Juliette Bourdy, une plongeuse sur le toit du monde

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Au mois de juin 2022, Juliette Bourdy a ramené plusieurs médailles des championnats du monde de plongée sportive en piscine qui se sont déroulés au Maroc, dont quatre en or. Une fierté pour cette femme sapeur-pompier professionnelle de 41 ans, qui ne compte pas s’arrêter pas là.

Un voyage qu’elle n’est pas près d’oublier. En juin 2022, Juliette Bourdy s’envole pour le Maroc afin de participer aux championnats du monde de plongée sportive en piscine (PSP). Là-bas, elle dispute huit épreuves et parvient à remporter six médailles, quatre en or et deux en argent. « La France est revenue meilleure nation de ces championnats du monde. Plus que les médailles, le staff était très content des chronos réalisés », précise-t-elle. Quelques mois plus tard, la Montoise de 41 ans garde un merveilleux souvenir de cette première participation à une compétition internationale. « Cela a été vraiment super intéressant, surtout d’un point de vue humain. Nous avons vécu une expérience extraordinaire. »

Mais il n’y a pas que le côté sportif dont elle se rappelle. « Nous ne parlerons pas de l’organisation sur place, plaisante-t-elle. Nous avons beaucoup d’anecdotes à raconter. Nous avons dû changer d’hôtel, nous avons attendus des bus qui ne sont jamais venus… Au final, nous n’avons jamais eu le temps d’aller acheter des cornes de gazelles car on a passé notre temps à attendre ! (Rires) » Attendre dans les tribunes, la chambre d’appel, derrière les plots… La femme sapeur-pompier professionnelle se remémore même des juniors en train de patienter au bord de la piscine, leur bouteille sur le dos, pendant que des officiels recevaient une médaille de la ville entre deux séries. L’équipe de France a aussi dû attendre plusieurs heures lors d’une cérémonie avant de se voir remettre l’une de ses médailles. « Nous avons vraiment appris à gérer nos nerfs », s’amuse-t-elle. Mais elle préfère mettre de côté toutes les petites mésaventures et ne retenir que le positif. « Le staff a fait ce qu’il fallait pour que l’on reste dans notre compétition et cette expérience au sein de l’équipe était géniale. Nous avons beaucoup rigolé ! »

120 km en un mois

Remplaçante en équipe de France, Juliette Bourdy apprend deux mois avant les championnats du monde qu’elle est finalement titulaire. L’une des membres de l’équipe est enceinte et ne peut pas concourir. Cela ne lui laisse que peu de temps pour se préparer. Quinze jours avant la compétition, les quatre hommes et quatre femmes qui composent l’équipe se retrouvent en stage à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) pour travailler sur les épreuves en binôme ou en relai mais aussi créer une dynamique de groupe. « Au mois de mai, j’ai aussi nagé 120 km, avec des palmes essentiellement, pour être prête. Parce que je n’avais pas envie d’arriver pour faire de la figuration », raconte-t-elle. Si elle se rend à la compétition avec l’espoir « de bien faire », elle ne s’attend pas à de tels résultats. « Je savais que j’étais outsider donc on n’attendait pas vraiment quelque chose de moi. Je pense que, là-dessus, j’ai vraiment dépassé les espérances et les temps. » Elle reconnaît cependant que l’absence des Russes et des Biélorusses, deux nations fortes de la plongée sportive en piscine, l’ont peut-être aidée. Sa principale concurrente devient alors une autre Française, Morgane Le Roux, présente en équipe nationale depuis des années.

Celle qui a longtemps voulu être professeure de sport assure que « c’est une fierté de représenter son pays ». Elle avoue avoir eu du mal à digérer sa première médaille au trial, en argent, et surtout son temps sur cette première course.Mais elle reste très heureuse de ses performances lors de ces championnats de monde. « Les autres médailles m’ont fait oublier la première. Et puis il y a les médailles en équipe, elles ont toujours une saveur particulière », témoigne-t-elle.

