Itinéraire sauvage d’un chat errant

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Sandrine habite quartier Sainte-Radegonde à Tours, un lieu connu pour être investi par de nombreux chats errants. En février elle fait la connaissance de Malou, un félin sauvage auquel elle s’attache. Cette rencontre marque le début d’un long périple sinueux pour l’animal et sa maîtresse .

« J’en ai pleuré ce matin, ça a été un choc », confie Sandrine, assise sur son canapé. Après deux semaines d’enquête, elle a enfin reçu une réponse claire de la fourrière de Larçay. Les chats qui vivaient dans son garage quelques semaines plus tôt ont été euthanasiés. « Mes chats », dit-t-elle par mégarde. Elle s’était surtout attachée au mâle du groupe, un félin gris et blanc qu’elle avait appelé Malou. « C’est moi qui l’ai envoyé à l’abattoir finalement ».

Sandrine Noroozy, institutrice de profession, aperçoit l’animal pour la première fois en février dernier. Le chaton est couvert de croûtes et vient discrètement grignoter dans la gamelle de la chatte domestique. Sandrine va lui apporter de l’aide, le nourrir, lui ôter les tiques, le traiter contre les puces… Cinq mois plus tard, Malou est devenu un gros matou au poil soyeux et s’est même trouvé une femelle. « J’avais l’impression qu’ils étaient amoureux », glisse Sandrine en souriant.

Très vite, la chatte met 3 petits au monde. Désormais on compte 5 nouveaux habitants dans le garage de Sandrine. Tous les matins, la jeune famille attend la maîtresse des lieux sous la fenêtre de la cuisine. « Je passais mon temps à ouvrir des boîtes de pâté. Je savais que je faisais une bêtise en les nourrissant mais la mère n’arrivait plus à nourrir les chatons. »

Les Vibrisses

À Sainte-Radegonde, où habite Sandrine, les chats errants sont légion. L’association Les Vibrisses s’occupe de gérer leur prolifération et de les protéger.

Ce n’est pas un hasard si une famille de chats est venue s’installer chez Sandrine. Dans le quartier de Sainte-Radegonde, il y en a des dizaines, surtout dans la rue du Fer à Cheval. C’est ici qu’a l’habitude de venir Mme Odile Rossignol pour nourrir les animaux sauvages. « Lors d’une randonnée j’ai découvert qu’il y avait beaucoup d’animaux errants, une quarantaine selon le gardien de l’immeuble d’à côté », témoigne-t-elle. A l’époque l’ancienne journaliste est déjà très sensible aux animaux : elle est déléguée enquêtrice pour la Fondation Brigitte Bardot. Elle décide de co-fonder l’association Les Vibrisses avec deux autres personnes. Leur mission : faire adopter les chats errants du quartier Sainte-Radegonde.

« Lui c’est le prochain qu’on va placer avant qu’il fasse très froid, explique Odile en pointant un chat parmi tous ceux qui gambadent autour d’elle. Les petits on les place facilement. » Si l’animal est trop farouche pour vivre en famille, les Vibrisses le fait tout de même stériliser et identifier au nom de l’association. Mais la plupart des chats finit par se laisser approcher. « Certains étaient très sauvages il y a encore un an, se souvient Mme Rossignol. Maintenant ils me connaissent, il y en a beaucoup que je peux prendre dans mes bras ».

Grâce à une convention passée avec la mairie, Odile peut attraper les chats errants et les faire stériliser par un vétérinaire. Elle utilise pour cela des bons de stérilisation fournis par la Fondation Bardot. Le chat errant devient alors un « chat libre » et peut être remis sur son territoire d’origine. « Les riverains voient ce qu’on fait d’un bon œil. On nous appelle beaucoup, même hors de Sainte-Radegonde, alors qu’on est tellement petit », soupire Mme Rossignol. Depuis sa création en août 2017, Les Vibrisses ont déjà fait stériliser et identifier 60 chats. Autant d’animaux qui sont garantis d’éviter la fourrière.

