Coronavirus : « Je préférerais que chacun reste chez soi, ce serait un plus bel hommage encore »

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La crise sanitaire que nous connaissons actuellement a le mérite de faire émerger de nouvelles formes de liens et de solidarités. Elle met en avant aussi les limites de notre société qui se formalisent surtout aujourd’hui autour du domaine de la santé, en première ligne de la lutte contre la pandémie.

L’initiative prend un peu plus chaque soir. Celle-ci invite la population à sortir chaque soir aux fenêtres ou sur les balcons pour applaudir les personnels soignants qui font face à l’épidémie et à l’afflux de malades dans les hôpitaux et cliniques.

A Tours, de quelques-uns en début de semaine, les applaudissements commencent à se faire plus fournis et cela ne devrait que s’amplifier au fur et à mesure que les soirs de confinement se multiplient. Des moments qui derrière leur spontanéité en disent beaucoup sur nos comportements en temps de crise.

 

La nécessaire reconnaissance des « héros »

Comme on pouvait s’y attendre, et comme lors de chaque grave crise majeure, on remarque ainsi plusieurs étapes, notamment émotionnelles. Passées les scènes paniquées de ravitaillement dans les commerces (de façon il faut le dire un peu égoïstes et irrationnelles) se dégagent maintenant des scènes de solidarité (parfois également irrationnelles il faut le dire aussi, car après tout, on nous demande simplement de rester chez soi et que cela ne fait que trois jours que cela a commencé, avouez qu’il y a pire).

Ceci-dit, les moments de solidarité sont peut-être ce qui ressortira de plus beau de ces instants compliqués. Ils permettent aussi à beaucoup de se sentir encore utiles socialement malgré l’isolement relatif que la période de confinement impose. Une autre étape de ce type de crises majeures qui touche une société dans son ensemble est celle de la reconnaissance des tiers et la recherche de « héros ». On l’avait vu avec les forces de l’ordre après les attentats de 2015, aujourd’hui cette reconnaissance est tournée vers les personnels soignants. Depuis le début de semaine, comme lors d’une prise de conscience soudaine, sur les réseaux sociaux, les hommages se font ainsi nombreux. Au-delà de la sphère numérique, ces hommages sont également présents, en témoignent donc ces initiatives d’applaudissements collectifs chaque soir. Des moments qui ont à la fois cette fonction de reconnaissance, mais aussi celle de liens sociaux entre voisins, même à distance de quelques fenêtres ou balcons.

Les soignants attendent plus que des applaudissements

Qu’en pensent les personnels soignants justement ? Sandrine, infirmière à Tours nous dit de façon laconique : « C’est bien, mais moi je préférerais que chacun reste chez soi, ce serait sans aucun doute un plus bel hommage encore » en référence aux incivilités vues un peu partout avec une partie de la population qui continue de sortir, même brièvement pour des raisons parfois futiles.

Philippe, lui-aussi infirmier, nous raconte de son côté que ces hommages lui font chaud au cœur. « On sent une vraie reconnaissance qui fait plaisir à entendre et qui met du baume au cœur, car oui quand on voit comment ça se passe dans d’autres régions, on est inquiets à l’idée d’affronter les prochaines semaines. » Mais l’infirmier d’expliquer en élargissant son propos « qu’il espère que cela permettra à terme d’avoir une grande réflexion sur notre système de santé et changer le schéma de pensée autour de la rentabilité des hôpitaux, car on voit que ça ne tient pas en cas de problème majeur. On a fermé des lits ces dernières années et ils vont manquer aujourd’hui »

Des propos qui rejoignent ceux du « Collectif 37 Notre Santé en Danger » qui regroupe des usagers, personnels de santé et syndicats. Ces derniers dénonçaient cette semaine par communiqué : « une politique de flux tendu à l’hôpital, comme à l’usine, qui ne peut pas permettre de faire face aux crises. » Pour eux : « Les mesures efficaces et responsables à prendre pour lutter contre le Covid19 ne peuvent l’être qu’en remettant en cause cette logique et en remettant l’intérêt général au centre de nos préoccupations. »

Derrière l’urgence sanitaire à laquelle ils sont confrontés, les soignants, y compris les libéraux également exposés pleinement, n’attendent qu’une chose : que la reconnaissance dont ils font preuve ne sera pas qu’un épiphénomène de mode et qu’elle dépassera le simple cadre d’applaudissements quotidiens.

Photo à la une : image d’archive – février 2020 (c) Pascal Montagne

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