les choses sérieusement, mais il faut faire attention à l’excès de confiance.” Ces aventuriers des airs ne sont pas pour autant des inconscients, ils ont leur limite, pour Alexandra : “Moi c’est le base jump, sauter d’une montagne pourquoi pas, mais sans parachute de secours, ce n’est pas pour moi.” Un monde à part, qu’Alexandra s’efforce de faire découvrir aux jeunes parachutistes pour lesquels il suffit d’un brevet B et de 30 sauts au compteur. Chaque week-end sur un aérodrome, on croirait voir les héros de Point Break. Mais ceux-là ne braquent pas les banques, ils travaillent intensément et vivent chichement de leur passion. “C’est vrai qu’il est quelquefois difficile de discuter avec des personnes qui ont un travail normal” note Alexandra. Une chose est sûre, c’est que la tête dans les airs, ces deux-là ne sont pas près de décrocher demain.

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