[HistLoire] Le Grand prix de Tours 1923

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En 1923, le Grand Prix de France posait ses valises en Touraine. Retour sur une course au scénario imprévisible où l’écurie locale Rolland-Pilain a joué les premiers rôles. Récit.

Il est à peine sept heures. Les tribunes déjà bondées semblent accélérer la dissipation de l’aube. Le départ de la course n’a pourtant lieu que dans une heure, mais une impressionnante ferveur s’empare de la Noue-Guérinet, lieu-dit situé sur la RN 158 entre Neuillé-Pont-Pierre et la Membrolle-sur-Choisille. 

Malgré la cohue, tous les spectateurs donnent l’impression de s’être mis d’accord sur une chose : ce lundi 2 juillet 1923 doit faire date. Et pour cause, en plus de l’organisation du Grand Prix automobile de France à Tours par le prestigieux Automobile Club de France, le constructeur local Rolland-Pilain participe à la course. Une voiture, dont l’écusson du radiateur est décoré des armoiries de la ville de Tours, qui s’imposerait chez elle sur une course considérée comme l’événement de l’année dans le monde de l’automobile et dans la presse nationale, est-ce un rêve raisonnable ? Il faut bien dire que non. Si les Rolland-Pilain sont réputées puissantes avec des reprises courtes, les spécialistes émettent des doutes sur la fiabilité du moteur. Des spécialistes plutôt bien renseignés : la veille de la course, l’une des trois voitures tourangelles participantes a déclaré forfait. La faute à la rupture de la tête de bielle. Une panne moteur… 

La concurrence sur la ligne de départ est également bien relevée pour une victoire tourangelle. Quatre Bugatti, quatre Voisin et une Delage viennent compléter la liste des constructeurs français. Trois Sunbeam et trois Fiat du côté des étrangers. Ces deux dernières écuries* sont les grandes favorites d’une course de 35 tours qui s’articule autour d’un circuit triangulaire de 22,830 km entre La Membrolle et Semblançay.

Huit heures. Les voitures s’élancent en trombe… Rapidement, la Fiat de Bordino prend la tête de la course avec une vitesse moyenne de 141 km/h. Il ne roule plus, il vole, impressionne et creuse l’écart sur le reste de ses poursuivants. Au 10e tour, Bordino n’est plus là. Son compresseur est cassé. La tête de course revient à la Sunbeam, devant les deux autres italiennes positionnées à 4 minutes de l’Anglaise. Les Rolland-Pilain ? Depuis le 8e tour, il n’en reste plus qu’une, celle d’Albert Guyot. La deuxième s’est arrêtée pour une panne de pompe à huile. Une seule voiture encore en course, mais qui se positionne en 4e place et s’affirme comme la voiture française la plus rapide du Grand Prix depuis l’abandon de la Delage. Au 17e tour, la tourangelle passe même 2e derrière la Fiat de Salamano. La joie est de courte durée. Guyot, lui aussi, ne peut empêcher un arrêt au stand.

Le retour du coup de la panne

Après plus de 4 heures de course, au 25e tour, Guyot est 4e à 9 minutes d’un nouveau trio de tête. Il y a maintenant deux Sunbeam pour une seule Fiat. Dans les tribunes ou les coulisses de l’écurie de la place Rabelais, on est optimistes. Au regard du combat intense que se livrent les trois premiers, leur mécanique ne peut tenir le reste de la course et la victoire sera tourangelle. 

Finalement, c’est l’inverse qui se produit. Au 28e tour, après 600 km et plus de 5 heures de course, c’est le retour du coup de la panne pour Rolland-Pilain. La panne de la pompe à huile. Guyot est hors-jeu. Frustrant, mais peut-être pas autant que pour l’écurie Fiat. À deux tours de la fin, Salamano doit abandonner (casse-moteur) pour laisser la victoire à la Sunbeam de Segrave en 6 h et 35 min. Sur les dix-sept participants, seulement cinq passeront la ligne d’arrivée. Si parmi ces cinq il n’y a aucun pilote Rolland-Pillain, la présence de Guyot au sein d’un scénario incontrôlable ainsi que la tenue du Grand Prix de France à Tours est une réussite. Une performance qui se fête encore aujourd’hui, avec la commémoration annuelle de cette course par l’association Grand Prix de Tours. Ce lundi 2 juillet 1923 a bel et bien fait date.

* L’écurie Fiat était la tenante du titre du GP de France 1922 qui a eu lieu à Strasbourg.

Article de Pierre-Alexis Beaumont

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