Le collectif cycliste 37 compte profiter de la campagne électorale des élections municipales pour faire avancer la cause du vélo dans la métropole de Tours. L’objectif : faire en sorte que les candidats s’emparent de la cause des cyclistes, via une politique d’envergure en matière de développement des infrastructures cyclables. Et pour les aider l’association de promotion de la pratique du vélo a publié une série de mesures ambitieuses pour faire évoluer les pratiques.
Cela ne fait aucun doute, le vélo est redevenu tendance. De plus en plus d’habitants franchissent chaque année le cap de laisser les voitures aux garages pour passer aux deux roues. Selon l’INSEE, 7% d’entre-nous utilisent même le vélo pour ses déplacements quotidiens, faisant ainsi de Tours, la 5e ville de France en terme d’utilisation du vélo pour les déplacements pendulaires, domicile-travail. Un chiffre plutôt encourageant si on compare avec d’autres villes : 4% à Orléans ou 6% à Nantes, pourtant ville souvent citée en exemple. Un chiffre en constante augmentation qui nécessite néanmoins des aménagements que les adeptes de la petite reine réclament en pointant régulièrement les manquements en termes de voies cyclables et surtout de sécurité pour les deux roues.
Repenser la ville pour la rendre apaisée
Pour le Collectif Cycliste 37, il faut même mettre en place une politique d’aménagement d’ampleur. Pour les membres de l’association, il ne fait ainsi aucun doute que celle-ci ne pourra être qu’incitative. Mais derrière cette question d’aménagement, reste encore à savoir de quoi on parle ? Les derniers aménagements réalisés par les collectivités n’ont guère séduit en effet les cyclistes. On pense notamment aux travaux de l’avenue Grammont, jugés largement insuffisants. Si on remonte quelques années en arrière, à écouter les membres du CC37, Tours ferait même figure de mauvais élève : la passerelle Fournier, que les adeptes du vélo jugent sous calibrée et peu adaptée aux usages futurs et notamment l’essor des vélos-cargos ou encore les aménagements liés au tramway avec en symboles la rue Nationale devenue officiellement interdite aux cyclistes si ce n’est au pas sur les trottoirs mais aussi l’avenue Maginot et sa bande cyclable parasitée par des poteaux installés en son milieu. « Les cyclistes ont été les victimes collatérales et les grands perdants de la première ligne de tramway alors que cela aurait du être l’inverse » notent-ils ainsi.
Des exemples du passé dont ils ne veulent plus aujourd’hui, encourageant les collectivités et désormais les candidats aux municipales à s’engager à aller vers une ville apaisée. Car aujourd’hui, pour l’association, le constat est clair : Tours n’est pas une ville sécurisée. « Il faut être un cycliste expérimenté pour rouler quotidiennement en ville » affirme même Armelle Gallot-Lavallée, coprésidente du CC 37. Pour arriver à plus de pratique cycliste sécurisée, l’association propose 6 mesures majeures comme la systématisation des double-sens cyclables, la prise en compte des problématiques cyclistes en amont des futurs projets de voiries, la généralisation des rues à 30 km/h pour les voitures ou encore le changement du plan général de circulation…
Suivre l’exemple de Strasbourg
Fini donc le « tout voitures », et ce même s’il y aura forcément des réticences et des pressions contraires, la gronde contre la dernière réforme du stationnement à Tours prouvant que les oppositions à la réduction de la place de la voiture en ville restent nombreuses. Oui mais pour le CC37, il s’agit bien d’un enjeu primordial et d’avenir, « à l’heure de l’urgence climatique » nous dit-on comme argument. En clair, ils appellent au courage des élus, même s’ils sont conscients que le changement ne se fera pas en un jour et que cela nécessitera de confronter études et faisabilités techniques. Mais c’est faisable selon eux, d’autres villes ayant déjà engagés ce processus, comme Bordeaux, Rennes ou encore Strasbourg qui bénéficie d’un vaste réseau de voies vélos sécurisées. Une politique engagée depuis plusieurs décennies qui porte ses fruits aujourd’hui, puisque la ville alsacienne est celle où la part des cyclistes au quotidien est la plus importante de France avec plus de 16% de la population (juste devant Grenoble et ses 15,2%) et est régulièrement citée dans les classements internationaux des meilleures villes cyclables (4e en 2017 selon le classement du cabinet danois Copenhagenize Design Co).
Du côté de Tours, si la ville a été citée comme étant la première ville de France en nombre de mètres de voies cyclables par habitant selon Holidu en 2018 (0,87 mètre de pistes cyclables par habitant pour un total 119 kilomètres), elle a également été moyennement notée (3,2 sur 6) par le baromètre des villes cyclables de la FUB (fédération française des usagers de la bicyclette) en 2017 avec notamment comme points négatifs l’insécurité aux intersections ou le stationnement des automobiles sur les itinéraires cyclables. Un chiffre dont on saura prochainement s’il a évolué, l’association nationale pour la pratique du vélo venant de boucler son nouveau baromètre.
La mise en place d’un réseau express vélos
Malgré tout les choses évoluent, la Métropole ayant lancé par exemple son plan vélo avec 108 millions d’euros de financement sur 10 ans. Un chiffre qui comprend notamment la construction d’une petite dizaine d’ouvrages d’art dédiés pour un montant de 85 millions d’euros ainsi que l’aménagement de 351 km de voies cyclables (de tous genres) au total.
De son côté le CC37 promeut lui la mise en place d’un réseau express vélos, un REV, sur le modèle de ceux existants à Bordeaux, Strasbourg ou Grenoble. En clair, la création d’un réseau structurant de voies dédiées aux vélos, séparées des autres modes de transports, avec un gabarit de 3,5m de large pour les doubles voies et 2,2m pour des voies simples. Une sorte de réseau « d’autoroutes pour vélos » pour lequel le CC37 envisage ainsi 5 lignes différentes, pour un total de 64km de voies dédiées uniquement aux vélos. Un schéma global qui ressemblerait à cela :
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