Crise sanitaire : le bon gros ras le bol des profs d’Indre-et-Loire

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Ce jeudi c’est une grève à l’ampleur rare qui a secoué l’Éducation Nationale : le ministère parle d’un tiers de profs pas à leur poste quand les syndicats en annoncent le double. Dans les deux cas les chiffres sont particulièrement conséquents puisque l’ensemble des organisations appelait à la mobilisation. En Touraine des dizaines d’écoles comptant 100% de grévistes ont purement et simplement fermé leurs portes, dont 20 sur la seule ville de Tours (soit un tiers des établissements).

« Si vous nous comptez, merci d’ajouter ma collègue de maternelle qui n’a pas pu venir. Les protocoles 49, 50 et 51 ne lui ont pas permis d’échapper au Covid » : ce texte est affiché dans le dos d’une directrice d’école de Bourgueil et il s’adresse aux policiers comme aux journalistes venus mesurer l’ampleur de la manifestation enseignante de Tours ce jeudi 13 janvier. D’après notre propre calcul, 1 500 personnes sont descendues dans la rue. Le cortège s’est rassemblé Place Jean Jaurès à partir de 10h. Il a emprunté la Rue Nationale, la Rue des Halles puis il est revenu à son point de départ via le Boulevard Béranger. La dispersion s’est déroulée aux environs de midi.

« Je pensais qu’on aurait un peu plus de monde mais il y a des collègues qui sont malades ou qui ont peur d’attraper le Covid donc ça a dû jouer » analyse une enseignante jocondienne. Dans son établissement de 10 classes, tout le monde s’est déclaré gréviste. « Je n’ai pas l’habitude de venir manifester mais là j’en ai ressenti le besoin » souligne-t-elle pour qu’on mesure l’ampleur de la grogne dans la profession.

Des profs qui se sentent méprisés

Ce qui coince c’est la multiplication des protocoles Covid ces dernières semaines : trois, rien que depuis la rentrée de janvier. « On les apprend la veille pour le lendemain dans la presse, parfois même dans des articles payants » déplorent plusieurs personnes croisées dans le cortège. Une façon de faire du ministre Jean-Michel Blanquer qui irrite vivement… Le mot « mépris » est d’ailleurs présent sur beaucoup de pancartes, carrément écrit en majuscules et à de multiples reprises sur le bout de carton d’une femme. « Je suis pour l’école ouverte mais pas dans ces conditions » résume une professionnelle de l’ouest du département qui dit comprendre l’exaspération des parents (l’organisation FCPE a d’ailleurs soutenu le mouvement en appelant les familles à ne pas déposer leurs enfants à l’école).

C’est un fait : en deux semaines, les règles d’accueil à l’école en cas d’enfant positif au Covid ou d’élève cas contact n’ont cessé d’évoluer, le tout dans une période déjà anxiogène avec la flambée de cas due au variant Omicron, les files d’attente interminables devant les lieux de tests et la lassitude après deux ans de pandémie. « On préférerait que les classes ferment trois jours plutôt que ces règles-là », « On se retrouve à faire de la garderie » entend-on dans les rangs.

« Blanquer tu fous l’école en l’air »

Les syndicats précisent les revendications : ils exigent un protocole clair et simplifié mais aussi davantage de postes de remplaçants pour pallier les absences de collègues ou encore davantage de protections pour éviter les contaminations au sein des établissements scolaires. Des protections efficaces, évidemment. « Je les ai oubliés à l’école mais j’ai failli venir avec tous les masques-slips que je n’ai jamais utilisés » raille ainsi une enseignante pour dénoncer la mauvaise qualité des masques en tissu fournis par le gouvernement au cours de la pandémie. Un précédent qui lui fait craindre une nouvelle distribution inadaptée alors que l’Etat vient d’annoncer l’imminence d’une nouvelle livraison. A priori des masques chirurgicaux quand certains voudraient des modèles FFP2, plus efficaces car ils filtrent mieux l’air (le risque de contamination passe de 30% à moins de 1% si deux personnes qui se font face le portent).

« Blanquer tu fous l’école en l’air » répète inlassablement la sono de FO dans le froid matinal du centre-ville. Autour des banderoles, majoritairement des profs de maternelle et élémentaire mais le second degré est aussi représenté (en particulier les lycées Grandmont et Balzac de Tours). Leurs effectifs ont moins d’administratif à gérer ce qui peut expliquer une mobilisation moindre mais les perturbations les touchent aussi (élèves absents, craintes pour la préparation du bac…).

Le soutien des assistantes maternelles

Dans la foule également : des étudiants de Solidaires qui réclament de passer les partiels en distanciel car d’après leur sondage 80% des jeunes de la fac tourangelle craignent une infection au cours de leurs examens et une bonne partie seraient prêts à venir plancher même après un test positif. On a aussi croisé des assistantes maternelles, leurs 5 syndicats appelant à la mobilisation pour les mêmes raisons que les profs : « Pour nous c’est une vraie galère car le protocole prévoit qu’on puisse accueillir les enfants de parents positifs » se plainte l’une d’elles qui exerce à Reugny. « Nous accueillons jusqu’à 12 enfants donc les contaminations peuvent aller très vite. Il faut changer ça. En plus si nous on tombe malade il nous fait trois mois pour être indemnisés » déplore-t-elle avec ses collègues.

Malgré cette mobilisation parfois décrite comme historique, Jean-Michel Blanquer est resté inflexible, estimant notamment que « On ne fait pas grève contre un virus. » Certains soignants sont également dubitatifs devant ce mouvement, agacés que le gouvernement les aient obligés à se faire vacciner contre le Covid sans prendre la même décision pour le corps enseignant.

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