Le directeur de Tours Événements s’en va : on fait le bilan de son mandat

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Christophe Caillaud-Joos a pris la tête de Tours Événements en 2017, dans le but de remplacer Denis Schwok. 4 ans plus tard, il vient de démissionner pour prendre le même poste dans une agglomération plus grande : Strasbourg, venue le chercher pour redresser son pôle événementiel. Exactement la même mission que celle confiée à Tours. A-t-il réussi ? Il est temps de faire le point.

« Tours Événements est redevenue une société normale » se félicite Christophe Caillaud-Joos le jour où il officialise son départ. L’homme qui nous venait de Paris quitte une entreprise salariant environ 70 personnes pour gérer le Parc des Expositions et le Palais des Congrès Vinci de Tours. Il assure l’avoir redynamisée : « Je suis arrivé dans un contexte mouvementé, avec une société fermée sur elle-même. J’ai fait mon job de la remettre dans les grands standards internationaux. »

De fait, sous sa direction, Tours Événements a réalisé un chiffre d’affaires conséquent pendant l’année 2019, autour de 14 millions d’€. « Et les retombées sur le territoire sont de 40 millions d’€ par an » souligne encore Christophe Caillaud-Joos en listant les entreprises convaincues de venir organiser leurs grands raouts à Tours comme le géant du recyclage Paprec. D’ailleurs, l’homme résume un peu son rôle de cette façon : « Nous sommes là pour aider à la réservation de chambres d’hôtel. » Dans l’immédiat et dans le futur, en donnant envie aux congressistes de revenir en Touraine avec famille ou amis. C’est un peu dans cette optique que le chantier des deux hôtels a été lancé Porte de Loire : des établissements de moyenne et haute gamme convenant à une clientèle de professionnels et capables de séduire des touristes par leur emplacement, leur vue ou leurs prestations.

Des blocages politiques

Tours Evénements est là pour le business. Et l’assume. La Foire ou l’American Tours Festival ce sont des vitrines pour le grand public. Le cœur du réacteur vrombit en coulisses. Une affaire de marketing pour faire de Tours une référence sur la scène des congrès français. Dans ce domaine tout est question de qualité des prestations… et d’image. Ainsi, Christophe Caillaud-Joos ne se lasse pas de justifier le changement de nom du Vinci devenu Palais des Congrès de Tours après qu’une société a refusé d’y organiser un événement croyant qu’elle allait donner ses sous au géant du BTP et des autoroutes qui porte le même nom.

Ça relève de l’anecdote mais compte quand on sait que les agglos se livrent une concurrence féroce. Un championnat où Tours évolue plutôt en 2e division. Malgré son accessibilité, la richesse de sa gastronomie et son patrimoine historique, la ville ne fait pas dans le grandiloquent. Ses installations sont globalement de qualité mais le futur complexe Parc Expo-Zénith-Palais des Sports d’Orléans ou le nouveau complexe type Arena de Poitiers lui font de l’ombre avant même leur inauguration. Se pose alors la question d’engager des travaux de rénovation… qui est sous-jacente depuis plusieurs années et que le mandat de Christophe Caillaud-Joos n’a pas permis de faire avancer.

Le directeur sur le départ le concède lui-même : il est meilleur pour redresser une boîte que pour la lancer sur une grande trajectoire d’avenir. Dommage car l’homme est globalement apprécié en Touraine, plutôt salué pour son dynamisme et ses idées ou ses facultés relationnelles. En dehors du défi qu’on lui propose de relever en Alsace, qu’est-ce qui l’empêche d’aller plus loin ? La réponse est facile à trouver : la politique tourangelle. Christophe Caillaud-Joos dit s’en aller en bons termes avec la ville de Tours qui est actionnaire principal de Tours Evénements. Il a d’ailleurs fait sa conférence de presse en compagnie du président, l’élu adjoint au maire Iman Manzari… qui ne sait pas encore trop définir ce que sera le futur de la société événementielle et se retranche derrière des études en cours.

Un avenir incertain

Alors qu’elle doit se remettre de la crise Covid qui a fait fondre son chiffre d’affaires (qui ne devrait pas retrouver son niveau d’avant pandémie avant 2024-2025), l’entreprise Tours Evénements s’apprête donc à vivre une période floue d’au moins 6 mois. En effet, la municipalité ne veut pas recruter de nouvelle directrice ou de nouveau directeur avant d’avoir établi sa stratégie. Pendant ce temps-là, elle va aussi tenter de convaincre la Métropole et la Région d’entrer dans le capital (le Département a déjà dit non). Si le Conseil Régional est du même bord politique que la mairie, ce n’est pas le cas de l’agglo. Les deux institutions se tirent la bourre au point de ralentir dangereusement les dossiers (le tram est en tête de gondole, mais avec l’aspect événementiel on voit que ce n’est pas le seul). Les enjeux sont pourtant énormes : veut-on donner à Tours une place dans les grandes tournées d’artistes qui boudent le Grand Hall pour ses défauts acoustiques ? Quels types de salons souhaite-t-on ? Vers quelles entreprises on dirige le marketing ?

Christophe Caillaud-Joos a donc réussi à assainir l’ambiance avec les équipes de Tours Evénements, à lui faire passer la pandémie sans trop de dégâts et même à provisionner de l’argent pour de futurs investissements mais il n’est pas réellement parvenu à débloquer les verrous structurels qui pèsent sur l’entreprise. Un immobilisme que les collectivités locales ne peuvent pas éluder, qu’elles vont devoir assumer et qu’il faudra dépasser.

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