Coronavirus : Une gestion municipale forcément singulière

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La crise du coronavirus a mis l’accent sur l’importance des collectivités locales dans la gestion quotidienne et le maintien d’un certain équilibre. Les municipalités et les maires se sont retrouvés en première ligne pour faire face aux difficultés, devant les premiers interlocuteurs de la population ou des entreprises pour beaucoup de sujets. Un rôle accentué dans une situation politique particulière en raison de la prolongation de mandats qui devaient se terminer.

 

Les collectivités locales, premiers remparts face à la crise

La décentralisation à l’état pur. S’il y a bien un enseignement à tirer de cette crise c’est le poids accru des pouvoirs publics dans la gestion du quotidien et le maintien d’un socle commun. Les mairies, les communautés de communes, les départements les régions… L’échelon local se retrouve au premier plan, celui de la mise en application des directives nationales avec – parfois – la liberté de les adapter au terrain. On l’a observé ces dernières semaines : la réactivité des institutions locales a permis de limiter l’expansion d’une crise déjà globale en s’adaptant et en réagissant au quotidien, en fonction de l’évolution de la situation.

Bien avant le Covid-19, les compétences dévolues aux collectivités territoriales les rendaient déjà capitales pour le bon fonctionnement de la société, sans qu’elles soient toujours bien identifiées par le grand public. Voilà que cette crise les renforce, y compris dans des domaines annexes. Face aux difficultés sociales ou économiques, depuis la mi-mars les autorités régionales, départementales, municipales ou intercommunales n’ont de cesse d’activer des leviers pour éviter un chaos dont il serait difficile à se relever : soutien aux plus démunis via la CCAS, aide aux entreprises, maintien des services publics essentiels… Une situation inédite à laquelle les maires doivent faire face en avançant parfois à l’aveugle.

 

Une gestion sur fond d’élections municipales. L’exemple du « Plan Etincelle »

Une situation d’autant plus inédite que certains élus n’étaient plus censés être à leur poste fin mars. L’épidémie de coronavirus a bouleversé le calendrier électoral. Les majorités sortantes qui auraient dû passer le relais après le 22 mars et les élections municipales sont restées en place, soit faute d’installation des nouveaux élus dans les communes où les électeurs ont dégagé une majorité dès le 1er tour, soit faute de tenue du 2e tour dans les villes où aucune liste n’a été élue dès le 15 mars (en particulier à Tours). Dans la principale ville d’Indre-et-Loire c’est donc la majorité sortante dirigée par Christophe Bouchet, lui-même candidat qualifié pour le 2nd tour qui continue la gestion de la ville.

Une gestion sous le regard attentif des autres candidats qualifiés aussi pour le second tour : Benoist Pierre (LREM) ou Emmanuel Denis (EELV). Entre Christophe Bouchet et ce dernier, arrivé en tête du 1er tour le 15 mars dernier et également élu municipal d’opposition et métropolitain dans la mandature débutée en 2014, c’est une espèce de concorde qui a prévalu depuis le début de la crise. Idem avec les élus municipaux présents sur la liste de Benoist Pierre (Pierre Commandeur, David Chollet, Barbara Darnet-Malaquin). La hache de guerre a néanmoins été déterrée cette semaine suite au lancement du « plan Etincelle » et de l’annonce de l’émission de 30 000 bons d’achat de 50 euros distribués à la population.

Lire notre article sur Info Tours :

La ville de Tours lance son plan pour aider le commerce

Gestion de crise et communication

Emmanuel Denis de dénoncer ainsi « un choix électoraliste plutôt que l’efficacité économique et sociale. » Pour l’élu écologiste il aurait fallu privilégier un dispositif métropolitain et dans ce sens avance deux propositions qu’il appuiera lors du prochain Conseil de la Métropole le 14 mai :

  • la création d’un fonds social métropolitain, abondé par la ville de Tours et géré par les CCAS des villes et communes de Tours métropole, pour aider prioritairement et massivement les personnes en difficulté sociale
  • la création d’un plan de solidarité économique, via le renforcement par Tours métropole des fonds de solidarité de la région, seule collectivité compétente dans l’aide directe aux entreprise.

Pour ce dernier, le choix de bons d’achat fait par Christophe Bouchet est mauvais sur le fond : « du saupoudrage » dit-il en pointant qu’ils ne rapporteront finalement que peu à chaque commerce. Il regrette également le manque de ciblage envers les plus démunis. Mais ce qu’il rejette le plus c’est que selon lui ce dispositif est avant tout : « un dispositif paillette, calibré pour faire briller son promoteur. » En clair, il accuse directement Christophe Bouchet de profiter de la crise pour se mettre en avant et faire campagne aux frais du contribuable.

Lors de notre entretien au début du confinement avec Christophe Bouchet, ce dernier rejetait en bloc les accusations potentielles de récupération politique. « L’heure n’est pas à la campagne électorale qui est devenue un sujet très secondaire, je suis dans la gestion opérationnelle face à cette crise. » Un discours qu’il maintenait cette semaine lors de la présentation du fonds Etincelle, évoquant  un dispositif tourné « uniquement vers l’envie d’aider le commerce à repartir car il représente 10 000 emplois sur la ville. »

Malgré tout et c’est une évidence, la gestion de crise renforce le rôle des maires en place et les électeurs qui seront appelés dans les prochaines semaines ou prochains mois à choisir un nouveau maire ne manqueront pas de juger la capacité qu’ils ont eu à faire face à cette crise. Cela Christophe Bouchet l’a bien compris et s’il occupe le terrain avant tout dans son rôle de maire, cela lui profite également comme candidat.

Un appel à aller plus loin

De leur côté, les élus d’opposition, candidats sur la liste de Benoist Pierre, gardent un regard plus factuel sur la gestion de Christophe Bouchet, se refusant pour le moment de projeter les discussions sur le terrain politique, tout en avançant leurs propres propositions.

Concernant le plan « Etincelle », ils expliquent ainsi « soutenir les propositions » mais appellent à plus d’ambitions. Ils avancent ainsi une série de mesures chiffrées au total à 7 millions d’euros, finançables selon eux par le transfert d’investissements budgétés mais qui ne seront pas réalisés cette année.

Parmi ces mesures on note la suppression de la taxe terrasse jusqu’à la fin d’année ou encore de la CFE, mais aussi la piétonisation d’une partie des rues de l’hypercentre (rue des Halles, Scellerie, Commerce…) pour éviter des queues sur les trottoirs étroits en raison de la limitation probable de l’affluence dans les boutiques. En complément, ils prônent une sortie progressive de la gratuité du stationnement avec le maintien d’une heure gratuite dans la zone rouge et le maintien de la gratuité jusqu’en septembre pour les autres zones.

Des positions différentes sur la façon de gérer la collectivité mais qui relèvent également de l’opportunité et du besoin d’exister politiquement dans cette période d’entre-deux. Que ce soit dans l’action pour l’équipe en place, mais aussi dans l’aptitude à faire des propositions pour ceux aujourd’hui dans l’opposition, il s’agit aussi de montrer aux habitants et électeurs potentiels, la capacité à faire face et à se projeter. Même en pause, la campagne électorale n’est finalement pas si loin…

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