D’asso en asso

En effectuant des recherches, Sandrine apprend qu’une femelle peut avoir jusqu’à 16 chatons par an. À ce rythme-là, si rien n’est fait, le couple pourrait avoir 20 000 descendants d’ici 4 ans. Il faut faire stériliser la famille entière sans trop tarder, mais les opérations sont onéreuses (environ 90 euros pour un mâle et 120 euros pour une femelle). D’ailleurs, quand bien même les chats seraient stériles, Sandrine est débordée. La tribu lui coûte cher en nourriture et en soin, sans compter qu’il faut maintenant traiter la maison contre les puces…

Ne sachant trop comment s’y prendre, elle décide de contacter les associations de défense des chats tout en gardant une idée en tête : adopter Malou une fois qu’il sera castré. « Comme je n’arrivais pas à l’attraper, je me suis dit que ce serait bien qu’une association le fasse pour qu’elle puisse le stériliser. Je l’aurais ensuite adopté. Le problème c’est que ces assos me renvoyaient les unes vers les autres. Elles n’avaient plus de place, plus de moyens. »

« On est débordés ». C’est aussi ce qu’a dit Mme Chopin, membre des Vibrisses, l’association qui travaille à la protection des chats errants du quartier Sainte-Radegonde. Elle donne quand même rendez-vous à Sandrine pour passer voir les chatons. Les calendriers des deux femmes sont chargés, elles se loupent plusieurs fois. Découragée, Sandrine se décide à appeler une autre structure : Le chat provincial.

« On ne prend pas les chats errants, c’est la mairie qui doit s’en occuper », lui explique Dominique Guillon qui s’occupe de l’association. En effet, c’est à la municipalité que revient cette compétence. Pour faire capturer ces chats, Sandrine comprend qu’il faudra s’adresser à la fourrière. Mais on lui déconseille fortement de l’appeler. « J’avais d’abord contacté les associations parce que j’avais peur que la fourrière pique les chats », confie-t-elle. Mais elle franchit finalement le pas, d’abord pour se renseigner.

Comme une centaine de personne chaque année, Sandrine appelle la police municipale pour signaler les chats. Celle-ci l’oriente vers la fourrière qui lui demande de téléphoner au Service hygiène et santé publique de Tours. Au standard du service on lui demande d’écrire un courrier (auquel elle n’aura pas de réponse une semaine plus tard). Elle parvient à s’entretenir avec M. Bernard, le responsable dudit service. « Je voulais avoir la garantie qu’on n’allait pas les euthanasier, rapporte-t-elle. Il m’a répondu : ne croyez pas ce qu’on vous raconte ! Ils seront au chenil de la fourrière pendant 10 jours puis nous les enverrons à la SPA s’ils ne sont pas malades. » Sandrine est rassurée, M. Bernard accepte alors de lui envoyer une délégation.

De l’asso au lasso

Le 10 octobre, deux hommes arrivent chez Sandrine dans une petite fourgonnette. En une demi-heure, ils piègent la femelle et deux de ses petits. Malou et un jeune chat sont toujours libres. Une voisine en profite pour récupérer le chaton qu’elle aimerait adopter. Malou sera capturé le lendemain, alors que Sandrine est au travail. Pour chaque chat embarqué, elle signera des documents attestant de son accord.

Dix jours ont passé, les chats sont à priori arrivés à la SPA. Sandrine appelle la fourrière : « Je suis tombée sur la dame de l’accueil qui m’a dit qu’elle ne voyait aucune trace des chats, qu’ils n’avaient sans doute pas été examinés par le véto. » Sceptique, elle se rend à la SPA. Pas de trace de Malou non plus, ni de la femelle ou de la portée. On la rassure, en lui disant que, de toute façon, ils finiront par arriver. Elle y retourne le 31 octobre : chou blanc.

