Girls in Hawaii, le rock multigénérationel

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Tête d’affiche de la soirée de jeudi à Aucard de Tours, et même de tout le festival, Girls in Hawaii a mis tout le monde d’accord sous le Grand Chap’ : d’un côté il y avait celles et ceux qui connaissaient le groupe depuis ses débuts, il y a déjà presque 20 ans. De l’autre, les plus jeunes ont découvert des Belges expérimentés qui ont parfaitement su se réinventer. Rencontre avec le chanteur Lionel dans les loges du festival…

En arrivant sur la plaine de la Gloriette aux Deux-Lions, impossible de rater le tour bus de Girls in Hawaii, garé fièrement dans les coulisses du festival : « avant on était en van, on conduisait nous-mêmes et on n’en pouvait plus » raconte Lionel. Depuis le groupe a donc changé de dimension, il a vieilli, naturellement, mais surtout mûri et reste toujours aussi hyperactif. Un seul exemple : ses 120 dates de concerts après la parution de son avant-dernier album Everest ou l’aller-retour depuis la Belgique juste pour deux concerts cette semaine (Aucard puis La Rochelle), en guise de warm up à la succession de dates prévue tout au long de l’été.

Invités pour la première fois à Aucard, Lionel, Antoine et leur bande sont sous le charme : « on est arrivés tôt et on a direct été accompagnés, c’est cool », une ambiance bon enfant que le chanteur a tendance à préférer à celles des grosses machines avec plusieurs dizaines de milliers de spectateurs car sa priorité c’est les échanges avec un public attentif et très présent :

« On tourne beaucoup donc il y a un vrai contact avec les gens. Malgré les longues absences (en moyenne 4 ans entre chaque album, ndlr) et tout ce qui est arrivé au groupe (l’un de ses membres est décédé dans un accident en 2010) on a un public très fidèle. Pour certains le premier disque a vraiment eu un impact énorme, en particulier en Belgique : les gens ont été marqués à certains moments de leur vie et ils vivent vraiment des trucs émotionnels. »

« En groupe il y a quelque chose en plus qui nous permet de lâcher prise »

Pour autant, et malgré tout l’amour qu’ils ont pour la scène, les Girls in Hawaii s’en éloignent volontairement pendant un certain temps après chaque tournée : « on donne et on reçoit énormément, sur la longueur c’est déstabilisant. On est contents de revenir mais aussi de fermer les portes pour faire renaître l’envie. Tous ces groupes des années nonante et 2000 qui tournent en permanence, je ne sais pas comment ils font. »

Pour Girls in Hawaii, une tournée c’est toujours la fin d’un cycle : « ça clôture tout un pan de création, c’est la fin du chapitre à l’issue duquel on part retrouver notre famille et nos amis » explique Lionel, par ailleurs très soudé avec le reste de la bande : « on a chacun notre petite vie privée, mais en groupe il y a quelque chose de plus qui nous permet de lâcher prise les uns avec les autres. »

« On a eu envie de se surprendre à nouveau »

Cette vie de famille, celle de jeunes papas pour certains membres du groupe, conjuguée avec l’âge qui avance, a nécessairement un impact sur la créativité de Girls in Hawaii qui a fait paraître Nocturnes fin septembre 2017, un album moins personnel, plus ouvert : « on a eu envie de se surprendre à nouveau, de se recréer. On en a eu marre de ce côté postadolescent parfois un peu égocentré. » Ainsi, l’un des titres revient sur un fait d’actualité marquant : la photo d’Aylan, ce jeune réfugié dont le corps sans vie est étendu sur une page de la Méditerranée : « le but n’est pas de faire un disque politique mais d’évoquer l’émotion suscitée par cette photo dont l’impact a été énorme. »

Au final, c’est un album au titre sombre mais lumineux. Les sons électroniques y prennent le pas sur les guitares, ce qui n’empêche pas le groupe de se montrer sur scène avec tous ses instruments puisqu’il mélange chaque soir des titres issus de tous ses albums dans un ordre aléatoire ce qui donne un assemblage intéressant des différentes productions de Girls in Hawaii, un groupe qui oscille entre pop et rock tout en s’inspirant du hip hop, parfait pour faire vibrer Aucard comme il se doit.

Propos recueillis avec Mathieu Giua / Photo : Pascal Montagne

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