[Dossier : Habitons demain] De bon conseil

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Retrouvez le dossier principal du magazine papier 37° n°8 automne-hiver 2022 nommé « Habitons demain »

La loi interdira bientôt la location de certains logements considérés comme des passoires thermiques, ces habitations difficiles à chauffer en hiver et souvent compliquées à garder fraîches l’été. C’est un enjeu environnemental mais aussi pour le confort des personnes qui y vivent. On a trop entendu d’histoires de taudis, de marchands de sommeil ou autres arnaques autour de l’immobilier. Qu’on soit locataire ou propriétaire n’est pas vraiment la question. Vivre dans un appartement ou une maison qui s’adapte aux évolutions de la société, voire de l’humanité, est aujourd’hui devenu capital. Mais comment faire pour que ce soit accessible à tout le monde ? Comment les professionnels de l’immobilier, de la construction, de l’architecture ou de la décoration prennent-ils en compte ces mouvements ? Quelle est la réalité de leur quotidien et quel futur se dessine pour leur métier ? Ce sont ces questions que l’on a voulu aborder dans ce dossier spécial.


Hausse des prix, rareté des biens et difficultés d’obtention des prêts : malgré un paysage en grand chambardement depuis le Covid, travailler dans l’immobilier fait toujours rêver. Rencontre avec deux professionnels tourangeaux qui viennent de se lancer.

En 2022 l’immobilier se passe beaucoup sur Internet. On regarde les annonces, on fait défiler les photos et on prend rendez-vous par mail pour visiter. Il n’empêche, les agences immobilières restent très présentes dans le paysage commercial physique avec des marques à forte notoriété comme Stéphane Plaza, le mastodonte tourangeau Citya ou encore Orpi… sans oublier une kyrielle d’enseignes indépendantes. A Tours, une recherche basique révèle immédiatement une vingtaine de résultats entre la Loire et le Cher. Presque autant que des boulangeries, banques ou pharmacies. Autant de vitrines devant lesquelles s’arrêter pour fantasmer devant la maison ou l’appartement de ses rêves…

L’implantation est un atout important quand on exerce dans la pierre. Eric Brulé le revendique. Chez lui pas d’affichettes côté rue mais une porte grande ouverte et un sas d’entrée cosy pour recevoir la clientèle. De quoi suggérer la confiance, si importante dans un milieu à la rude concurrence. L’homme le sait bien car il fait lui-même partie des challengers du secteur. Depuis fin 2021, il est responsable de l’antenne tourangelle du réseau Déclic Immo. Pas une agence immobilière au sens strict du terme mais la déclinaison locale d’une marque qui fait travailler conseillères et conseillers sous le statut d’indépendants. A l’instar des livreurs de repas, ils ont une micro-entreprise et reversent une partie de leurs commissions de vente à la maison-mère (entre 10 et 40%).

Un secteur qui attire pour les reconversions

En phase avec son époque, ce modèle a explosé en moins d’une décennie via le développement de sociétés comme Iad, Safti ou Capifrance. Avantages affichés : une souplesse d’organisation du temps de travail, des formations régulières et la possibilité de revenus confortables si les ventes s’enchaînent (les commissions représentent souvent 3 à 5% du prix de vente d’un bien). Malgré des inconvénients évidents (statut précaire, forte concurrence) ce sont des dizaines de profils qui ont émergé en Indre-et-Loire, inondant sites spécialisés et réseaux sociaux. « Tous les conseillers qui travaillent avec moi n’ont jamais fait d’immobilier avant » souligne Eric Brulé qui collabore avec trois personnes et recrute dans l’objectif de quadriller le département avec une dizaine de professionnels.

Mais comment en vient-on à l’immobilier ? Ex-cadre dans la grande distribution, Eric Brulé raconte que c’est l’envie de contrer ses mauvaises expériences qui l’a poussé à se lancer : « Ce que je souhaite avant tout c’est de ne pas faire subir ce que j’ai subi, c’est-à-dire un manque d’accompagnement et le sentiment d’être considéré comme un billet de banque. Pour mon premier achat j’étais dans le flou total et pour les suivants c’était souvent plus de son plus d’image jusqu’à la convocation chez le notaire. On m’a aussi proposé des biens qui n’avaient rien à voir avec ce que j’avais demandé. » Lors de ses recrutements, il se dit donc « très vigilant sur l’accompagnement et la formation ».

Un intense boulot de réseautage

« Je vois plus le métier comme un service que par le fait de vendre quelque chose » abonde Yannick Lureau, conseiller Déclic Immo depuis le mois de mai (avec une vente réalisée sur ses trois premiers mois d’activité). Spécialisé sur le secteur de Luynes, Langeais et Château-la-Vallière, cet ancien professionnel du bâtiment se doit de multiplier les sessions de porte-à-porte en espérant qu’on lui confie des projets de vente. « On a des communes où c’est difficile, il faut intégrer le réseau local, tout se passe par le bouche-à-oreille » raconte-t-il, assurant que la démarche lui est assez naturelle : « Ça ne m’a jamais dérangé de pousser des portes. Sur 10 personnes qui ouvrent il n’y en a qu’une qui nous reçoit mal. Et souvent on repart avec de multiples informations, par exemple sur les biens vendus récemment dans le quartier. »

Des données capitales alors que le marché immobilier tourangeau est en plein bouleversement : « Les prix ont progressé de manière exponentielle depuis 4 ans pour atteindre des niveaux aberrants dans certains quartiers de Tours » éclaire Eric Brulé, relevant les demandes d’espace extérieur fort difficiles à satisfaire ou l’attrait grandissant de la grande couronne tourangelle (Athée-sur-Cher, Larçay voire Semblançay) dans le but de bénéficier de tarifs plus abordables. « On a une forte pression venue d’acheteurs parisiens avec un budget conséquent. Quand on vend un bien cher on achète cher » résume le professionnel.

Ainsi, les annonces au bon prix ont à peine le temps d’être publiées que l’acquisition est déjà assurée d’autant qu’il y a pénurie de biens disponibles : « Beaucoup se demandent si c’est le bon moment de vendre car ils craignent de devoir racheter plus cher » explique Eric Brulé qui parie sur une stabilisation des prix à moyen terme, surtout avec des prêts de plus en plus difficiles à obtenir (refus des banques pour 50 à 65% des demandes selon nos interlocuteurs). Des facteurs à prendre en compte pour réussir son enracinement dans un métier essentiel mais soumis à moult incertitudes.

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