Benoit Hamon vient chercher l’inspiration en Touraine

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Ancien ministre, ancien socialiste, ancien candidat à la présidentielle… Benoit Hamon n’oublie pas son passé mais dit vouloir travailler à un nouvel avenir. Celui qui a récolté un peu plus de 6% des voix lors du scrutin de 2017 a lancé son mouvement, Génération.s, et il se sert de ses forces vives pour travailler à l’élaboration d’un programme politique. Il le fait dans une relative discrétion mais avec de réelles ambitions… et il était en Indre-et-Loire ce mardi.

Lors de la dernière campagne présidentielle, les socialistes tourangeaux ont globalement fait le job pour Benoit Hamon, le candidat sorti des primaires. Conquis par le personnage, certains étaient même partis l’écouter à Paris lors du lancement de son mouvement « du 1er juillet » devenu depuis Génération.s. Aujourd’hui, en Touraine, une petite centaine de personnes ont rejoint ses rangs comme on vous l’expliquait il y a peu sur Info Tours. On trouve des jeunes, des militants associatifs, pas mal de socialistes… Mais peu d’élus, ou de figures locales du parti. Et on dirait presque que ça les arrange, dans l’espoir de recruter plus facilement du sang neuf. Car Benoit Hamon a une obsession : parler à la jeunesse et écouter leurs espoirs.

Une visite pour parler d’éducation, de cinéma ou d’alimentation

La jeunesse, c’était le thème principal de son déplacement à Tours ce mardi. Et le politique d’insister : à chaque fois qu’il va en province, il passe dans les facs. Sa conférence tourangelle « Être jeune en 2018 » c’était aux Tanneurs, 300 personnes annoncées, « les 200 places réservables sont parties en 24h » nous dit-on. Un succès mais pas d’euphorie. Un peu plus tôt lors d’une visite aux cinémas Studio, Benoit Hamon a croisé quelques cinéphiles curieux lorsqu’ils ont vu une caméra braquée sur lui, mais sans plus : certains le reconnaissent mais globalement il a mené ses échanges incognito. Ça n’avait pas l’air de le déranger plus que ça. A l’aise, sans cravate, parfois taquin, il a écouté, posé quelques questions, insisté s’il n’obtenait pas ses réponses et il a parlé aussi, beaucoup. C’est un bavard, comme beaucoup d’autres avant lui.

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Benoit Hamon et le président des Studio, Pierre-Alexandre Moreau

En 8h passées en Touraine, Benoit Hamon aura eu un programme chargé : à la descente du TGV, direction La Riche pour un entretien en mairie. Ensuite, rencontre avec des associations (Utopia 56, Secours Populaire…) : on était à l’origine invité à suivre les échanges, mais à la dernière minute on nous a demandé de partir. En revanche les Studio nous ont ouvert les portes en grand : l’homme originaire de Trappes (78) y est resté 1h avant sa réunion publique et une rencontre avec les équipes de Génération.s en soirée.

« Je suis venu picorer des idées »

Ce programme a dû intégrer quelques imprévus, comme un échange avec les écologistes tourangeaux et le socialiste Jean-Patrick Gille sur la politique alimentaire et le projet de cuisine centrale pour toute la métropole. L’ex ministre de la consommation est attaché au sujet et en profite pour tacler la politique gouvernementale (de Macron, et de Hollande) :

« Avec l’affaire du lait contaminé de Lactalis on a vu que la grande distribution pouvait empoisonner les gens parce que les contrôles ne sont pas suffisants. Les deux seules années où les effectifs de la répression des fraudes ont augmenté c’est quand j’étais ministre. Toutes les autres années depuis dix ans ils ont diminué. Il n’y a plus assez de contrôles pour vérifier la conformité des produits. C’est grave. On voit que dans certains cas faire moins d’État (dans les Ehpad, à l’hôpital, dans l’agroalimentaire…), ça peut faire des morts à la fin. »

Ce discours, il va essayer de convaincre la nouvelle génération de le porter : « j’ai une grande confiance en la jeunesse. Les jeunes sont soucieux de la manière dont leurs attitudes impactent l’environnement. On a une génération charnière qui peut aider la société toute entière à s’engager dans la transition écologique et un nouveau rapport au travail qui occuperait une place moins centrale dans nos vies qu’aujourd’hui. Il revient aux politiques d’accompagner ces transformations plutôt que de les subir. »

« Est-ce que la jeunesse veut laisser les soixante-huitards diriger ce pays ? »

S’il est venu pour écouter, pour découvrir des projets locaux susceptibles d’être dupliqués ou développés, pour « picorer » des idées, Benoit Hamon conserve toujours des réflexes politiques, prompt à s’indigner comme sur les nouvelles modalités d’accès à l’université :

« On va instaurer la sélection à l’entrée des facs. Beaucoup de bacheliers issus des filières technologiques et professionnelles ne réuniront pas les pré requis et on constate qu’on continue à sélectionner les élites en France, qu’un bac n’en vaut pas un autre. Cette manière de fermer la porte est la pire des choses qui soit. C’est une défiance à l’égard de la jeunesse. »

« Est-ce que la jeunesse veut continuer à laisser les énarques et les soixante-huitards diriger ce pays 50 ans après mai 68 ? » demande encore Benoit Hamon. Lui espère « fabriquer le monde à l’image de l’expérience que les nouvelles générations se font de la vie. » Il se laisse donc des mois voire des années pour faire le tour des initiatives afin d’élaborer une liste de propositions. Malgré un score relativement minime dans les urnes, et la complexité de se rendre audible aujourd’hui dans l’espace politique national, il n’a pas du tout l’intention de se faire oublier. Et même s’il reconnait qu’il n’est pas « irremplaçable », il n’a pas dit son dernier mot.

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