Le 7 novembre, Sandrine commence à désespérer. Elle joint de nouveau la « dame de l’accueil » qui, n’ayant toujours pas de trace des chats, déduit qu’ils ont été euthanasiés. Douche froide pour Sandrine. Lorsqu’elle demande pourquoi, on lui rétorque qu’ils avaient probablement le « sida du chat ». Pourtant, le chaton adopté par la voisine se porte à merveille… « Si vous vouliez récupérer un chat, il fallait vous manifester plus tôt !, lui lance la standardiste. De toute façon, c’était des chats sauvages », ajoute-t-elle.

Excédée, Sandrine réussit à joindre Pascal Haton, le responsable de la fourrière. Il lui assure qu’il existe bel et bien une trace de ces chats. Il ne peut pas en être autrement. Il note les coordonnées de Sandrine et promet de la recontacter rapidement. Deux jours plus tard, elle reçoit un mail. Il y est écrit : « Après l’expiration du délai de garde (8 jours ouvrés NDLR), si le vétérinaire en constate la nécessité, il procède à l’euthanasie de l’animal. Les animaux concernés ont été diagnostiqués non sociables et de ce fait non adoptables et donc euthanasiés à la fin du délai de garde. Signé Pascal Haton ».

Le chat provincial

Dans sa maison, Dominique Guillon accueille plus d’une centaine de chats, des animaux « dont personne ne veut » et qu’elle cherche à faire adopter.

Au pied d’une véranda, dans un jardin rue Blanqui à Saint-Pierre-des Corps, une petite fille trépigne d’impatience. « Ecoute, on va d’abord voir comment ça se passe, on ne prendra peut-être pas un chat aujourd’hui ! », lui explique gentiment son papa. Certains samedi comme celui-ci, la maison de Dominique Guillon se transforme en « foire au chaton ». Jusqu’à 14 chats peuvent être adoptés en un après-midi.

« Ici, le moindre mètre carré est dédié aux chats », atteste Dominique. Aujourd’hui, ils sont plus d’une centaine à habiter les lieux. Cela fait 15 ans que cette professeure d’anglais à la retraite et son mari ont crée leur association. À l’époque, un refuge qui recueille de nombreux chats s’apprête à fermer. « La dame faisait un burn-out, se souvient Dominique. On ne voulait pas que ça tombe à l’eau alors on a décidé de prendre le relai ». Elle y dépense tout un héritage qu’elle touche à l’époque.

Chaque jour, ses multiples chats lui prennent 16 heures de son temps. « La maison c’est 5 heures de boulot. Il faut faire les sols, les litières, et je ne parle pas de la préparation des repas ! ». Dominique utilise quotidiennement 35 sacs de litière et 17kg de nourriture. « Je dors 4 ou 5 heures par nuit, parfois je pète des plombs », concède-t-elle. C’est un reproche qu’on lui fait effectivement. Il suffit de faire un tour sur la page Google du chat provincial pour s’en rendre compte. « Cause noble, mais madame Guillon doit être plus aimable avec les personnes », peut-on y lire. Noble cause en effet, car Le chat provincial s’évertue à recueillir des animaux difficiles à faire adopter.

« Nous sommes un centre de sauvetage, affirme Mme Guillon. On est un peu dégouté parce-que personne ne s’intéresse à notre éthique. » Les chats qu’elle « sauve » sont ceux qui ne font pas parti de la catégorie « peluche des familles », assène-t-elle. L’association accepte tous les chats, qu’ils soient craintifs ou adeptes de câlins. « Lui ça fait 4 ans qu’il est là et ma tête ne lui revient toujours pas ! » s’exclame Mme Guillon en pointant un félin du doigt.

