Joué-lès-Tours : 15 ans après sa création, Néodyme se transforme en SCOP géante

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SCOP ça veut dire société coopérative de production et c’est un modèle entrepreneurial qui prend de l’ampleur. Selon des chiffres du ministère de l’économie, 63 000 salariés travaillaient dans une structure de ce genre en 2019. Ses particularités : le personnel détient au moins 51% des actions et chaque salarié qui possède une partie du capital dispose d’une voix lors des assemblées générales, et ce quel que soit le montant de sa part. On a l’habitude de voir de petites structures se lancer dans ce genre défi mais de grosses boîtes s’y mettent aussi… Dernière en date : Néodyme, basée à Joué-lès-Tours et qui compte 110 salariés.

Marion Barbarin est directrice générale de Néodyme et c’est tout frais : cette société spécialisée dans le conseil et l’ingénierie dans le domaine des risques industriels, professionnels ou environnementaux vient tout juste de basculer sous le statut de SCOP. Un changement qui acte le départ de son précédent Philippe Lebot (par ailleurs engagé en politique à Saint-Avertin) et la mise en place d’une nouvelle gouvernance bien plus participative. Une issue qui ne surprend pas forcément si l’on remonte aux origines de la structure en 2005. Marion Barbarin raconte : « A l’origine nous étions cinq. On travaillait dans une grosse boîte d’ingénierie à Paris, le boulot nous plaisait mais pas la manière de manager. C’est là que nous avons eu envie de créer notre structure. »

Aujourd’hui, Néodyme accompagne principalement des clients dans le secteur de l’énergie (nucléaire ou renouvelable) mais aussi des entreprises du secteur pharmaceutique ou des PME. Son objectif : être un guide pour la prévention des risques du personnel (sécurité incendie, par exemple) voire mener des études de risques sanitaires. Après une implantation à La Ville-aux-Damese, le siège social a déménagé Rue de la Douzillère à Joué-lès-Tours : des locaux de 220m² hébergeant actuellement une vingtaine de personnes + le partenaire informatique de la société. A cela s’ajoutent des agences et filiales à Paris, Lyon, Dunkerque, Rouen, Dijon, Bordeaux, Aix-en-Provence, Saint-Brieuc, Concarneau, Nantes et enfin en Nouvelle-Calédonie. Effectif total : 110 personnes, à peu près autant qu’au moment de la grande crise de 2009 : « A cette époque on a connu des années difficiles et pas mal de départs. Puis nous avons stagné quelques années » se souvient Marion Barbarin.

83 salariés ont investi dans le capital

C’est encore en période de crise que Néodyme se transforme : « La pandémie a accéléré la transformation en SCOP. Philippe Lebot n’arrivait plus à motiver les équipes. Il nous fallait absolument un projet pour se relancer » explique la directrice générale. Autrement dit, remotiver les troupes alors que les chiffres ont été sapés par le confinement du printemps (arrêt des commandes et une partie du personnel au chômage partiel). « Aujourd’hui ça repart bien » tempère notre interlocutrice.

Le basculement ne s’est pas fait en un jour :

« Ce sont des salariés qui ont amenés le projet. Ils ont formé un petit groupe et ils sont venus me voir pour me demander si je serais motivée pour prendre la direction. Au début j’étais un peu frileuse, je ne savais pas trop en quoi ça consiste. Entendre que toutes les décisions doivent être prises en commun ça fait peur. Ensuite je me suis posée et en creusant je me suis rendue compte que c’était très intéressant. »

Les salariés d’une SCOP ne sont pas obligés d’y investir de l’argent mais tous en ont la possibilité et l’objectif c’est qu’il y en ait un maximum, pour créer une dynamique d’équipe. « Pour que ce soit tenable il fallait au moins 60% du personnel motivé au démarrage » explique Marion Barbarin. Au final 83 personnes sont partantes, avec une mise minimum de 1 000€, un groupe conséquent qui a mis entre 2 et 3 000€, un autre groupe autour de 5 000€ puis enfin 20 000 et 60 000€ pour le président du conseil d’administration et la directrice générale. La phase d’élaboration du projet a nécessité de longues réunions juridiques, financières mais aussi avec les équipes pour leur expliquer les ambitions.

« Le quotidien ne change pas »

Désormais, Néodyme va fonctionner sous la direction d’un conseil d’administration de 15 personnes, « avec des représentants de chaque filiale dans sa composition » insiste la directrice générale qui veut aller plus loin que les statuts pour son modèle de gouvernance :

« Nos salariés ont souvent 15-20 ans d’expérience et se sentaient souvent frustrés de ne pas participer plus au développement de l’entreprise et aux décisions. Le modèle de SCOP leur aurait donné un droit de vote en assemblée générale ou AG extraordinaire 1 ou 2 fois par an. Nous voulons faire plus avec des groupes de travail. En interne, des représentants consulteront pour répercuter la voix des associés. »

Compte tenu du changement de paradigme, la transition de Néodyme vers la SCOP va se faire en 22 mois. Une transformation qui intéresse, surtout en pleine crise Covid où l’économie est complètement bouleversée. C’est clairement culotté de se lancer dans un tel chantier qui chamboule les habitudes, en particulier dans une structure de taille conséquente, réputée moins souple : « Beaucoup d’autres entreprises s’intéressent au projet et vont regarder de près comment ça se passe pour nous. Nous allons également rencontrer Tours Métropole » se félicite Marion Barbarin. A l’écouter, pour l’instant, tous les signaux sont au vert :

« Le quotidien ne change pas. J’ai toujours été assez communication et je prends souvent appui sur un groupe de personnes quand je dois prendre des décisions. On s’y retrouve toujours, je n’ai pas l’impression de perdre du temps. »

Son ambition pour 2021 : maintenir l’équilibre financier pour remonter la pente après un dernier exercice en berne à cause du coronavirus.


Photo : les équipes de Néodyme fin octobre 2019 pour les 15 ans de l’entreprise. C’était avant la pandémie, d’où l’absence de masques.

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