JonOne, un artiste de classe mondiale à la Galerie Veyssière

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C’est un grand nom du street art, un homme inspirant, et un boulimique de projets. Pendant deux semaines, JonOne voit ses œuvres couvrir les murs de la Galerie Veyssière Sigma à Tours (25 Rue Colbert). Probablement l’événement artistique le plus retentissant de la rentrée dans la ville, d’autant que c’est l’occasion d’y découvrir deux projets inédits (un journal intime et un recueil de signatures).

JonOne est d’origine new-yorkaise, désormais établi à Paris. Il n’est pas capable de chiffrer précisément le nombre de toiles qu’il a réalisées (« entre 8 et 9 000 ») mais assure qu’il pourrait nous raconter un souvenir autour de chacune d’elles car sa tête « est une machine ». « Personne d’autre ne peut être aussi passionné de mon travail que moi-même » lâche cet homme aussi bavard qu’introspectif et qui a pris un peu de temps pour nous répondre en marge du vernissage de son exposition tourangelle programmée jusqu’au 17 octobre.




Accueillir une telle pointure à Tours constitue un formidable événement pour la Galerie Veyssière Sigma qui avait déjà marqué les esprits avec Biga Ranx il y a quelques semaines. Si les choses se sont faites un peu dans l’urgence, le succès a été tout aussi rapide avec une large part des toiles vendues dès les premières heures.

Des toiles et des livres

C’est d’abord elles que l’on voit quand on entre dans la pièce. Leurs couleurs, leurs formes entremêlées tels des labyrinthes, leur air mystérieux, un peu irrévérencieux. Mais il y a aussi tous ces livres, deux ouvrages pensés ces derniers mois par JonOne. D’un côté un recueil de signatures à gros traits – une centaine – de l’autre un journal intime dessiné et qui mérite l’introspection pour déceler les annotations et leurs messages au milieu de ce brouhaha artistique.

JonOne et Elie Veyssière.

« Ce journal est né de mon ennui, à Paris » commente l’artiste qui n’y voit rien de péjoratif : « Quand tu t’ennuies, tu peux faire beaucoup de choses. Quand j’ai commencé la peinture, c’est aussi parce que je m’ennuyais. Pour le journal, j’ai commencé avec une page, puis j’ai continué, continué, continué… J’ai voulu montrer la folie derrière l’écriture de mon nom, et j’y ai ajouté des mots intimes, des références à ma mère… Je vois ma vie comme un ‘House of Cards’, elle est fragile, tout peut s’écrouler facilement. Récemment, un de mes amis m’a aussi dit que ce travail il le voyait comme un retour aux sources pour moi. »

Un admirateur de Picasso et Giacometti

Ce journal est le 2e de JonOne, après un premier essai il y a une vingtaine d’années, déjà dans la capitale française. « Ma vie, j’aime qu’elle bouge, qu’il s’y passe plein de choses. » Pour le coup, avec plus de 30 ans de carrière entre les Etats-Unis et la France, des aires urbaines aux galeries, les histoires et aventures ne manquent pas. « Tout mon travail est en relation avec mon passé, mon présent et mon futur. Petit, mon rêve c’était de peindre tous les jours. Je ne voulais pas forcément d’une carrière, juste peindre. Mes idoles sont Picasso, Giacometti, Cobra… Des gens qui ont peint jusqu’à leur dernier souffle. On voit toute leur vie à travers leurs œuvres. »

A 56 ans, voilà un artiste qui en fait dix de moins et dont on sent l’esprit bouillonner à chaque instant (il partira prochainement à Lille, à Zurich ou Dakar pour de nouveaux projets). Fier, ambitieux, JonOne a en bonne partie délaissé le graff pour privilégier le travail en atelier et y façonner « des œuvres qui restent. » Un travail pensé pour les collectionneurs et pour laisser une trace de sa vision de notre époque.

Photos : Laurent Depeigne


Un degré en plus

Le compte Instagram de JonOne.

JonOne et le confinement :

« J’étais à New-York où j’ai passé deux mois et demi. Forcément beaucoup d’événements prévus ont été annulés mais je l’ai bien vécu car ça m’a permis de prendre du recul sur ce qui m’est arrivé ces dernières années. J’étais tellement dans l’action et j’avais besoin de ce temps pour réfléchir. Je suis en guerre avec moi-même et ça a changé ma vie, ça m’a apporté de la paix. Grâce au confinement, loin des enfants et de la famille, confronté à moi-même, j’ai pu affronter la peur de la solitude. Cette solitude que je combattais en faisant des toiles à la chaîne comme pour combler un vide. Longtemps j’ai voulu combler le vide avec la peinture, l’alcool, la drogue ou les femmes. Là, j’ai vu que ce n’était pas grave d’être tout seul, j’ai compris qu’il faut accepter la vie comme elle est. »


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