Aéroport de Tours : bientôt du mouvement ?

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Serpent de mer qui ravive instantanément les tensions politiques, le débat sur l’aéroport de Tours entre dans une phase plus concrète ces temps-ci. Il est en effet temps de renouveler la délégation de service public pour l’exploitation de la piste et de l’aéorgare. Une décision qui doit être prise au tout début de l’été et qui vaudra pour dix ans. Les oppositions tentent le tout pour le tout histoire de faire entrer quelques-uns de leurs arguments dans le cahier des charges.

C’est un petit reportage de deux minutes diffusé dans un JT de TF1. Un sujet sur l’aéroport de Saint-Etienne qui n’accueille plus de vols réguliers pour le grand public, seulement des avions sanitaires ou des jets privés. Et à l’écran on découvre quelques interviews pour dire que c’est dommage… alors même que Lyon, Clermont et leurs aéroports respectifs sont à moins d’une heure et demi de trajet. Et si la première chaîne venait faire un travail similaire en Indre-et-Loire d’ici quelques années ? Ici il y en a à qui ça ne poserait aucun problème, et d’autres qui verront rouge vif rien qu’en évoquant cette hypothèse.

L’avenir de l’aéroport de Tours est l’un des sujets les plus clivants dans le milieu politique local… Occupant de longues, très longues heures de débat… Certes il y a de grands enjeux derrière : la pollution de l’air ou quel modèle de voyages veut-on ? Mais la place dantesque qu’il occupe nous parait parfois un peu disproportionnée au regard d’autres grands thèmes comme les déchets ou la gestion de l’eau, par exemple.

Néanmoins, quitte à se répéter, il faut s’y faire : le sujet reste d’actualité. En 2023 on devrait tout de même arrêter de tourner en rond car il va vraiment se passer quelque chose. Le contrat de la société Edeis arrive à son terme. Le syndicat qui gère l’aéroport doit donc en faire signer un nouveau. Décision prévue le 6 juillet avec deux candidats en lice… La société actuelle ou l’organisme Sealar qui exploite une floppée de sites du Grand Ouest, dont celui de Poitiers qui es un peu sur le même modèle que Tours (avec des vols de la low cost Ryanair).

Pour doubler le trafic, au moins 5 ouvertures de lignes nécessaires

Ce deuxième opérateur expérimenté est un challenger très sérieux pour Edeis qui, à écouter les différents discours, semble avoir pas mal déçu en Indre-et-Loire. Même s’il y a eu la période Covid qui a imposé un arrêt des voyages pendant de longs mois, le fait que le secteur reparte à vitesse grand V depuis un an aurait pu permettre à la société de respecter ses promesses d’ouverture de nouvelles lignes et de développement du trafic passager. Las, tout ce qu’on a vu arriver ce sont quelques vols charters vers l’Europe de l’Est. Pas suffisant pour passer la barre des 200 000 passagers transitant par le tarmac de Tours-Val de Loire.

Et cette progression du trafic, elle semble une condition sine qua non pour le SMADAIT qui pilote la politique aéroportuaire (il rassemble Tours Métropole, la Région et le Conseil Départemental). On entend à longueur de temps le chiffre de 400 000 passagers annuels, soit le double d’aujourd’hui. Cela veut dire qu’il faudrait créer au moins 5 nouvelles lignes avec 2-3 rotations par semaine ou doubler la fréquence des destinations existantes (Marseille, Londres, Porto, Dublin et Marrakech). Actuellement, les vols de Ryanair sont quasi pleins (souvent plus de 90% de sièges occupés), mais est-ce que ce serait encore le cas avec plus d’offre ? C’est ce que semblent croire les soutiens du projet.

A l’inverse, les écologistes sont vent debout. Et même si l’EELV Emmanuel Denis a récupéré la question des mobilités à la Métropole, c’est bien le maire de Parçay-Meslay Bruno Fenet qui représente l’agglo au SMADAIT… et il n’est pas du même bord politique. De plus, la présidence socialiste de la Région continue d’avoir une ligne différente de ses alliés Verts sur l’aéroport de Tours. Alors que les deux candidats à la reprise de la DSP étaient auditionnés ce 14 avril pour présenter leurs projets, le groupe écologiste du Conseil Régional s’est fendu d’une lettre ouverte au président PS François Bonneau, s’appuyant notamment sur les fortes critiques de la Chambre Régionale des Comptes au sujet de la plateforme :

« D’après l’étude « La mobilité des clientèles touristiques en Val de Loire » présentée en 2016 par l’Observatoire de l’Économie et des Territoires de Touraine, seuls 2,7 % des visiteurs et 9,5 % des visiteurs étrangers avaient pris l’avion pour venir dans la région. Le groupe Écologie et Solidarité considère qu’il est nécessaire de débattre de l’opportunité de continuer à financer un transport low cost de passagers à l’aéroport de Tours, lequel ne sera jamais économiquement viable. »

Ce qui l’embête particulièrement ce sont les « mesures incitatives pour 3 ans » envisagées pour l’ouverture de nouvelles lignes. D’autant que la liste des destinations potentielles serait longue : Toulouse, Montpellier, Toulon, Nice, Ajaccio, Figari, Milan, Bergame, Barcelone, Madrid, Séville, Manchester, Bristol, Berlin, Stockholm, Oslo. Et même avec ce modèle, les écologistes doutent que de nouvelles compagnies seront attirées : « n’ayant pas le même « modèle » économique que Ryanair elles s’installent là où elles pensent que ça va marcher sans attendre qu’un aéroport les sollicite ; le système Ryanair à Tours va donc en réalité se prolonger. » Le tout faisant parfois concurrence au train (par exemple Tours est reliée à Montpellier par quelques TGV).

Des arguments qui ne semblent pas peser suffisamment pour inverser la tendance. Reste à voir si le futur délégataire parviendra à tenir ses objectifs, et à quel point la collectivité le poussera pour que ce soit le cas.

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