Ses débuts à la plongée

Juliette Bourdy commence la plongée peu de temps après être devenue sapeur-pompier professionnelle, il y a près de vingt ans. Un collègue, actif dans un club de Tours, lui propose d’essayer la discipline. Très vite, elle adhère à cette activité, qui lui permet par ailleurs de rencontrer son conjoint. « Puis le président de ce club à l’époque est venu nous voir parce qu’il savait que nous avions l’esprit compétitif. Il nous a dit qu’une nouvelle commission arrivait au sein de la FFESSM (Fédération française d’études et de sports sous-marins) », se remémore celle qui a pratiqué la danse classique pendant 25 ans. Elle découvre alors la plongée sportive en piscine.

« J’ai tendance à dire qu’en plongée sportive nous sommes autorisés à faire tout ce que l’on n’a pas le droit de faire en plongée traditionnelle, où il ne faut pas faire d’effort, ne pas s’essouffler, ne pas avoir de chrono, où il faut se reposer une fois que l’on a plongé… Nous, en PSP, nous faisons tout l’inverse ! Nous enchaînons la nage rapide, l’apnée, la nage avec un bloc… Et en plus on a un chrono », explique la quadragénaire. Elle accroche tout de suite à cette nouvelle manière de pratiquer la plongée. « J’aime le côté challenge, compétition, se donner à fond. Tout ce qui ne plaît pas aux plongeurs techniques en fait. Le côté aller le plus vite possible avec un bloc sur le dos, j’adore ! », justifie-t-elle. Avec sa famille, Juliette Bourdy continue les plongées loisirs, « pour aller voir les poissons, prendre son temps ».

La PSP « mal perçue par des vieux plongeurs très techniques »

Cette discipline récente, qui comprend différentes épreuves, est cependant parfois « mal perçue par des vieux plongeurs très techniques, car elle vient un peu les perturber ». Il est aussi difficile, pour le moment, d’attirer les jeunes vers cette activité, ouverte à tous ceux ayant un niveau 1 de plongée. La maman d’une petite fille de 8 ans et demi estime pourtant que la plongée sportive en piscine forme d’excellents plongeurs. « Nous sommes habitués à faire les gestes rapidement, même si c’est dans peu d’eau. Donc, si une fois à 40 mètres nous perdons notre masque, ça ne nous pose pas de problème, ou si on nous demande de faire un vidage de masque, nous n’allons pas bouger de cinq mètres. Nous avons automatisé ces gestes, nous ne serons donc pas perturbés en cas de problème. Nous sommes vraiment plus sereins », affirme-t-elle.

Poussée par son côté compétitif, Juliette Bourdy se met rapidement à la compétition. « Très vite, j’ai réussi à performer », se réjouit-elle. Elle obtient notamment une médaille d’argent au trial lors des championnats de France, en 2019. Des bons résultats qui lui ouvrent les portes d’un premier stage avec l’équipe de France, en août 2021, à Vichy (Allier). « J’ai adoré et j’ai forcément appris plein de choses parce que j’avais l’habitude de m’entraîner sans coach, indique la pspeuse (nom donné aux pratique d la PSP, ndlr). Même si le milieu de la plongée reste très ouvert, donc que tout le monde discute avec tout le monde des techniques, du matériel qui a beaucoup évolué. Ce n’est pas un univers confiné, rien n’est secret. C’est très convivial, très sympathique. »

« J’ai tout réappris »

C’est à ce moment-là que la passionnée de sport se rend compte qu’elle veut aller plus loin et performer lors de grosses compétitions. Elle change alors de club et devient licenciée de Tours nage avec palmes. Un changement qui lui permet notamment de travailler avec un coach au bord du bassin, Frédérick Castel. « Là, on a tout changé ! (Rires) Déjà, j’ai appris à palmer, à faire beaucoup de kilomètres à l’entraînement. Il m’a fait changer de masque, de technique de nage, de palmes… J’ai tout réappris. Et les efforts ont payé. » Pour atteindre ses objectifs, Juliette Bourdy s’entraîne en moyenne quatre à cinq fois par semaine. « Nous faisons beaucoup de nage avec palmes, quelques séries avec le bloc sur le dos et des entraînements plutôt techniques, vraiment basés PSP, qui sont plus courts », détaille-t-elle. Elle travaille également beaucoup l’apnée.

