Haut de la rue Nationale : pourquoi ça coince ?

Facebook
Twitter
Email

Le projet du Haut de la rue Nationale, rebaptisé entre temps « Porte de Loire », qui doit accueillir deux hôtels Hilton, des logements et des commerces, vient de connaître un nouveau rebondissement : il pourrait être revu avec de nouveaux protagonistes. Explications.

Le projet du Haut de la rue Nationale de Tours avec ses deux bâtiments jumeaux pensés comme une nouvelle entrée de cœur de ville, devait être le chantier phare symbolisant un certain renouveau du dynamisme tourangeau. Oui mais lancé en 2013 sous Jean Germain, il peine à sortir de terre et devient mois après mois, une épine de plus en plus gênante pour la majorité en place.

La vente des terrains toujours pas signée

Arrivé en octobre dernier à la tête de la ville, Christophe Bouchet avait repris le dossier en main, annonçant des nouvelles à la fin du premier trimestre 2018, le temps de quadriller juridiquement les choses. Et tous de voir cela comme une protection face aux éventuels recours juridiques.

Finalement, le problème était ailleurs : la SET, l’aménageur choisi en 2012, n’a toujours pas vendu les terrains à Eiffage, le promoteur retenu, malgré une promesse de vente faite il y a deux ans. « La vente aurait du se faire en février 2017 mais elle a été prorogée plusieurs fois, et j’ai décidé d’y couper court en octobre dernier face à l’inertie d’Eiffage » explique Christophe Bouchet. Conséquence : le projet pourrait être revu avec de nouveaux interlocuteurs. « On a tout reconsidéré, le projet était mal monté depuis le départ en 2013 ». Et le maire de Tours d’évoquer trois opérateurs à venir, un pour chaque opération spécifique (logements / commerces / hôtels). Des changements profonds qui ne doivent pas faire perdre plus de temps, Christophe Bouchet maintenant l’objectif d’une livraison de l’ensemble en 2020.

« Irréaliste » pour l’opposition municipale, agacée par les retards pris mais aussi par ce revirement. « C’est une gestion catastrophique du dossier doublée d’une opacité puisqu’on nous a caché la vérité » s’emporte Cécile Jonathan du groupe « Tours à Gauche » : « depuis 2 ans on alerte sur le problème et en retour on nous a accuse de mentir et de vouloir affoler la population. Le résultat est qu’on revient trois ans en arrière avec une situation qui tourne au ridicule en prime ». Même son de cloche du côté de Nicolas Gautreau, élu du groupe « Les Démocrates » : « Je ne suis pas convaincu par les arguments qui disent qu’Eiffage a laissé trainer les choses. J’ai l’impression qu’on a été mené en bateau dans ce dossier, surtout que lundi dernier en Conseil Municipal le maire a refusé de répondre sur cette question. Or on voit qu’il y a eu des dysfonctionnements. »

Pourquoi une réaction si tardive ?

Des dysfonctionnements il semble bien y en avoir eu dans ce dossier qui traîne et sur lequel beaucoup de questions ont en effet été déjà posées. Et parmi celles-ci, vient s’en ajouter une aujourd’hui : pourquoi la ville de Tours n’a pas réagi avant ?

« On a certainement manqué de vigilance parce que quand on a un groupe comme Eiffage en face on ne peut s’imaginer qu’ils ne soient pas crédibles » avance le maire de Tours, « on n’a pas mis les voyants à l’orange quand il le fallait ». Cette réaction, elle vient donc de Christophe Bouchet qui met aujourd’hui  la pression sur Eiffage.

« Ils m’ont présenté une nouvelle copie avec des points d’amélioration, mais c’est vrai que j’ai également d’autres projets sur la table. Je choisirai celui qui me parait le plus pertinent pour la ville ». Et si jamais Eiffage devait passer la main, Christophe Bouchet l’assure, cela ne mettrait pas en danger le projet en lui-même. « La modification du plan de sauvegarde est actée quant au permis de construire il pourrait éventuellement être simplement modifié. »

Idem pour la marque Hilton, annoncée pour les deux hôtels : « Ils sont toujours dans le projet d’Eiffage, mais pourraient rester quoiqu’il arrive ». Deux hôtels que le maire de Tours verrait d’ailleurs plus sur une gamme 5 étoiles et 4 étoiles « plus en adéquation avec les besoins que l’on a » plutôt que 4 et 3 étoiles comme prévus aujourd’hui.

Quel avenir pour la SET ?

Ce revirement pose néanmoins des interrogations. Et si Christophe Bouchet évoque un manque de vigilance comme explication, celle-ci provient à la fois de la Mairie mais aussi de la SET, la société d’économie mixte (tenue à hauteur de 80% par les collectivités publiques dont la ville de Tours) à qui la ville paye des honoraires. « Il y a eu des défaillances chez eux » note le maire de Tours.

Ces défaillances pourraient conduire à un deuxième bouleversement dans la foulée, moins visible cette fois :  celui d’une reprise en main plus directe du fonctionnement de la SET par les élus qui siègent à son Conseil d’Administration et notamment son président, Christophe Bouchet en personne. Il faut dire que le maire de Tours n’a jamais caché sa vision des choses : celle d’un meilleur contrôle des organismes publics et notamment des sociétés d’économie mixte majoritairement tenues par les collectivités.

De quoi faire naitre des rumeurs d’une éventuelle sortie de la SET sur ce projet, voire même d’une dissolution de la société mixte… « Je déments catégoriquement ces rumeurs » nous répond Christophe Bouchet, « ce serait de tout de façon inenvisageable en l’état ». Mais le maire de Tours d’évoquer néanmoins « une autonomie à revoir et un modèle vieillissant ». Il a dans ce cadre demandé un plan stratégique qui doit être présenté au prochain Conseil d’Administration de la société.

Reprise en main plus directe des élus donc, mais venant de quelles collectivités ? Tenue à hauteur de 29% par le Conseil Départemental, 22% par la ville de Tours et 21% par la Métropole, la SET subit de plus en plus de critiques et la lente avancée de projets qu’elle porte (Porte de Loire mais aussi quartier des casernes) agace. Du côté de Tours Métropole, Philippe Briand lors d’un conseil métropolitain à l’automne dernier n’a pas caché son peu d’intérêt pour la société : « Je n’ai pas besoin de ce genre d’aménageur » avait-il déclaré. Une phrase pas passée inaperçue au moment même où la Métropole se dotait de son propre outil : un établissement foncier pour acquérir les emprises nécessaires aux projets qu’elle souhaiterait porter, sans prérogative de gestion de l’aménagement.

« La métropole veut rester maître de son aménagement » nous explique une source proche du dossier, « elle préfère négocier directement avec des promoteurs privés. Elle n’a donc pas besoin de la SET qui constitue pour elle un intermédiaire inutile et cher. Ce que ne peut pas faire la ville de Tours à cause de ses problèmes de financements. Elle a donc besoin de la SET et a tout intérêt de reprendre le contrôle dessus ». Les difficultés rencontrées autour de projets portés comme Porte de Loire, pourraient alors devenir le prétexte parfait pour cela…

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter