Le festival Bruissements d’elles fait son retour dans onze villes du département, du jeudi 2 au samedi 25 mars 2023. L’objectif principal de cette 24e édition ne change pas : mettre les femmes artistes en avant, à travers la danse, la musique, la peinture ou la littérature.
Vingt-quatre éditions déjà. Ce jeudi 2 mars, le collectif Bruissements d’elles lance un mois de festivités autour de la création artistique féminine, à l’occasion du mois de la journée internationale des droits des femmes. Une vingtaine d’événements sont organisés jusqu’au samedi 25 mars, répartis dans onze villes et quatorze salles du département, où plus de 5 000 spectateurs sont attendus. Au programme : théâtre, danse, musique, peinture, littérature… Le festival se veut pluridisciplinaire, invitant des artistes de tous horizons, connues ou en devenir.
Bruissements d’elles a été créé en 1998 par deux adjointes à la culture, alors en poste à La Riche et Joué-lès-Tours. « Il y avait vraiment cette volonté de mettre en avant la création et l’émancipation des femmes artistes et d’affirmer cette place qui n’est pas si évidente à trouver et à conserver dans le milieu artistique », explique Stéphanie Drevin, directrice et programmatrice de l’espace culturel La Parenthèse, à Ballan-Miré. S’il s’agit de mettre en avant les femmes à travers leur art, qu’elles soient chanteuse, comédienne, metteure en scène ou plasticienne, l’objectif est également d’aborder leur histoire, leurs droits, leurs combats.
« Il reste encore des choses à défendre »
Depuis 25 ans, les choses ont évolué, même s’ils restent de nombreux sujets de débats. « C’est vrai qu’il y a beaucoup de femmes, en dehors du festival, qui sont programmées dans nos saisons culturelles maintenant mais il reste encore des choses à défendre et ça reste d’actualité à l’échelle nationale. Dès que nous sommes sur des plus grandes salles et sur les têtes d’affiche, les femmes restent moins présentes », indique Claire Barbieux, en charge de la programmation de la saison culturelle de La Grange, à Luynes. Elle prend également l’exemple des femmes cheffes d’orchestre, encore largement minoritaires. Un thème qui sera traité au cours du festival grâce à trois projections du film de Marie-Castille Mention-Schaar, « Divertimento », inspiré de l’histoire de la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani et de sa jumelle, Fettouma.
Le festival Bruissements d’elles, qui suit les évolutions et change en même temps que la place des femmes artistes, garde la même ligne directrice depuis sa création mais tente de se réinventer chaque année. « Les structures, les communes et les programmateurs ne sont pas toujours les mêmes, le festival évolue donc dans ses couleurs, ses sensibilités », assure Stéphanie Drevin. Et Claire Barbieux de compléter : « Les artistes vont également développer une esthétique, un discours qui va plus ou moins touché à l’actualité. Nous évoluons donc en fonction de l’évolution de la femme et de sa place dans la société et dans le monde. »
Faire connaître des artistes locales
À travers les différents spectacles, le collectif souhaite par ailleurs faire connaître des artistes locales et régionales. Les compagnies Supernovæ et Rugi’son, la chanteuse Dorothée Doyer ou la comédienne Elsa Adroguer représenteront ainsi la Touraine dans les salles du département, tout au long du mois de mars. D’autres feront des centaines de kilomètres mais restent de la région Centre-Val de Loire. La Oups dance company, qui présentera « Pardon », samedi 11 mars à La parenthèse, vient par exemple de Vineuil (Loir-et-Cher). Arbre compagnie, qui jouera « Amours », vendredi 17 mars à La Grange, est une troupe d’Eure-et-Loir. « Nous avons plus de 60 % d’artistes régionales, se réjouit la programmatrice de l’espace culturel de Ballan-Miré. Nous sommes sur un festival de territoire, il est donc important de soutenir et faire travailler les femmes artistes qui le font vivre. D’autant qu’elles ont des choses à dire. »
Claire Barbieux considère ce festival comme « une porte ouverte pour amener de nouvelles choses dans nos programmations, oser aborder des sujets qu’on ne se permettrait pas avec nos publics en dehors du festival ». Cet événement itinérant est aussi l’occasion de faire circuler les spectateurs de ville en ville, de salle en salle. Et, si pendant Bruissements d’Elles, ce sont des femmes qui parlent des femmes, les différentes manifestations n’en restent pas moins ouvertes à tous, hommes et enfants compris. « L’idée est de concerner tout le monde ! Il y en a d’ailleurs pour toutes les tranches d’âge, puisqu’il y a même des spectacles jeune public avec “Sauvons les pâquerettes”, du collectif Coqcigrue. Le festival traverse les générations », assure-t-elle. Selon les programmatrices, les nouvelles générations ont besoin d’être sensibilisées sur les conditions de la femme dans le monde et présenter des spectacles pour les plus jeunes permet de faire comprendre aux petites filles que les professions artistiques leur sont accessibles. « Il faut que personne ne soit exclu, sinon le discours aura moins d’impact », poursuit Stéphanie Drevin.
Avec ce festival, le collectif cherche enfin à divertir le public. « L’objectif est de donner du plaisir aux gens. Nous souhaitons amener d’une manière ludique un contenu bien réel sur les femmes et la place de la femme dans le milieu artistique mais il faut s’amuser, prendre du plaisir à voir tout ça », estime la directrice de La Parenthèse. Et, si tous les spectacles ne sont pas drôles, elle l’assure : « Nous pouvons prendre du plaisir à voir des pièces dramatiques. Si c’est bien construit et bien mené, ça peut être excellent. »
Un degré en plus
Soirée d’ouverture du festival Bruissements d’elles, ce jeudi 2 mars, à partir de 19 h 30, au Bateau ivre, à Tours. Najoi Bel Hadj, Duchesses et DORRR seront sur scène.
Pour l’achat d’un billet plein tarif, le tarif réduit est appliqué sur les billets pour tous les autres spectacles. Programme complet, informations et billetterie sur le site www.bruissementsdelles.fr
Photo principale : Morgan Eloy
