À Tours, Les sœurs piqûre misent sur l’upcycling et la seconde main

Facebook
Twitter
Email

Angélique et Sandrine ont ouvert Les sœurs piqûre dans la galerie du Grand passage, à Tours, en février 2023. Dans leur boutique tourangelle, comme dans celle qu’elles possèdent à Blois, elles souhaitent mettre en avant leurs créations éthiques et la seconde main. Et si les débuts sont parfois difficiles, les deux sœurs ne comptent pas baisser les bras.

« Nous avons voulu recréer la cour de récréation de notre enfance. » C’est ainsi que Sandrine présente Les sœurs piqûre, la boutique qu’elle a ouverte avec Angélique, le 14 février 2023, à Tours. Il s’agit de leur second magasin, après celui installé à Blois (Loir-et-Cher) trois ans plus tôt. Dans cette nouvelle boutique, située dans la galerie du Grand passage, entre le boulevard Heurteloup et la rue de Bordeaux, les deux sœurs proposent un double concept : la présentation de leurs créations éthiques, toutes issues de matériaux recyclés, et la mise en avant de la seconde main. « Nous souhaitons sensibiliser le public à cette nouvelle façon de consommer, explique Sandrine. Il y a trois ans, l’upcycling était plutôt méconnu et la seconde main était aussi peu connue et pas encore bien vue. »

Persuadées que ce nouveau mode de consommation a de l’avenir, Angélique et Sandrine décident de tenter l’aventure entrepreneuriale, dans le domaine de la mode. Il faut aussi dire que les sœurs ont vécu de cette manière depuis toutes petites. « Ce n’était pas par éthique mais par manque de moyens. Nous récupérions les vêtements de nos cousines mais ils n’étaient plus à la mode. Je me souviens que je les découpais, que je les customisais. Nous avons grandi en nous débrouillant et nous avons gardé ces habitudes », raconte la plus jeune sœur, âgée de 36 ans. Sandrine assure d’ailleurs que, chez elle, « tout est de seconde main et a été chiné ». Un mode de vie qu’elles ont eu envie de partager à travers leur boutique et leurs vêtements.

Les sœurs piqûre ont installé leur boutique dans la galerie du Grand passage, à Tours.

Une reconversion professionnelle pour les deux sœurs

Les deux sœurs n’étaient pourtant pas destinées à devenir commerçantes indépendantes. Angélique a travaillé pendant vingt ans dans un cabinet d’architecte. Passionnée de couture et autodidacte, la Blésoise de 46 ans avait déjà envisagé une reconversion mais n’avait jamais osé se lancer. Sandrine, elle, était commerciale. Jusqu’au moment où elle a eu envie de faire autre chose, de se retrouver. C’est alors que sa sœur l’initie à la couture. « Nous avons fait une garde alternée de la machine à coudre, se rappelle la cadette, le sourire aux lèvres. Et, après quelques semaines, j’ai dit à Angélique : “Et si on se lançait ensemble ?” Et bingo, on l’a fait ! »

Une fois la décision prise, Sandrine retourne sur les bancs de l’école pendant huit mois et obtient un CAP couture. Dans le même temps, les sœurs élaborent leur business plan, procèdent au montage financier, cherchent un local… Leur première boutique voit finalement le jour en octobre 2019, à Blois. Trois ans plus tard, elles décident d’ouvrir un second magasin « dans un endroit plus vivant », notamment pour améliorer leur trésorerie.

Car la Covid-19 a eu des impacts sur la jeune boutique blésoise. Cinq mois seulement après l’ouverture, elles ont dû fermer une première fois pendant plusieurs semaines. « Nous avons attendu, comme tout le monde, se souvient Sandrine. Nous avons cousu, fait des masques que l’on a distribué gratuitement aux commerçant de la ville. » Pendant le deuxième confinement, les sœurs ont fait des lives sur les réseaux sociaux, tous les jours. Elles y présentaient leurs créations. « Ça a super bien marché. Ça sortait les gens de leur quotidien. C’était éprouvant pour nous car ça pouvait durer plusieurs heures, avec des essayages, mais ça a été salvateur car cela nous a permis de nous faire connaître », reconnaît la jeune sœur.   

Après la réouverture, fin 2020, elles tentent de nouvelles choses pour redonner une dynamique à la boutique, tels que des cours de couture. « Mais ce n’est pas ce qui nous animait. Ce que l’on aime, c’est la création, donc nous avons arrêté. » En mai 2022, elles organisent également un défilé de mode au domaine Daridan, à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher). Elles ont, pour l’occasion, créé près de soixante pièces et en ont présenté une trentaine. « Le thème était Femmes, femmes, femmes, pour montrer que l’on habille tout type de femmes, de toutes les morphologies… Ça a donné un second souffle à la marque mais ce n’était pas suffisant. Lorsque nous faisions le bilan, nous nous rendions compte que la trésorerie fondait comme neige au soleil », se remémore Sandrine.