Ces chats, ils viennent d’un peu partout. L’association a un partenariat avec une fourrière privée d’Azay-le-rideau qui ne souhaite pas pratiquer l’euthanasie. Souvent, les animaux sont laissés par des particuliers. « Ca peut-être des gens qui se retrouvent avec 40 chats sur les bras parce-qu’une voisine décédée n’avait pas stérilisé sa chatte, explique Dominique. Une fois, un homme voulait me laisser son chat parce-que celui-ci ne s’entendait pas avec sa femme. Je lui ai répondu :  » Mais Monsieur, débarrassez-vous de votre femme ! » ». Il arrive aussi qu’on lui dépose des chats par dessus le portail, sans plus de cérémonie. Tous ces animaux attendent au chaud dans les chatteries que quelqu’un veuille bien les adopter. « Quand je les observe à 1h du matin, je regarde mes taulards moi. », désespère Dominique Guillon. Des « taulards » qui n’attendent qu’à être délivrés.

Malou et sa femelle attendant leur repas matinal
L’un des chatons de la portée dans le garage de Sandrine
Malou, la veille de sa capture. « Il ne restait plus que lui, il ne comprenait pas que je ne lui donne plus à manger », raconte Sandrine.
Regrets

« L’euthanasie est pratiquée en dernier recours, après avis du vétérinaire ». Ce sont les mots de Pascal Bernard, le responsable du Service hygiène et santé publique de Tours. Il précise qu’elle est pratiquée sur des chats sans propriétaire connu, des animaux qui ne pouvaient être laissés dans la rue ou pris charge par une association au motif d’un « comportement sauvage très agressif ou d’un mauvais état de santé ». Selon lui, environ 28% des chats qui finissent en fourrière seraient euthanasiés chaque année. C’est loin d’être ce que Sandrine croyait.

« Je m’en veux de ma naïveté, confie-t-elle. Je comprends qu’on ne puisse pas s’occuper de tous les chats, mais j’ai l’impression qu’ils étaient condamnés dès le moment où je les ai fait embarquer ». Elle en veut aussi à la SPA qu’elle accuse de n’avoir pas été honnête. « Je suis quand même allée sur place et l’on m’a dit :  » ne vous inquiétez pas, ils arriveront forcément chez nous « . » En réalité la SPA refuse souvent des animaux venant de la fourrière.

Chaque lundi ou vendredi, M. Haton envoie au refuge la liste des animaux qui n’ont pas été réclamés par leur propriétaire à l’issu des 8 jours de garde. On y trouve le diagnostic du vétérinaire pour chaque animal. Ce document est décisif car il contient la réponse à une question apparemment primordiale : le chat est-il sociable ? Si c’est le cas il est donc facilement adoptable, « s‘il est sauvage, la SPA ne le prendra pas », explique Pascal Haton. Les critères qui définissent la sociabilité sont flous et restent à l’appréciation du vétérinaire. « On le voit au comportement de l’animal, estime Pascal Haton. Quelques jours après la capture, le chat parvient en général à se calmer. S’il est craintif mais pas agressif, c’est un animal qu’on va considérer comme sociable. »

Il arrive aussi que certains chats ne soient jamais proposés à la SPA. C’est le cas des jeunes chatons pour lesquels il est très difficile d’envisager la vie dans un refuge. « S’il ne sont pas sevrés et qu’on ne les prend pas avec la mère, ils seront forcément euthanasiés, explique Pascal Haton. Il faudrait les biberonner toutes les 3 heures. Lorsqu’on nous appelle pour ce genre de cas, on renvoie toujours en premier lieu vers des associations. »


Le chat libre

Comment stabiliser une population de chats errants sur un territoire ? Les associations s’accordent sur un point : les euthanasies sont inutiles, mieux vaut « faire du chat libre ».

Entre les « chats peluches » dont parle madame Guillon et certains chats non sociables qui finissent euthanasiés, il y a un monde. C’est celui du « chat libre ». Ce statut existe depuis 1999. Un chat errant peut l’acquérir une fois stérilisé et identifié. Cela lui permet d’échapper à l’euthanasie et de vivre tranquillement sur son territoire d’origine. Stérilisé, il pose moins de problème aux riverains : ses urines sont moins odorantes, il se bagarre moins violemment… Surtout, il continue à défendre son territoire, prévient l’arrivée de nouveaux chats et permet de stabiliser le nombre de félins sur une zone.

