La Région Centre-Val de Loire veut sauver ses trains

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En session à Orléans mercredi 16 mai, les élus régionaux ont débattu de l’avenir des petites lignes, autrement nommées « trains du quotidien ». Une presque unanimité : il faut à tout prix éviter que faute d’entretien, la vitesse sur ces lignes ne passe à 40 km/h, ce qui signifierait leur arrêt total.

Les retards : le quotidien des usagers de la SNCF sur les lignes ferroviaires en région.

Un rapport, un nom : Spinetta. Ce haut fonctionnaire corse de 74 ans, ancien patron d’Air-France-KLM a jeté un froid au beau milieu du mois de février avec son rapport de 43 propositions pour mettre la SNCF sur la voie de la privatisation. L’homme a l’expérience : c’est lui qui, en 1997, aux commandes d’Air-France avait déjà réformé la compagnie aérienne… Les élus régionaux ont présenté un « plan d’urgence pour le sauvetage du réseau ferroviaire du quotidien ».

L’enjeu est de taille : dans la région Centre-Val de Loire, les Paris-Châteaudun-Vendôme-Tours, Chartres-Courtalain, Tours-Loches, Tours-Chinon, Salbris-Valençay et Bourges-Montluçon, pourraient par exemple purement et simplement disparaître, faute d’entretien. Les trains seraient alors obligés de ne rouler qu’à 40km/h, ce qui signerait leur mort, même si en voiture à partir du 1er juillet on ne pourra plus aller qu’une fois plus vite…

La priorité : avoir un train, à l’heure, et être assis.

Trop de TGV tue le train, au quotidien.

500.000 voyageurs/usagers par jour empruntent ces « petites lignes », ces « trains du quotidien. Ceux-là même que la SNCF, depuis deux décennies, a laissé tomber au profit du seigneur du rail : le TGV, puis la LGV. Ce que l’élu de l’Union de la droite et du centre Guillaume Peltier résume par un laconique « La question que nous sommes en train de traiter cet après-midi est la conséquence de la vision hémiplégique, caricaturale, cette obsession du tout TGV/LGV contre les lignes du quotidien. Des choix délirants ! » s’emporte-t-il. Il est presque rejoint par l’élu écologiste Charles Fournier, qui s’interroge : « la question est alarmante et nous sommes en train de nous demander comment on sauve ces trains alors qu’on devrait plutôt se poser la question de comment le développer ? ». Christian Dumas (groupe socialiste et radicaux, élu régional d’Ingré (45)) rappelle cette évidence des usagers – que plus personne n’ose encore appeler voyageurs – : « Les gens attendent le service suivant : que le train circule, qu’il soit à l’heure et qu’ils trouvent une place assise ».

L’État doit prendre en charge 50 % du financement. Sinon…

Même si « un certain nombre de régions ne sont pas encore entrées en dialogue » déclare François Bonneau, il a lui pris le taureau par les cornes et donnent quelques coups de mentons à l’adresse du Gouvernement d’Édouard Philippe. Lequel a dit, au sujet du rapport Spinetta : pas trop vite, et tenir compte des réalités socio-économiques. « Et de l’aménagement du territoire ! » ajoute le président de la Région Centre-Val de Loire. 2,5 milliards d’euros devraient revenir à l’ensemble des régions de France pour la modernisation de ces lignes souffrantes, 250 millions d’euros pour le seul Centre-Val de Loire, d’ici 2025. Plus 20 millions d’ici 2023 pour le réseau capillaire dédié au fret. Un nouveau bras de fer vient-il de s’ouvrir avec le président Bonneau ? On a vu comment les deux derniers bras de fer s’étaient soldés : les régions ont perdu 450 M€ en septembre dernier, et les CFA au printemps… « Il connaît notre position. La discussion va s’ouvrir dans la deuxième moitié de l’année jusqu’en début 2019 ». La région a donc lancé en urgence sur cette ligne un plan de sauvegarde de 12 millions que l’État accepte finalement de subventionner à 50 % alors que les travaux sur ces lignes sont la compétence exclusive de l’État. Un rapport montre qu’il faudra investir 250 millions d’euros d’ici à 2025 simplement pour maintenir ces lignes à niveau. Quatre priorités ont donc été dégagées : garantir l’attractivité du réseau du quotidien en luttant contre les réductions de vitesse liées à la dégradation des infrastructures. Investir dans la régénération des lignes ferroviaires pour les pérenniser avec la mise en œuvre d’une maintenance adaptée. Réorganiser les dessertes et l’articulation avec le réseau de cars REMI. Faire en sorte que le réseau fret capillaire soit une alternative au transport routier de marchandises. « Mais si l’État n’en finance pas au moins 50% alors nous n’investirons pas » menace François Bonneau.

C’est déjà la clé de répartition qui vient d’être utiliser pour le « sauvetage » de la ligne Chartres-Courtalain. « Ça s’est joué à l’arrache avec la ministre » avoue-t-il. Tout en rappelant que « les lignes capillaires servent aussi aux LGV et TGV… Elles vont vers les arrêts des lignes à grande vitesse… ». Si elles disparaissaient en effet, qui prouvera que les usagers ne suivront pas les recommandations de Guillaume Pépy : annuler ou reporter leurs déplacements, ou utiliser des solutions alternatives. Comme le covoiturage, en voiture…

F.Sabourin

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