Prochaine grosse échéance pour la plongeuse : les championnats de France, au mois de juin 2023, à Limoges (Haute-Vienne). Elle se concentre notamment sur le trial, l’épreuve dans laquelle elle souhaite obtenir le meilleur temps toute catégorie femme confondue. « Sauf erreur, la médaille d’or dans ma catégorie (35-45 ans) est acquise mais ce n’est pas celle-ci qui m’intéresse. Je veux juste battre Morgane en fait ! », déclare la Montoise. Et de préciser : « C’est une super copine, nous avons partagé la chambre en équipe de France, il n’y a pas d’animosité entre nous. » Puis il y a l’objectif de son coach, qui est d’aller chercher le record de France (2’28).

Il reste trois compétitions à Juliette Bourdy pour se préparer au mieux et être prête le jour J. Elle participera aux championnats régionaux du Centre-Val de Loire, à la piscine Gilbert-Bozon, à Tours, le dimanche 26 mars, avant de se rendre à Massy (Essone), le dimanche 2 avril, et à Dijon (Côte-d’Or), le samedi 22 avril. « À la suite de ça, nous verrons comment nous ferons les binômes pour les championnats de France, afin d’avoir les équipes les plus performantes. »

La pspeuse aimerait par ailleurs être de nouveau appelée en équipe de France. Si, cette année, les championnats du monde, initialement prévus en Espagne, ne devraient finalement pas avoir lieu, elle souhaite faire de nouvelles compétitions internationales, telle que la Coupe du monde. Juliette Bourdy assure en tout cas « tout faire pour y parvenir ».

Un degré en plus

Les épreuves françaises et internationales de plongée sportive en piscine peuvent parfois être légèrement différentes, en termes de distance notamment. Voici les différentes épreuves :

> Le trial : Il s’agit d’une épreuve individuelle, sur 200 m, en France. Dans les compétitions internationales, elle est réalisée sur 100 m et il existe un relais 4×100 m. L’objectif est d’aller le plus vite possible en alternant nage avec bloc sur le dos, nage en apnée, nage en surface avec palmes, puis de nouveau nage en apnée et nage avec bloc sur le dos.

> Le combiné : Il s’agit d’une épreuve en duo, sur un parcours de 100 m. Le binôme doit réaliser une série d’exercices : passer dans des cerceaux sans les toucher, respirer sur le détendeur secondaire (octopus) de l’autre, quitter et vider son masque, passer de nouveau dans des cerceaux, puis tracter une petite charge.

> L’immersion : Il s’agit d’une épreuve individuelle, sur 50 m. Le plongeur doit aller crocheter un parachute de palier (en mer, cet objet permet de prévenir les bateaux de la présence de plongeurs entre trois et six mètres) sur un kettlebell de 6 kg placé au fond de la piscine et le gonfler pour que le poids remonte à la surface. Lorsque le sportif finit sa course, un bout de parachute de palier doit faire surface.

> Le torpedo : En France, il s’agit d’un relais 4×50 m. Dans les compétitions internationales, l’épreuve existe en relais mais aussi en individuel, sur 100 m. Elle consiste à faire un relais en tractant une bouée de surface, généralement utilisée par les apnéistes.

> L’octopus : Il s’agit d’une épreuve en duo mixte, sur 50 m, en France. À l’international, elle existe en mixte et non mixte, sur 50 et 100 m. Un plongeur part avec un bloc sur le dos, l’autre seulement avec des palmes. Ce dernier doit récupérer un détendeur de secours, appelé octopus. Le binôme réalise ensuite le reste du parcours en immersion, en utilisant le même détendeur.

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