Le manque de personnel, plaie béante des hôpitaux en Indre-et-Loire

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3 semaines sans ouverture normale des urgences à l’hôpital de Chinon… Inédit dans l’histoire récente du département, l’événement a été traumatisant pour les soignants comme les patients. Si le service a repris son fonctionnement début juin, il reste fragile en raison des tensions pour recruter et de personnels fatigués (c’est à cause d’une série d’arrêts maladie pour épuisement que la direction a choisi de fermer). En fait tout le monde redoute de basculer dans la situation extrême comme à Orléans où les urgences n’accueillent plus que les cas les plus graves depuis près de 4 mois, là-encore en raison de manque de personnel. La Touraine est-elle à l’abri ? Eléments de réponse.

Il y a des signes qui ne trompent pas : malgré la carotte d’une prime de 3 000€ pour les aides-soignantes et 5 000€ pour les infirmières, les jeunes sortant d’école préfèrent prendre des congés plutôt qu’entamer leur carrière dès l’été qui suit leur formation. L’information est lâchée par la directrice générale du CHU de Tours elle-même. Marie-Noëlle Gérain-Breuzard fait face à l’évidence : réputés épuisants, les métiers de la santé ont de plus en plus de mal à attirer. Même après le Ségur qui a revalorisé les salaires de 183€ (et même après l’annonce d’une hausse de 3,5% du point d’indice pour cet été).

Pourtant, à première vue, l’hôpital tourangeau s’en tire assez bien… Le premier employeur d’Indre-et-Loire compte 2% de postes infirmiers vacants et 0,5% pour les aides-soignantes. En deux mois il explique avoir recruté 180 personnes. Insuffisant… Cet été il ne fermera pas 100 lits en juillet mais près du double. Et plus de 200 au mois d’août soit jusqu’à 13% de lits en moins sur tout le complexe hospitalier. Conséquence de l’absentéisme qui plafonne à 12,5% voire 30% dans certains services (il était de 9% avant la pandémie).

Appeler le 15 AVANT d’aller à l’hôpital

Les équipes sont épuisées et se mettent en arrêt de travail pour récupérer. La tendance se multiplie. C’est un burn out collectif qui est à l’origine de la fermeture des urgences et de la maternité de Chinon dès le 18 mai. Et la même chose qui a entraîné la brève interruption de l’accueil aux urgences de Loches quelques jours plus tard. Comme les directions évitent au maximum de faire revenir du personnel en congé, elles n’ont d’autre choix que de dégrader le service. Pendant l’été ce sera encore le cas : afin d’assurer la présence d’équipes mobiles SMUR 24h/24 les urgences d’Amboise pourraient fermer quelques nuits par semaine hors week-end (à cause d’absences de médecins, des remplacements de départs ayant été mal anticipés). Chinon pourrait également subir le même sort.

Ces « adaptations » (pour reprendre le terme des officiels) ne sont pas sans conséquences. Pour éviter un engorgement des urgences ouvertes, les autorités de santé martèlent un message qui consiste à dire qu’il faut appeler son médecin généraliste ou le 15 AVANT tout déplacement à l’hôpital. Résultat le nombre d’appels au SAMU tourangeau a bondi de 20 à 30% par rapport à la période pré-Covid, soit jusqu’à 1 300 appels par jour (le recrutement de régulateurs supplémentaires est envisageable pour faire face aux pics à certains horaires).

Pour ne rien arranger, le spectre de la 7e vague Covid

Des solutions existent comme la mise en place de gardes d’ambulanciers pour soulager SMUR et pompiers lors des besoins de transports. Et une maison médicale de garde doit ouvrir à la rentrée près du CHU Trousseau. Néanmoins, les difficultés de personnel sont structurelles. A Clocheville, impossible d’ouvrir un service de pédopsychiatrie pourtant finance par l’Agence Régionale de Santé pour cause de difficultés à trouver les équipes. La maternité de Chinon pourrait aussi fermer certaines nuits afin de garantir la présence d’anesthésistes en neurochirurgie à Tours-Bretonneau (car le service rayonne sur toute la région alors que les accouchements nocturnes sont rares dans le Chinonais).

Comment évoluera la situation sur le long terme ? C’est toute la question. « C’est tout le système de santé qui est en difficulté » résume le Professeur Saïd Laribi qui dirige les urgences tourangelles. Ainsi cela fait des mois que les syndicats du CHU alertent sur les difficultés de la psychiatrie (45 lits fermés !). Et pour ne rien arranger le spectre de la 7e vague Covid inquiète sérieusement car les cas risquent encore de décimer des équipes déjà en effectif réduit sur l’ensemble des services.

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