Chaque commune élabore sa propre politique à ce sujet. Elle peut se charger des opérations elle-même ou les déléguer à des associations. Les procédures sont coûteuses : il faut payer la stérilisation et les charges engendrés une fois le chat relâché. Si l’animal est blessé ou malade, la mairie devra s’en occuper ; s’il provoque un accident, la victime peut se retourner vers la commune… Les mairies n’ont pas toujours les enveloppes conséquentes.

Jusqu’à aujourd’hui, 30 millions d’amis prenait intégralement en charge les frais de stérilisation dans 500 communes de France. Victime de son succès la fondation se voit aujourd’hui obligée de demander une participation aux mairies à hauteur de 50%. Pour autant, les sollicitation ne faiblissent pas. « La majorité des communes se sont rendus compte des bienfaits du système des chats libres », explique Arnauld Lhomme, enquêteur à la fondation 30 Millions d’Amis

Du chat par chat

Tours n’a pas de convention directe avec la fondation. Ceci dit, la ville réussi quand même à « faire du chat libre » grâce à des partenariats avec des associations. « Ce sont souvent elles qui font les captures, explique Pascal Haton de la fourrière de Larçay. Tours travaille avec des associations comme Félins pour l’autre ou Gamelles sans frontières qui ont des bons par l’intermédiaire de fondations telles que 30 millions d’amis ».

Ces partenariats ne sont pas formalisés, « c’est au cas par cas, explique Pascal Bernard, en charge des chats errants à Tours. On contacte une association en fonction des lieux signalés et on choisit la première qui veut bien s’en occuper ». Les chats peuvent être identifiés au nom de la ville ou bien au nom de l’association comme c’est le cas avec les Vibrisses. Ainsi, monsieur Bernard explique que la mairie peut connaître le nombre de chats libres et sans propriétaire dans la ville.

« Sur ces 3 dernières années, 6 campagnes concernant les chats libres ont été réalisées dans divers quartiers, concernant un total d’environ une trentaine de chats répertoriés », explique-t-il. Parallèlement, les associations interviennent aussi sur les domaines privés sans que la Mairie en soit nécessairement informée. Une chose est sûre : tous s’accordent à dire que le meilleur moyen d’endiguer la population de chats errants reste de faire stériliser son propre animal domestique.


Trop de chats tue le chat

Les règles sont complexes. La fourrière ne doit donner les animaux qu’aux associations qui disposent de refuges déclarés auprès de la direction départementale de la protection des populations (DDPP). Or, il n’y a que la SPA dans ce cas. La fourrière contourne souvent la règle pour placer un maximum d’animaux. Sur 100 chats capturés chaque année, la mairie de Tours affirme que 55 sont cédés à la SPA, 28 euthanasiés, 15 récupérés par leur propriétaire et que les 2 restants sont placés dans des associations. Concernant ces arrangements avec les associations, il n’y a pas de texte. C’est une entente qui permet de sauver certains chats mais qui pourrait sans doutes en sauver plus. En effet, certaines associations en sont exclus.

« En ce qui nous concerne, jamais on ne nous a proposé les chats que la SPA ne voulait pas, peste Dominique Guillon du Chat provincial. On se demande bien où ils finissent ! » Pourtant, les chats non sociables comme Malou, Mme Guillon les accepte volontiers. « On prend tous les chats et on fait un boulot de dingue pour que les « sauvages » s’habituent aux humains, argue Dominique. Il n’y a que très peu de chats qui ne parviennent pas à s’intégrer ». Comment se fait-il que Le chat provincial n’ait pas été contacté dans le cas de Malou ? Pascal Haton répond que l’association n’est pas un refuge à proprement parler car elle n’est pas enregistrée auprès de la DDPP…

