La COP Centre-Val de Loire, dernier grand acte du mandat de François Bonneau ?

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Sécheresses à répétition, vagues de chaleur qui se multiplient, fort risque d’inondations ou recrudescence des incendies de forêts : voici les conséquences potentielles du changement climatique en Centre-Val de Loire. Pour limiter les effets indésirables sur l’environnement, la faune, la flore, et accessoirement l’être humain, la Région a lancé une COP locale en septembre 2019, déclinaison de la COP21 de Paris en 2015 avec l’idée de prendre des engagements fermes pour accélérer la transition écologique. Le travail préparatoire terminé, place aux actes. Un dossier éminemment politique.

Deux concurrents autour de la même table, avec le même discours… C’est la première image qu’on retiendra de la conférence de presse organisée ce mercredi 3 février à Orléans, pour signer l’accord scellant la conclusion de la COP Centre-Val de Loire, sommet régional destiné à prendre date pour lutter contre le changement climatique dans nos 6 départements. La réunion a été menée par le président de région François Bonneau et son vice-président Charles Fournier. Deux hommes unis dans le même exécutif depuis la victoire de la gauche aux élections de 2015… Mais deux très probables concurrents au 1er tour du prochain scrutin programmé au mois de juin. Chacun sur sa liste : l’une soutenue par le Parti Socialiste, l’autre par Europe Ecologie Les Verts. L’un pour défendre son bilan, l’autre pour l’assumer mais avec le regret de ne pas avoir pu aller plus loin.

On pourra toujours nous dire qu’on regarde les choses avec un côté taquin et tatillon. Mais cette analogie se justifie particulièrement au regard du sujet du jour. En signant l’accord COP, la Région Centre-Val de Loire fait part de ses ambitions pour les décennies à venir. En défendant ce travail sans réserves apparentes, François Bonneau et Charles Fournier mettent en avant leurs capacités à avancer malgré leurs divergences initiales de points de vue. Un atout pour l’un comme pour l’autre : le président sortant peut s’appuyer sur les travaux dans sa campagne et son challenger peut se prévaloir d’avoir géré le dossier de bout en bout.

Objectif -50% de gaz à effet de serre d’ici 30 ans

Rappelons ce que c’est, la COP Centre-Val de Loire : 18 mois de discussions, 171 ateliers, des dizaines de partenaires institutionnels, associatifs ou citoyens mobilisés… Et à la fin 42 engagements concrets pour faire avancer la cause environnementale dans la région. Les objectifs chiffrés sont là : -75% d’émission de gaz à effet de serre en 2050 par rapport aux niveaux de 1990, -20% de consommation énergétique dès 2030 par rapport aux données de 2012. Comment s’y prendre ? En engageant des rénovations énergétiques dans les 60 lycées dans lesquels de tels travaux ne sont pas encore programmés, en remplaçant tous les bus Rémi diesel par des modèles hybrides ou électriques d’ici 2028 ou encore en développant une filière locale pour cultiver protéines végétales et légumineuses à fleurs (comme les lentilles).

« Nous voulons fabriquer des réponses nouvelles car on voyait que l’addition des efforts individuels ne suffisait pas » argumente Charles Fournier qui veut un véritable « bouleversement » dans les prochaines années, tant de la part des habitants que des entreprises, des collectivités locales, des acteurs culturels ou de la recherche (la COP a été menée en lien avec un conseil scientifique). Afin de financer les différentes actions, la Région va se tourner vers l’Etat, l’ADEME, la Banque des Territoires, l’Union Européenne mais aussi une banque qui a accepté de lancer un livret d’épargne citoyenne à l’échelon régional. Ses fonds serviraient donc à aider au déploiement des projets du programme.

L’espoir d’actions qui durent

« Cette COP c’est un processus, pas un événement ponctuel » insiste François Bonneau. « On y croit mais la dynamique doit être maintenue dans la durée. Le chemin de l’action reste long » prévient pour sa part Véronique Andrieux de l’ONG WWF qui a accompagné le conseil régional dans ses travaux (une première, même si elle a fait un travail similaire à moindre échelle avec l’agglomération de Rouen).

Pour vérifier que les actions ont de l’effet, la Région propose un bilan tous les deux ans… Donc le premier après les prochaines élections. Vu l’échéance, comment garantir que la feuille de route sera suivie ? « Je pense que les enjeux environnementaux sont vraiment devenues des préoccupations importantes. Est-ce que ce sera poursuivi ? Ce que je peux dire c’est que dans toutes nos contractualisations pluriannuelles engagées avec l’Europe ou l’Etat nous mettons ces sujets en priorité. C’est au cœur de nos préoccupations » répond François Bonneau. « La fin du mandat ne sera pas la fin de la COP, c’est une exigence qui a été posée par le WWF. Ce qu’on construit c’est pour le présent et le futur » complète Charles Fournier, reconnaissant tout de même qu’il ne peut pas s’engager au nom de la future équipe car on ne peut pas prédire le résultat du scrutin.

Une opposition partagée

Pour avoir quelques indices sur la pérennité du projet quelle que soit le verdict des urnes, il faut donc aller interroger les élus qui ne font pas partie de la majorité. Élue représentant Les Centristes, membre du groupe réunissant la droite et les centristes, la Tourangelle Christine Fauquet souscrit globalement aux ambitions de François Bonneau : « C’est bien qu’on agisse et qu’on essaie de faire des choses. Après il y a des complications comme des normes imposées aux communes qui ne sont pas compatibles avec ses finances et du coup des subventions nous échappent. On a aussi quelques cafouillages sur la mobilité, la potentielle prise de compétences par les communautés de communes c’est un vrai sujet mais pas sûr qu’elles aient les moyens de le faire dans son intégralité. »

Au rang des sceptiques, on trouve l’élu tourangeau proche d’LREM Pierre Commandeur qui ne voit « rien de marquant » dans cette COP : « Je pense qu’il y a beaucoup de com et assez peu d’action. Les lycées sont toujours des passoires énergétiques, les élèves ont froid et les conditions posées dans les CRST sont tellement contraignantes que les enveloppes sont peu utilisées. » Au Rassemblement National, l’élu d’Indre-et-Loire Stanislas de la Ruffie parle pour sa part de « gadget » : « Tout ça c’est pour faire plaisir à la minorité verte. En ce moment je pense qu’on a d’autres chats à fouetter. De plus, ce type d’actions peut s’engager sans passer par une COP. » L’élu dénonce enfin « le haro sur les automobilistes » que constitue selon lui le programme environnemental ligérien : « La Région préfère mal investir sur le train en développant Tours-Loches mais pas Tours Châteauroux et dans le même temps elle n’est pas capable de mettre une enveloppe pour financer un nouvel échangeur sur l’A85 à Langeais. » Le sujet de l’environnement devrait néanmoins être au cœur de la campagne au printemps, donc un élément phare des programmes.

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