Le roman de la rue prend place aux Fontaines

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« On habite ici depuis 4 jours », c’est par cette phrase que Clément Martin et Nicolas Turon, se présentent aux curieux qui passent jardin Ingres dans le quartier des Fontaines. Nous sommes jeudi 03 mai et les deux artistes ont en effet installé ici leur cabane, leur lieu de vie où ils dorment, mangent et vivent simplement, au milieu des immeubles voisins.

Habiter la ville… c’est le thème de la performance urbaine et artistique des deux compères, avec en fil rouge les questions « qu’est-ce que la ville, l’espace commun, la rue, l’habitat…? ». Une initiative née en 2011 à Tours déjà, pendant l’événement « La Ville à l’Etat Gazeux » organisée par le Polau, le Pôle des Arts Urbains. Depuis, Nicolas Turon, Clément Martin ont parcouru l’Europe et le Monde pour le second afin d’aller à la rencontre des populations. D’abord au sein d’un collectif de 4 (avec Laurent Boijeot et Sébastien Renauld), puis en solo ou en duo.

Un projet dans lequel ils sont amenés à faire des rencontres avec les habitants qu’ils veulent les plus simples possibles, sans fioritures. « On refuse d’avoir des postures ou d’arriver avec des discours » explique Nicolas Turon, « nous cherchons simplement des discussions entre voisins ». Avec une cabane en bois, équipée de deux matelas en hauteur et une table posée devant, les deux artistes passent leur journée « à discuter et boire des cafés » nous dit Clément. Des moments d’échanges intenses et forts où par une simplicité déconcertante ils arrivent à créer des discussions parfois intimes avec les habitants des quartiers où ils se posent.

Ce fut le cas encore aux Fontaines où ils se sont installés donc la semaine dernière sur une initiative du Centre Social en préfiguration et avec l’appui toujours du Polau. « Notre démarche est horizontale, le fait de dormir sur place permet de saisir tous les moments d’une journée » et de se plonger donc réellement dans la vie d’un quartier et d’interroger l’espace commun. Ce jeudi après-midi, c’est Didier qui passe plusieurs heures à leurs côtés, autour de la table et d’un melon ramené par l’habitant du quartier. Des heures où chacun parle du quartier, de soi, mais aussi de sa vie… discussion banale pour une scène de voisinage qui pourrait se passer partout ailleurs.

C’est toute la force de ce roman de rue que Nicolas et Clément vivent depuis maintenant six ans, avec à la clé de multiples histoires à raconter. Celles-ci le sont à la fois à travers les restitutions artistiques après chaque passage dans une ville ou encore à travers les photos faites par Clément Martin mais aussi dans le « Roman de la rue » que Nicolas Turon vient de rédiger et qui sortira prochainement. Un livre qui retrace les rencontres faites dans une narration mêlant fiction et réalité. Un livre comme un voyage en miroir de nos sociétés modernes, puisé des expériences de l’auteur.

« Partir de rien pour arriver nulle part » c’est un peu le sens de ce projet. Sans volonté d’imposer une vision, sans recherche de performance spectaculaire, on est à l’inverse dans du brut, dans un projet sans filtres, se nourrissant au fur et à mesure. De ces années d’expérience, les deux hommes retiennent la bienveillance quasi systématique, « dans n’importe quelle ville ou quartier ».

« Il faut arrêter de venir voir certains quartiers avec des concepts tous faits. Il suffit parfois de discuter simplement avec la population pour comprendre qu’elle ne cherche pas forcément à ce que tout change ».

Et c’est justement à travers cette volonté d’écoute et celle de ne pas imposer une vision d’artiste que Nicolas Turon et Clément Martin ne savent pas à l’avance ce qu’ils restitueront de chacun de leur passage dans une ville. « Le travail d’artiste se fait après-coup » raconte ainsi Clément. Pour les Fontaines, ce sera après leurs deux passages suivants, qui seront à la fin du mois de mai, puis au mois d’octobre, « pas forcément dans le même square » précisent-ils, mais toujours avec la même envie de proposer un café et d’inviter la population à s’asseoir à leur table le plus simplement du monde.

Un degré en plus :

> Pour en savoir plus sur « Le roman de la rue », vous pouvez visiter le site dédié au projet.

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