Accueil de migrants : « Nous sommes une ville qui veut accueillir et pas rejeter »

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L’actualité se répond parfois étrangement. En fin de semaine dernière, plus de 300 personnes se sont rassemblées samedi après-midi pour apporter leur soutien au Plan B, le squat accueillant des mineurs étrangers, depuis décembre 2018. Plus généralement, ces personnes étaient venues pour dénoncer une nouvelle fois les politiques publiques concernant l’accueil des mineurs en attente de reconnaissance. La veille, ils étaient au moins autant à se réunir au Sanitas pour saluer une dernière fois Rose-Marie Merceron, cheville ouvrière de l’association Chrétiens Migrants depuis plus de 20 ans, décédée dans la semaine à 82 ans…

Le décès de Rose-Marie Merceron a ému beaucoup de monde. L’octogénaire était une personne singulière. Depuis une vingtaine d’années cette dernière ne ménageait ni ses efforts, ni sa santé pour venir en aide aux personnes étrangères à la rue. Chaque jour, c’est elle qui recevait en effet les personnes en détresse dans les petits locaux de l’association Chrétiens Migrants, pour les aider à trouver un logement (à l’hôtel, dans une famille d’accueil)… ou au moins leur donner à manger et un peu de réconfort. Infatigable, elle ne prenait que trois semaines de vacances l’été. Un exemple pour beaucoup et une personne dont l’abnégation aura marqué celles et ceux qui l’ont rencontrée. Le monde présent pour lui rendre hommage en étant une preuve s’il fallait.

Chrétiens Migrants et la poursuite de l’action de Rose-Marie Merceron

« Nous sommes une ville qui veut accueillir et pas rejeter » a-t-on entendu à plusieurs reprises lors de cet hommage à Rose-Marie, soulignant la volonté de beaucoup de poursuivre son travail. Car le vide laissé par la bénévole est immense.

« Rose-Marie restera vivante » explique Omar, qui fait partie des bénévoles très investis à La Table de Jeanne-Marie, une autre association d’entre-aide. C’est le cas aussi pour Mohamed, engagé auprès de Chrétiens Migrants, que l’on pourrait définir comme l’assistant de Rose-Marie Merceron : « Il connait les dossiers, il est connu de la Préfecture ou de l’Office Français des Réfugiés. » expliquait Louis Barrault de Chrétiens Migrants vendredi soir depuis l’appartement de l’association au Sanitas, appartement au rez-de-chaussée du 4 Allée de Luynes qui restera donc ouvert ces prochains jours, comme avant, pour aider les personnes à la rue qui cherchent un logement en leur fournissant une aide pour contacter le 115 ou des familles d’accueil, un repas chaud ou un soutien social dans leurs démarches administratives.

Globalement Chrétiens Migrants peut compter sur une douzaine de bénévoles : « On a une assemblée générale le 26 mars et on va lancer un appel à nous rejoindre. Fin 2019 on avait besoin de fonds pour finir l’année, on a lancé un appel pour avoir trois mois de trésorerie, on en a eu 5 » se félicite Louis Barrault, confiant pour la suite.

« A Tours j’ai compté 107 associations impliquées de près ou de loin dans l’aide aux réfugiés. Au total cela doit représenter entre 3 et 4 000 personnes » souligne également cet homme de 84 ans, forcément touché par la situation mais qui n’en perd pas son optimisme.

Utopia 56 et le soutien aux mineurs étrangers

« Utopia 56, c’est la relève de Chrétiens Migrants par les jeunes » dit-il également en écho aux activités de cette association qui organise des distributions de repas le soir, des collectes de produits d’hygiène et encore a monté un projet d’école alternative. Des activités semblables et complémentaires à Chrétiens Migrants, dirigées vers les jeunes tandis que son homologue du Sanitas s’adresse surtout aux familles.

Utopia 56, une jeune association née fin 2015 et dont l’antenne tourangelle ne ménage pas ainsi ses efforts pour alerter sur la situation des jeunes mineurs étrangers arrivés en France. Une association qui a participé fin 2018 à l’ouverture du squat le Plan B, situé quartier Velpeau.

Le Plan B, un lieu qui depuis a permis à plusieurs dizaines de jeunes de ne pas se retrouver à la rue, mais qui reste occupé illégalement. Alors qu’une audience au tribunal doit se tenir le 05 mars suite à la plainte du propriétaire des lieux, avec comme issue une expulsion probable des lieux, le rendez-vous de samedi devait permettre de mettre en lumière cette situation. « Que vont-ils devenir ? On les renvoie à la rue comme ça ? »  s’inquiétait ainsi un manifestant.

La problématique est connue : pour beaucoup de ces jeunes, les premières évaluations menées par les services du Conseil Départemental ont infirmé leur minorité, mais des recours sont en cours et surtout les évaluations sont elles-mêmes contestées par les bénévoles qui leur viennent en aide et qui s’appuient justement sur les multiples reconnaissances de minorités après recours… « Les jeunes sont dans une impasse, ils ne sont pas officiellement mineurs, mais ne sont pas majeurs non plus, on est dans une zone grise » explique ainsi une bénévole d’Utopia 56. Et cette dernière de rejeter « les politiques du chiffre » des pouvoirs publics, Etat ou Département. Elle promet également de continuer de se battre pour que la « France respecte ses engagements et sa tradition d’accueil », tout en faisant le parallèle avec l’action menée par Rose-Marie Merceron au sein de Chrétiens Migrants. « Elle nous a montré la voie et procuré beaucoup de force. »

Une force militante sans qui la situation des personnes aidées serait encore plus précaire. Des bénévoles qui agissent souvent avec beaucoup d’engagement mais aussi peu de moyens. C’est là aussi l’un des enjeux : celui de trouver des soutiens financiers, et dans ce domaine de convaincre des acteurs comme la mairie de Tours d’apporter plus que quelques centaines ou milliers d’euros symboliques.

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