Un coup de cœur pour la boutique tourangelle

Les sœurs se mettent donc à chercher un deuxième local, dans une autre ville, à partir d’août 2022. Leur choix se porte sur Tours. « On voulait un lieu vivant, avec un loyer raisonnable. Un endroit atypique, qui nous ressemble. » Quatre mois plus tard, elles ont un véritable coup de cœur pour la boutique de la galerie du Grand passage, auparavant occupée par un chapelier. S’en suivent deux mois de travaux avant l’ouverture. « Nous les avons faits toutes les deux, en gérant la boutique de Blois. Nous avons donc passé pas mal de temps ici. »

Dans leur nouveau magasin de 22 m², le premier étage est consacré à la seconde main. Angélique et Sandrine choisissent leurs pièces chez un fournisseur professionnel. Elles proposent des vêtements des années 50/60, jusqu’aux années 2000. « Il y a parfois des marques qui n’existent plus aujourd’hui, essentiellement françaises ou italiennes. Les matériaux sont toujours nobles car, à l’époque, ils étaient faits pour durer. »

Angélique et Sandrine proposent de nombreux vêtements de seconde main, au premier étage de leur boutique, à Tours.
Chemisiers, chaussures, foulards, pulls… Les pièces de seconde main proposées vendues par Les sœurs piqûres à Tours sont variées.

Au rez-de-chaussée, les clientes retrouvent les créations des deux sœurs. Elles n’achètent jamais de tissus neufs pour réaliser leurs pièces. « Il y a une vraie revalorisation textile car nous utilisons beaucoup de tissus d’ameublement, comme des draps, des housses de coussin, des couvertures… », précise Sandrine. Elles s’approvisionnent alors dans les ressourceries, les brocantes ou chez Emmaüs. Elles utilisent également quelques vêtements provenant de leur fournisseur pour les pièces de seconde main, quand celles-ci ne peuvent pas être portées à cause d’une tache ou d’un trou mais qu’elles peuvent être transformées. 

Des pièces uniques

Dessin, patron, couture… Les nouvelles commerçantes tourangelles s’occupent de tout dans leur atelier blésois, où elles fabriquent de nouvelles pièces tous les jours. Côté création, chaque vêtement est unique. Il est par ailleurs possible de demander des pièces « demi-mesure ». « Les clientes peuvent faire une commande à partir d’un modèle qui existe déjà. Elles ont la possibilité de choisir les textiles associés, la bonne taille… ». Angélique et Sandrine ne font cependant pas de sur-mesure. Cela leur demanderait trop de temps et le prix serait trop élevé.

Les sœurs piqûre vendent ainsi robes, tops, jupes, manteaux et autres accessoires, comme des turbans. Chaque jour, de nouvelles pièces sont ajoutées dans les rayons. « Il faut passer régulièrement. Ce n’est pas comme dans la fast fashion, où il y a une collection régulière par saison. Ici, il y a des nouveautés tous les jours », assure Sandrine. Elles sélectionnent aussi, chaque jour, cinq nouvelles pièces « pépites vintage » pour le rayon seconde main.

Pour les épauler au quotidien, les commerçantes peuvent compter sur Nao, leur salariée de 26 ans. Une jolie rencontre qui a eu lieu à Blois, alors que le projet d’ouvrir une boutique tourangelle n’était pas encore au programme. « Elle nous a dit que, si on venait en Touraine, elle voulait travailler avec nous. Elle est pétillante et colle parfaitement avec la marque et son esprit. Nous avons donc tout de suite pensé à elle. » Elles se relaient en magasin. Nao est présente quatre jours et les sœurs viennent à Tours une fois par semaine.

Pour leurs créations, Angélique et Sandrine mélangent différents styles qu’elles apprécient.
Les sœurs piqûre utilisent différents matériaux pour leurs créations upcyclées, comme des draps, des rideaux, des nappes ou des couvertures.

Continuer à se battre

Sandrine admet que les premières semaines « n’ont pas été mauvaises mais ce n’est pas ce à quoi nous nous attendions ». Mais, même si les débuts peuvent paraître difficiles, les deux femmes sont passionnées et ne veulent pas baisser les bras. « Nous ne nous sommes pas trop projetées, nous sommes sur nos gardes mais il faut que ça marche car nous souhaitons continuer. Nous aimons ce que l’on fait et c’est pour cela que l’on se bat ». Les Blésoises savent aussi qu’il faut encore du temps avant qu’elles se fassent connaître des Tourangelles.

La cadette reconnaît par ailleurs que l’emplacement de leur boutique a un rôle à jouer : « C’était un parti pris de s’installer ici. Nous savions que le passage était sur le déclin. Mais nous nous disons que si cette galerie a pu être le centre-ville de Tours pendant un moment, pourquoi ne pourrait-elle pas revivre ? » Avec les autres commerçants du Grand passage, les sœurs aimeraient ainsi redonner vie à cet endroit historique de la ville, créé au début des années 1950. « C’est aussi un challenge de faire revivre la galerie, que nos commerces puissent vivre convenablement et que nous puissions nous épanouir », assure-t-elle. Angélique et Sandrine réfléchissent notamment à organiser une inauguration de leur boutique, à l’arrivée des beaux jours, avec le soutien d’autres commerçants du Grand passage. L’occasion de commencer à relever le défi.

Un degré en plus

Horaires : de 12 h à 15 h et de 15 h 30 à 19 h, du mardi au samedi. Découvrir les créations des Sœurs piqûre : www.lessoeurspiqure.com

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter