Le CHRU de Tours est le plus grand établissement hospitalier de la région Centre-Val de Loire et le plus gros employeur du département d’Indre-et-Loire avec près de 10 000 personnes travaillant sur ses différents sites. Malgré un budget de plusieurs centaines de millions d’euros, l’établissement fait perpétuellement appel aux dons via son Fonds de Dotation dans le but de développer des projets pour améliorer le bien-être du personnel et des patients de certains services. Jusqu’au 31 janvier, l’Hôtel de Ville de Tours accueille une exposition de 70 œuvres d’art vendues à son profit. L’occasion d’interroger la responsable de la structure, Elodie Gaspard.
Depuis l’hiver 2020 la pandémie de Covid-19 a mis l’accent sur les besoins de l’hôpital. Est-ce que ça s’est traduit par une hausse des dons en faveur du CHU de Tours ?
On enregistre une très nette augmentation pour 2020 mais c’est une tendance nationale car cette année-là il y a une hausse des dons pour la santé provenant souvent de personnes qui ont réorienté leur générosité vers ces causes-là. On n’a donc pas observé de forte progression des donateurs dans le pays. Plus une réaffectation vers des actions liées à l’actualité Covid. L’année 2021 à, quant à elle, été plus calme. Les donateurs se sont réorientés vers leurs causes « habituelles ». Et de notre côté nous nous sommes tournés vers les projets ayant accumulé du retard du fait des confinements.
Les personnes qui donnent pour le Fonds de Dotation ce sont parfois des entreprises, des particuliers fortunés… Quand vous les avez en contact est-ce qu’ils invoquent la pandémie pour justifier leurs dons ?
Aujourd’hui plus tellement. On revient plus sur les projets habituels : la recherche médicale, les enfants hospitalisés… Mais ça a aussi été un choix de notre part de stopper à un moment donné cette collecte Covid afin de pouvoir reprendre notre activité habituelle. Tous les services de soins ont des projets et l’objectif n’était pas de continuer éternellement à être dans une logique de projets estampillés Covid. Les pro
Parlez-nous des derniers projets réalisés…
On a mis en place des salons d’apaisement en psychiatrie adultes. On a pu déployer des casques de réalité virtuelle à Clocheville. On a installé de la décoration au sein de l’unité de chirurgie ambulatoire en pédiatrie. On a équipé le centre régional de psychotraumatologie de casques VR. Ou encore mis en place un projet artistique en réanimation neurochirurgicale.
Et ça change vraiment le quotidien des services concernés ?
Moi je le vois au quotidien car les équipes m’appellent en me parlant des bons retours des patients et des soignants. Par exemple pour les salons d’apaisement en psychiatrie : ce sont des salles qui permettent d’accueillir des patients en situation de crise ou de violence parfois aigue. Pour éviter la contention ou l’isolement, on les laisse s’apaiser dans ces salons où ils peuvent faire du sport, écouter de la musique, dessiner… Ils sont en place depuis mai et les retours sont supers. Aujourd’hui le CHU va même étendre le concept à l’ensemble des services de psychiatrie. Le projet est à l’étude. On a permis de tester ce dispositif qui fait ses preuves et qui va du coup être étendu à une échelle plus importante.
Et il y en a beaucoup des projets expérimentaux qui finissent par convaincre la direction de mobiliser ses fonds propres pour les développer ?
(Elle hésite). C’est aussi arrivé avec un projet de lunettes de dimension en cardiologie. Le bloc opératoire et la pneumologie veulent les acquérir également. On voit qu’on permet de tester des dispositifs qui peuvent être déployés à grande échelle quand ça fonctionne.
Présentez-nous l’exposition organisée en ce mois de janvier à l’Hôtel de Ville de Tours…
Ce projet est né au printemps 2021. Le plasticien tourangeau Jamal Lansari a été touché par le Covid et soigné en réanimation au CHU de Tours. Suite à cela il a voulu remercier l’hôpital et a offert une de ses œuvres au service. Lors de la remise du tableau est née l’idée de faire appel à des artistes pour soutenir les projets des équipes médicales. Du coup aujourd’hui on a une soixantaine d’artistes de la région ou d’ailleurs qui donnent 70 œuvres à revendre au profit de Fonds de Dotation. C’est une mobilisation importante. Une première.
Ce sont des œuvres spécifiques autour du thème de la santé ?
Il y en a mais d’autres n’ont rien à voir. C’était une volonté aussi de ne pas être trop focus sur le Covid et de laisser les artistes exposer ce qu’ils souhaitent. C’est une belle aventure. On avait déjà quelques contacts avec les artistes puisqu’on a déjà eu des dons d’œuvres d’art pour certains services (une à deux fois par an). Mais une mobilisation d’une telle ampleur ce n’était pas un projet que l’on pouvait monter uniquement de notre côté. Les prix vont de 50€ à 20 000€ pour une sculpture monumentale de trois mètres de haut… donc il faut un grand jardin ou un grand salon pour l’acquérir !
Un degré en plus :
L’exposition est à voir du 18 au 31 janvier dans le péristyle de l’Hôtel de Ville de Tours (accès du lundi au samedi de 14h à 18h côté Place Jean Jaurès). Entrée libre et gratuite.