De 6 à 93 ans, ils sont venus voir François Hollande à Tours

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Président impopulaire mais écrivain au top des ventes : le destin de François Hollande est paradoxal. 13 mois ½ après sa dernière visite à Tours (pour inaugurer le CCC OD) et une semaine avant l’anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron qui l’a remplacé à l’Élysée, celui qui se revendique toujours socialiste a fait venir beaucoup de monde à La Boîte à Livres ce samedi Rue Nationale… Reportage.

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Une dame qui vient acheter un livre de cuisine se sent subitement un peu perdue en arrivant en haut de l’escalier de la librairie : le 1er étage est noir de monde. Les Tourangelles et Tourangeaux qui sont là ne font pas la queue pour goûter aux très alléchants moelleux au chocolat du bar du magasin ou pour y prendre un thé mais pour voir François Hollande et faire dédicacer un (ou plusieurs) exemplaires de son dernier livre, Les leçons du pouvoir, un ouvrage N°1 des ventes d’essais, et N°2 tous styles confondus qui revient sur son expérience à la tête de l’État français. Le carton est indéniable : il s’en est écoulé 95 000 exemplaires en une quinzaine de jours (3 retirages ont déjà été nécessaires après une première impression de 70 000 livres).

« La politique c’est un peu comme de la cuisine… Mais ils ne trouvent pas toujours les bonnes recettes » philosophe la cliente qui repart avec son gros livre sous le bras pour cuisiner rapidement des plats pour toute la semaine. Elle n’attendra pas François Hollande, elle a autre chose sur le feu. En revanche autour d’elle, on croise des gens qui ont le temps, beaucoup de temps. Ils sont de tous les âges et de tous les bords politiques : les premiers sont arrivés vers 14h, une heure avant le début officiel de la dédicace et les derniers sont repartis bien après 21h.

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A un moment, la file s’étendait dans l’escalier et une bonne partie des rayons du rez-de-chaussée : pas si inhabituel que ça pour La Boîte à Livres habituée à recevoir de grands auteurs, mais peu fréquent en revanche pour des figures politiques. En retard de 20 minutes, arrivé en voiture de Paris et à pied Rue Nationale, l’homme politique n’a voulu décevoir personne : au final, il est donc resté jusqu’en soirée pour signer ses livres avant de passer un moment avec des militants et élus PS. A côté de lui, impassible, un agent de sécurité s’occupe des photos souvenir.

« Merci d’avoir fait l’effort de venir »

Pour François Hollande, le rituel est rodé, c’est déjà la 12ème opération de promotion depuis que ses mémoires de chef de l’État ont surgi en librairie. Chaque fois il se lève, accueille lectrices et lecteurs et prend « en moyenne 3 minutes » pour discuter, nous glisse son staff. Souvent, il commence par ces mots : « merci d’avoir fait l’effort de venir. » Étrange l’emploi du terme effort, c’est comme s’il semblait étonné qu’on ait envie de le voir. Pourtant, même au plus fort de son impopularité présidentielle, il y avait toujours du monde sur son chemin pour lui serrer la main, échanger quelques mots. Mais c’était toujours dans l’urgence… Là, à écouter François Hollande, le contact est plus intense, plus posé, même si 180 secondes ça reste court pour passer en revue 5 ans à la tête de la France : « j’ai fait ce livre pour les citoyens, pas pour faire un bilan » glisse-t-il aux journalistes entre deux petits mots.

Souriant, presque fraternel, donnant même l’impression d’être « un médecin de famille » selon l’expression d’une photographe, François Hollande reçoit à sa table avec bienveillance et malice : « je suis en politique » nous assure-t-il au présent et avec aplomb. Il le sait (et le désire), chacun de ses mots compte, ou en tout cas est attendu, scruté, analysé. S’il s’emploie à tirer les leçons du pouvoir dans son livre, et prend donc un certain recul sur le quinquennat, il ne veut pas être vu uniquement comme un sage et peut lancer à tout moment une des petites phrases dont il a le secret comme quand il évoque devant nous « la fuite en avant sans résultat » de l’extrême gauche ces derniers mois.

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Prêt à aider le PS

Qu’on se le dise, l’ancien premier secrétaire du Parti Socialiste aime toujours les joutes politiques et n’a pas changé de cap : il reste attaché à sa ligne sociale-démocrate et semble apprécier la direction que le nouveau patron socialiste Olivier Faure est en train de prendre : « je l’aiderai autant que je pourrais. Le mouvement socialiste peut et doit occuper sa place dans le débat national » insiste-t-il.

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Pourtant, on ne peut pas dire que le PS l’ait aidé entre 2012 et 2017… Ce qu’il n’oublie pas estimant que la primaire n’avait « aucun sens » et que ce sont « les divisions » qui l’ont empêché de briguer un second mandat, pas les mauvais sondages. Cet ouvrage, il ne l’a donc pas fait pour se racheter une image auprès de son parti mais pour prendre le temps de coucher sur papier ce qui s’est envolé trop vite dans l’urgence de l’actualité : « les gens jugent tous que la période a été éprouvante, notamment avec les attentats. Aujourd’hui ils commencent aussi à voir les résultats de cette politique. Ils viennent dire ‘merci’ même s’ils n’étaient pas d’accord sur tout, que ce soient des jeunes qui ont trouvé du travail ou des retraités qui ont pu partir à 60 ans. » Le message est limpide : François Hollande revendique sa part des résultats économique corrects publiés récemment.

« J’aime sa loyauté, son courage et son honnêteté »

Parmi les lectrices et les lecteurs venus le voir ce 28 avril, Annie est la première qu’il a rencontrée. Pas une militante, « une simple citoyenne » : « il est comme je me l’imaginais, sympa. J’ai apprécié sa présidence : il a fait ce qu’il a dit qu’il ferait mais il n’a pas été compris, et il n’a pas eu de chance. » Suzanne, 93 ans, est aussi venue témoigner sa reconnaissance au président Hollande dont elle caresse la joue avant de l’embrasser : « j’aime beaucoup sa loyauté, son courage et son honnêteté… ce qui n’est pas toujours le cas pour d’autres présidents » lâche-t-elle avant de s’éclipser rapidement.

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A Guillaume, 19 ans et qui n’a donc pas pu voter pour lui, François Hollande explique que son livre donne « des éléments pour faire votre choix de citoyen. » Un peu plus tôt, un étudiant a avoué que le parcours de l’ex chef de l’État l’inspirait, et l’ancien président d’insister alors sur « la transmission des valeurs ».

Attendri, il apprécie enfin d’échanger quelques mots avec des enfants (le plus jeune avait 6 ans) et nul doute qu’il se souviendra du geste de Lucas, venu le voir en costard cravate avec son livre sous le bras et dans la tête le rêve de devenir président.

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