« Il y a tellement de chats, déplore Michel Gogibus. Cet été on recevait entre 5 et 10 appels par jour. » Il gère l’antenne locale de l’association Gamelles sans frontières. Parmi ses multiples missions, il s’occupe de répartir les chats dans des familles d’accueil. « Personnellement, je ne compte plus le nombre de fois où M. Haton m’a lui-même appelé pour savoir si je pouvais récupérer un chat », témoigne-t-il. Cette affirmation détonne avec le chiffre donné par la mairie, à savoir que la fourrière place seulement 2 chats dans des associations chaque année… Le nombre de félins capturés par la fourrière dépasserait-il la centaine ? En tout cas, les dires de Michel Gogibus ont le mérite de montrer une chose : la fourrière de Larçay essaie tant bien que mal de placer certains chats. Certains. Dans le mail qu’a reçu Sandrine, il n’est pas mentionné que Malou ait été proposé à une association. Les structures étaient-elles toutes débordées ? Les chats étaient-ils trop « sauvages » pour qui que ce soit ?

Mauvais aiguillage

Pour se poser la bonne question, il faut aller chercher plus loin. « Un chat sauvage n’est pas fait pour être placé, il est fait pour être dehors, considère Michel. Il est sensé devenir chat libre ». En effet, une fois placé en fourrière, un chat errant ne peut plus être relâché et devenir chat libre. C’est la règle. Alors pourquoi Malou, un chat étiqueté « sauvage », s’est il retrouvé en fourrière ? « Je ne sais pas pourquoi ces animaux ont été capturés », concède Pascal Bernard. Il considère que le cas de Malou est malheureux, plutôt marginal et constitue le symptôme d’une organisation trop complexe et méconnue du public. « Il peut y avoir des mauvais aiguillages à un moment donné, admet-il. Les gens ne savent pas où appeler, d’autant plus que chaque mairie fait ce qu’elle veut au sujet des chats errants. »

« Que ce soit les administrations ou les associations qui ont chacune leur propre éthique, on est dans un flou artistique général », estime Michel Gogibus. Pascal Bernard le promet : « On va essayer d’être plus clairs vis à vis des habitants de Tours ». À partir de janvier 2019 un enquêteur se déplacera au domicile de la personne qui signale des chats à la mairie et ce « systématiquement » avec un représentant d’une association volontaire. Le binôme fera l’analyse de la situation et décidera si les chats doivent devenir des chats libres ou s’ils doivent aller en fourrière. « On a déjà commencé à mettre ce système en place », explique M. Bernard. Son objectif est de limiter les mises en fourrière aux chats errants solitaires de propriétaire inconnu, « ceci afin de permettre de retrouver le propriétaire ou, à défaut, de leur donner une chance à l’adoption, précise-t-il. On visera toujours l’intérêt de l’animal ». Il assure également qu’il rencontrera toutes les associations de protection animale dès ce début d’année.

Ce n’est pas la seule chose qui va changer : au 1er janvier, la fourrière va devenir une compétence de la métropole. C’est désormais Stéphane Ysabelle, responsable du Service propreté urbaine, qui fera le lien entre la ville et la fourrière. Il est d’ailleurs venu avec sa famille aux portes ouvertes de l’association Le chat provincial pour adopter un animal. Ses enfants ont craqué pour Aélia, un chaton avec une patte arrière blanche. « Il va d’abord vouloir se cacher, leur explique Dominique Guillon. Mettez-le dans une petite pièce pendant quelques semaines pour que vous puissiez le trouver facilement. » « On n’a qu’à le mettre dans ma chambre ! » s’exclame la fille de M. Ysabelle, le sourire jusqu’aux oreilles. Dominique Guillon extirpe le chaton nouvellement adopté de sa cage et le porte à ses bras. « Voilà ce qu’on en fait des chats sauvages ici, ironise-t-elle. Et j’ai bien dit sauvage ! »


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