Grande interview de la députée Fabienne Colboc : « Je ne veux pas me droitiser »

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Depuis 2017, Fabienne Colboc représente le Chinonais et le Sud-Ouest de Tours Métropole à l’Assemblée Nationale. Réélue pour un second mandat en juin 2022, la députée macroniste est la voix de 78 communes au Palais Bourbon. Des territoires dont elle se dit la représentante directe, préférant parler des sujets de terrain que commenter la politique nationale. On lui a quand même demandé de répondre sur la réforme des retraites ou le climat global du pays. Entretien long format pour 37 degrés depuis sa permanence de Ballan-Miré.

« Les Français méritent mieux qu’un statut quo » assène Fabienne Colboc. Membre du parti Renaissance, et donc issue de la majorité relative, la députée tourangelle est un soutien franc de la politique d’Emmanuel Macron ou d’Elisabeth Borne. « J’assume complètement même si je ne suis pas toujours d’accord avec ce qui peut être dit ou fait » précise-t-elle, insistant par exemple sur son regret quant à l’utilisation du 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites : « J’aurais aimé aller jusqu’au vote mais ce ne serait pas passé. »

Presque un an après sa réélection de justesse face au socialiste Laurent Baumel, celle qui oscille entre Joué-lès-Tours, Ballan-Miré, Chinon ou Ste-Maure constate un changement très clair dans le climat politique :

« On a affaire à des oppositions très fortes, notamment de la NUPES et du RN. L’Assemblée est très clivante. On sent que des fois il n’y a pas de discussion possible et c’est frustrant. Même si on veut faire des efforts pour écouter, essayer de se rapprocher des écolos, des LR, du PS ou des communistes c’est difficile d’arriver à un consensus. »

Et si l’on retiendra les multiples passages en force du gouvernement sur les textes budgétaires (adoptés sans vote) ou le report de la loi immigration après l’été faute de majorité, Fabienne Colboc voit plutôt que « énormément de lois ont été votées sans 49-3 sur la transition écologique, le pouvoir d’achat ou le nucléaire, qui donne une vision. Ce n’est pas du tout une Assemblée Nationale à l’arrêt : il n’y a pas que des propositions transpartisanes qui passent. » Selon elle, « le plus dur » c’est les masses d’amendements déposés sur les lois les plus polémiques, en particulier la réforme des retraites : « On nous a empêché de débattre. Présenter 10 000 amendements ce n’est pas démocratique. »

A l’heure où les casserolades émaillent le pays pour dénoncer bruyamment la politique gouvernementale, ou que son collègue d’Amboise, Daniel Labaronne (Renaissance) voit son domicile tagué, la députée de la 4e circonscription d’Indre-et-Loire assure continuer de bénéficier d’un accueil cordial : « Les gens savent qu’ils peuvent me parler, ils n’ont pas besoin d’être agressifs. Il y en a qui me disent qu’il ne faut pas faire comme ça mais aussi d’autres qui pensent qu’on ne doit pas lâcher, qui savent que cette réforme des retraites est nécessaire même si elle est incomplète car on n’y parle pas du travail. On est dans une France au déficit important et on ne peut pas encore faire des dépenses sur l’éducation, le service public ou l’hôpital sans réparer des déficits quelque part. Pour pouvoir travailler sur autre chose il était nécessaire de poursuivre la transformation du pays. »

Mais comment retrouver un semblant d’apaisement du débat politique national comme le chef de l’Etat en appelle de ses vœux ?

« Il faut des textes qui répondent très concrètement aux difficultés des Français. Sur l’accès à la 4G ou la fibre dans les territoires ruraux mais aussi l’emploi… Il faut trouver des moyens pour faire en sorte que les territoires avancent. Les gens ne veulent plus être isolés. Tous les territoires doivent bénéficier d’un traitement égal. »

Des sujets sur lesquels il faudra trouver des alliances, par exemple sur la question de la fin de vie pour laquelle la Tourangelle souhaite des évolutions vers la création d’une aide active à mourir encadrée. Avec qui sur des sujets aussi clivants ? Fabienne Colboc plaide pour du cas par cas. « Je ne veux pas me droitiser » lance celle qui – venant plutôt de la gauche – résume toujours Renaissance comme un parti ni de droite, ni de gauche. En juin, la membre de la commission culture-éducation présentera un texte sur la danse en commun avec une élue Les Républicains : une loi qui doit permettre une meilleure reconnaissance des différentes disciplines, comme le hip hop « car aujourd’hui les diplômes d’Etat ne sont possibles que pour la danse contemporaine, le jazz et le classique. C’est quelque chose de très important pour les territoires. »

Le local, justement. Profitant actuellement de la vacance de la session parlementaire, la députée du Chinonais ne décline « presque aucune invitation. » « Je me considère comme ayant un rôle d’animation du territoire » dit-elle, relayant par exemple en direct auprès des maires les votes qui peuvent les concerner à l’Assemblée Nationale. « En écoutant les territoires, on peut faire modifier des choses dans les lois » veut croire par exemple Fabienne Colboc. Son combat du moment fait le croisement entre les dispositifs de l’Etat pour aider les petites communes et la politique éducative :

« On ne peut pas d’un côté donner le label Petite Ville de Demain à Sainte-Maure-de-Touraine et de l’autre fermer une classe. On ne peut pas d’un côté donner des moyens pour qu’une ville se développe et 6 mois après lui dire qu’une classe va fermer. Ça n’a pas de sens et ça a été entendu. Il faut une vision de l’école rurale à 3 ans, pourquoi pas regrouper des RPI par exemple (regroupements d’école dans un village, ndlr). »

Parmi les autres dossiers des derniers mois : les difficultés de personnel de l’hôpital de Chinon avec l’enjeu du maintien de sa maternité, fermée plusieurs semaines en 2022.  « On sait qu’elle ne sera pas à l’équilibre car on n’atteint pas le seuil de 900 accouchements par an mais on rajoutera l’argent qu’il faut » assure Fabienne Colboc qui a aussi suivi de près le projet d’ouverture d’une Maison des Savoir-Faire à Villaines-les-Rochers : son inauguration aura lieu le samedi 6 mai, très sûrement en présence de la créatrice de mode Agnès B.

L’élue fait par ailleurs partie des soutiens au développement de l’étoile ferroviaire de Tours avec le projet dit de RER tourangeau : « On est tous ensemble à porter ce projet, on ne lâche pas » lance-t-elle, même si ça prendra forcément des années. Comme beaucoup de grands projets locaux qui mettent bien souvent un temps fou à émerger, au point qu’on se demande parfois si la Touraine est encore crédible quand elle va quémander des soutiens financiers en haut lieu. Fabienne Colboc assure que oui, que les retards sur des sujets comme la ligne B du tram de Tours « ne portent pas préjudice » au reste, comme l’octroi de subventions dans le cadre du Fonds Vert (à Couziers, Ballan-Miré…) ou l’accompagnement à des projets comme ceux de Chinon.

Propos recueillis avec Mathieu Giua.

Un degré en plus :

Fabienne Colboc a la commune de Joué-lès-Tours sur sa circonscription. Son maire Frédéric Augis a récemment été accusé d’insulte raciste envers son collègue Cédric de Oliveira, traité de « sale portugais » en marge d’une réunion de Tours Métropole. A l’instar d’un grand nombre de politiques du département, l’élue macroniste dit ne pas vouloir commentée se disant simplement « choquée » par les propos en question.

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