Entre pandémie et projets d’avenir : dans les coulisses d’un hôtel tourangeau

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C’est un des paradoxes de la crise sanitaire que nous vivons depuis presque un an : les hôtels ont le droit d’ouvrir mais leur modèle économique est complètement chamboulé par la situation. Entre l’absence des touristes étrangers, la raréfaction des visiteurs français et l’envol partiel des voyageurs d’affaire qui privilégient la visio ce n’est pas simple de bâtir des plans pour la saison. Illustration à l’Artist Hôtel, établissement de l’enseigne Best Western Plus situé à proximité de la gare de Tours.

A quelques exceptions près on va rarement à l’hôtel dans sa propre ville. Ici, les 53 chambres sont réparties sur 4 étages avec un numéro et surtout un nom d’artiste (acteurs, musiciens…) : « Certains clients nous demandent une chambre en particulier, parce qu’ils aiment bien telle ou telle personne » raconte Claire Ojoodha, directrice des lieux depuis 2018 et embauchée dans l’établissement dès 2015. Chaque niveau a sa couleur, au 4e étage on peut même profiter d’un balcon. Et apercevoir les tours de la cathédrale depuis certaines fenêtres.

L’Artist Hôtel est un établissement 3 étoiles avec salle de sport, terrasse extérieure, salle de séminaire parking privé, bar… et bientôt un espace de coworking accessible pour tout le monde moyennant le coût d’une consommation. « On espère l’ouvrir en avril » nous dit Claire Ojoodha. L’évolution logique d’une entreprise qui fonctionne déjà beaucoup avec le tourisme d’affaire, en particulier sur la période septembre-mars et encore plus avec l’instauration du couvre-feu : « Depuis le reconfinement de novembre nous fermons les week-ends parce qu’il n’y a pas de demande. Pour la Saint-Valentin on aurait seulement eu une réservation. » En 2020 le taux de remplissage moyen des chambres était autour de 40% contre 80% les années précédentes (60% pour une année normale à l’échelle de la région).

L’espoir d’un retour rapide dès la levée des mesures sanitaires

Face à une telle situation, tout le personnel (soit 12 personnes) passe une partie de son temps en chômage partiel : « On fait une rotation. Le but c’est de ne pas perdre les compétences. Au moment du premier confinement nous avions totalement fermé et la reprise n’a pas été simple. C’était difficile de reprendre les habitudes mises de côté. Psychologiquement nous étions prêts mais il y avait encore de l’exercice à faire pour rentrer dans l’ambiance de travail. On avait perdu le rythme » explique Alain qui est chef de réception.

La réouverture du mois de juin a tout de même été couronnée de succès : « On avait trois réservations pour le 1er jour et on a fini avec 15 » se souvient la directrice. Le début d’une longue série de commandes à la dernière minute : « Aujourd’hui on ne fonctionne presque que comme ça. » Suffisant pour remplir environ deux étages sur 4 au quotidien, et garder l’espoir d’une reprise dynamique dès la levée des mesures sanitaires :

« En juillet-août on ne s’attendait pas à ce que les gens bougent autant, qu’ils auraient le courage de sortir mais ils l’ont fait dès la réouverture des restaurants. Il y avait un besoin social, les gens voulaient prendre l’air, voir autre chose. C’était une clientèle très française, avec une hausse des personnes venues pour la Loire à Vélo. »

Une parenthèse avant le retour de bâton : « Ensuite on a observé une rechute d’activité en septembre, qui s’est accentuée en octobre » constatent Claire Ojoodha et son réceptionniste Alain. En effet, le couvre-feu à 18h auquel s’ajoutent la fermeture des châteaux, des restaurants ou des musées ça rend bien moins attrayante cette ville de Tours – habituellement cité étape autour de laquelle on rayonne.

L’envie de décrocher une 4e étoile

Les Allemands, Brésiliens, Espagnols et autres Italiens n’étant pas près de revenir, l’Artist Hôtel mise beaucoup sur sa clientèle professionnelle, pour des séjours généralement compris entre une et trois nuits. « Ce sont des habitués, il faut montrer qu’on est là pour eux. Même s’il y en a certains que nous n’avons pas encore revus comme les Allemands d’SKF et Radiall. Tout le monde n’a pas encore vraiment repris. J’espère qu’ils vont bien… » exprime la directrice, qui mise sur les quelques congrès du printemps encore maintenus : « On relativise la situation ».

Au passage, l’établissement maintient ses différents projets au premier rang desquels une rénovation complète de ses locaux. A l’origine prévue fin 2020, elle est décalée d’un an pour cause de crise sanitaire. Un rafraîchissement après 9 ans dans le décor actuel. Une remise au goût du jour s’imposait donc pour rester dans la tendance (les modes changent vite dans le monde du tourisme). Objectif : décrocher la 4e étoile. L’autre actualité de l’entreprise c’est son référencement au sein du label Clef Verte, qui distingue les lieux de villégiature écoresponsables :

« Pour nous ça ne signifie pas de grands changements car nous avions déjà mis en place certaines habitudes comme le recyclage des déchets, l’éclairage LED, les gobelets recyclables en bambou ou la vaisselle réutilisable. Nous avons stoppé les savonnettes et nous allons prochainement changer nos produits d’accueil puis remplacer presque intégralement les baignoires par des douches, qui sont de plus en plus demandées. Quand nous reprendrons le petit déjeuner buffet nous proposerons les restes sur l’application Too Good To Go pour éviter le gaspillage. Nous avons également donné nos anciennes couvertures à la SPA. »

Des projets dans un contexte incertain mais il s’agit de rester dynamique alors que le marché de l’hôtellerie en Touraine sera bientôt bousculé par l’ouverture des nouveaux hôtels de la Rue Nationale (170 chambres en 3 et 4 étoiles) : « Ils seront les bienvenus dans les congrès mais je pense que ça ne nous fera pas trop de concurrence » parie Claire Ojoodha.

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