De nouveaux maires à l’épreuve du virus

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Retrouvez le dossier principal du magazine papier 37° n°5 automne-hiver 2020. En cette année particulière, il était difficile de ne pas revenir sur la crise du Covid-19 qui a bouleversé notre quotidien.


Elus maires de Tours et de Saint-Pierre-des-Corps en juin dernier, Emmanuel Denis et Emmanuel François débutent en cette année 2020 leur tout premier mandat aux commandes d’une ville. Un moment toujours particulier dans la vie d’un élu, mais qui l’est encore plus avec la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus…

Tours et Saint-Pierre-des-Corps… Deux communes voisines, deux nouveaux maires et deux victoires historiques aux dernières élections municipales. D’un côté, avec Emmanuel Denis, l’arrivée – pour la première fois – d’un écologiste à la tête de la principale ville d’Indre-et-Loire. De l’autre la prise d’un bastion communiste depuis près de 100 ans par un maire non-encarté mais soutenu par une partie de la droite locale (Emmanuel François).

Forcément, en se lançant dans la course aux municipales quelques mois en arrière, voire quelques années pour Emmanuel Denis à Tours, les deux hommes avaient imaginé ce moment de triomphe, celui d’une victoire fêtée avec leurs militants et soutiens. La réalité de l’élection 2020 aura été tout autre, singulière, unique, de part son maintien en pleine épidémie et la longueur de l’entre-deux tours (près de 3 mois). Oui, la Covid-19 a tout chamboulé, du calendrier à la prise de fonction en passant surtout par l’urgence sanitaire, sociale et économique qui impacte le début de mandat.

Une arrivée au cœur de l’été

Emmanuel François

Alors la crise du coronavirus a-t-elle freiné le début de mandat des nouveaux maires ? Habituellement, cette période constitue déjà un temps d’acclimatation entre la prise en main des dossiers en cours, l’apprentissage des rouages administratifs ou l’installation des équipes de collaborateurs… C’est aussi traditionnellement une période propice aux premiers chantiers politiques lancés pour marquer de son empreinte les six années à venir.

« Le fait d’arriver à la tête de la ville en juillet a compliqué un peu les choses » analyse Emmanuel François à Saint-Pierre-des-Corps. « D’ordinaire, en arrivant au mois de mars, cela laisse le temps de préparer la rentrée de septembre qui est le premier temps fort du mandat. Là ce n’était pas le cas, il a fallu aller vite, avec des effectifs réduits lors des congés d’été. »

Un sentiment partagé par son homologue de Tours, Emmanuel Denis, qui explique avoir été tout de suite dans l’urgence : « En arrivant au pouvoir en juillet, on aurait pu se dire que c’était plus facile, car le rythme est moins soutenu en été. Cela n’a pas été le cas car il y avait plein d’arbitrages à rendre parce que la trêve électorale a duré plus longtemps que prévu. »

Pourtant, de l’avis des deux maires, ce début de mandat n’est pas si différent que ce à quoi ils s’attendaient. « Je n’ai pas de point de comparaison » affirment-ils tous deux quand on les interroge à ce sujet. En revanche, ils reconnaissent que l’attente des habitants et les échanges avec ces derniers sont très focalisés par l’épidémie en cours. « C’est la première préoccupation et la question sur laquelle on nous interpelle en permanence » analyse Emmanuel Denis, « ils nous voient comme celui qui a forcément des réponses à apporter. »

Les maires en première ligne de la gestion de crise

Emmanuel Denis

Il faut dire que la crise sanitaire a remis encore un peu plus sur le devant de la scène le rôle et les responsabilités des maires, en première ligne de la gestion de la situation en lien avec la Préfecture. « Cela a pu recentrer les missions municipales et la reconnaissance des habitants sur notre action » pour Emmanuel Denis. Un avis que tend à partager Emmanuel François qui salue l’importance des relations étroites avec la Préfecture, mais aussi la politique gouvernementale de gestion décentralisée permettant « d’apporter des réponses ciblées et localisées à la crise. »

Cette gestion municipale s’est notamment manifestée lors de la rentrée scolaire, avec la crainte d’une reprise rapide de l’épidémie, la nécessité d’adapter les écoles au protocole sanitaire, la fermeture de crèches ou écoles afin d’éviter au mieux la multiplication de clusters… « Une situation d’urgence permanente » pour reprendre les mots du maire de Tours qui « demande beaucoup d’énergie et de temps » au détriment parfois d’autres actions. Pour autant l’élu voit aussi dans cette gestion de crise une opportunité pour accélérer certains projets, à l’instar de la politique cyclable et la mise en place de pistes transitoires qui ne seraient – dès lors – que les prémices d’installations plus pérennes en adéquation avec le programme qu’il portait comme candidat. « La priorité des premières semaines de notre mandat a été la mise en place des mesures additionnelles que nous avions annoncées lors de l’entre-deux-tours en réponse à la crise du coronavirus » rappelle-t-il même en citant les Estivales commerçantes ou les Inattendus en soutien aux commerces et aux acteurs culturels.

Des répercussions sur l’ensemble du mandat

Après la réaction aux urgences va venir le besoin de réponses sur la durée. Avec un écueil sérieux : la crise sanitaire impacte les finances communales, et donc les marges de manoeuvre des municipalités : « Il y aura des recettes en moins, même si aujourd’hui on ne sait pas encore à quelle hauteur » prévient Emmanuel Denis qui se prépare par ailleurs « à affronter des difficultés demain avec les conséquences économiques et sociales qui se profilent pour les habitants. » Des réalités que l’exécutif devra prendre en compte sur la durée.

Tout cela ne permettra pas aux deux nouveaux maires de diriger leur ville exactement ils avaient pu l’imaginer en concevant leur programme. « La Covid-19 a changé ma vision sur certaines choses » reconnaît le maire de Saint-Pierre-des-Corps qui pense notamment à la politique en matière de santé. A Saint-Pierre-des-Corps, la ville dispose d’un centre municipal de santé avec des médecins salariés par la commune. Le nouveau maire envisage désormais son déménagement dans de nouveaux locaux à la Rabaterie, dans le cadre de la prochaine rénovation de ce quartier prioritaire. Un transfert dans des locaux plus adaptés et moins étroits, au cœur des populations les plus fragiles explique-t-il après avoir constaté que la structure pouvait rapidement se retrouver saturée.

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