Loire jusquʼà plus soif.

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A 37 ans, Cyril Langlois porte à lui seul l’ambitieux projet de faire durer la belle aventure de la création d’une marque de boissons 100 % ingrédients naturels et 80 % produits du Val de Loire : La Loère. Depuis deux ans, ce natif du nord de l’Indre sillonne inlassablement les routes de l’axe ligérien avec son joli camion bleu, de Nantes à Orléans, afin de faire connaître son cola naturel, ses limonades, son thé glacé et ses bières. Nous l’avons attrapé au vol, face au Pont Wilson.

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37° : Par où avez-vous commencé ?

Cyril Langlois : Je suis originaire de Clion-sur-Indre (36), fils de commerçante et d’agriculteur. Côté études, j’ai fait un DUT Tech de Co orientation agroalimentaire à l’IUT de Tours, puis je suis allé à l’Ecole Nationale de l’Industrie Laitière de Franche-Comté (ISBA). Je me suis retrouvé dans la mise en rayon de yaourts dans un hypermarché, ce qui n’était pas folichon, mais ce qui était toujours mieux que le service militaire auquel je venais d’échapper : c’était en lien avec ma formation et ce fut très instructif. La formation à l’ENIL quant à elle était de très bonne qualité, avec des intervenants professionnels et des formateurs intéressants.

 

37° : Comment s’est opéré votre retour en Touraine ?

Cyril Langlois : Par la force des choses, rien d’intéressant pour moi ne se profilant du côté de Strasbourg. Au bout de quelques mois, j’ai répondu à une petite annonce d’une laiterie familiale du Cher qui, à l’époque, annonçait un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de francs. C’était pour un poste chez Rians (faisselles, desserts…), mais à Dijon. J’étais prêt à déménager à nouveau, mais le jour de l’entretien, on m’a annoncé qu’un poste venait juste de se libérer… à Tours ! Je suis resté 12 ans chez eux en tant que chef de secteur sur le Val de Loire. Peu à peu, je me suis mis à faire de la centrale d’achat, de la formation et du restaurant. Même si c’était passionnant, je cherchais un projet personnel, pour trouver l’indépendance dans laquelle mes parents avaient baigné.

 

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37° : Et c’est à peu près à cette époque que Christophe Germain a commencé à travailler sur un projet bien particulier ?

Cyril Langlois : Oui. Nous étions amis depuis nos études à l’IUT de Tours et nous étions restés en contact. Christophe est restaurateur, il a notamment créé Le Baccara sur l’avenue de Grammont et Le Clos à Chambray-lès-Tours. Il y a environ quatre ans, alors qu’il travaillait sous le label «artisan restaurateur», il a décidé avec quelques collègues, dont Thierry Nerisson, de développer un soda artisanal pour les enfants de ses clients car il en avait assez d’être obligé de servir de l’industriel, alors que d’un autre côté il proposait du bio et du naturel sur toute sa carte.

 

37° : On peut dire que La Loère est née de ce besoin ?

Cyril Langlois : Oui, même si les choses ont évolué par la suite. Au départ il a acheté une essence de cola naturelle. Un jour il a demandé à son chef de rester après le service du midi et de travailler sur un caramel. Après ce premier produit sont nés rapidement la limonade et le thé glacé. Mais il fallait absolument un produit d’appel : Christophe est alors allé voir des brasseurs locaux. La SARL Jus de Raisin, qui exploitait Le Clos, a au départ pris en charge la commercialisation de La Loère.

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37° : Comment vous vous êtes retrouvé mêlé au projet ?

Cyril Langlois : J’avais fait part à Christophe de mes envies professionnelles. Et La Loère a connu une période de flottement. Un jour, Christophe m’a appelé en me disant qu’il fallait créer une SARL dédiée à La Loère et donner un élan à sa commercialisation. Et qu’il pensait à moi pour gérer ce projet. Il m’a proposé des parts de la nouvelle société, la SARL Liger, en échange de mon investissement personnel et de l’utilisation de mes réseaux professionnels.
37° : Puis très vite vous vous êtes retrouvé seul ?

Cyril Langlois : Christophe est très créatif et très dynamique, c’est un lanceur de projet, mais pour ce qui est de continuer à gérer le développement de l’idée après coup, cela l’intéresse beaucoup moins, donc il m’a revendu des parts début 2013 et je suis devenu actionnaire à 90 % ; il a voulu conserver 10 % pour pouvoir suivre la croissance de son bébé !
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37° : La Loère c’est deux gammes de produits, d’abord la partie «eau de source» ?

Cyril Langlois : Je travaille avec la même eau de source depuis le départ, c’est celle produite dans le sud du département à Saint-Hippolyte. Elle est la base de toutes nos recettes de boissons sans alcool (limonade nature et pomme verte, thé glacé, cola).

 

Interlude humoristique : Saint-Hippolyte et Clion-sur-Indre sont assez proches, on peut donc dire sans rire que pour Cyril Langlois, c’est un peu un retour aux sources .

 

37° : Et les bières ?

Cyril Langlois : Elles sont bio, fabriquées dans une brasserie basée à Céré-la-Ronde, la Pigeonnelle ce sont donc des bières 100 % Indre-et-Loire puisque l’eau utilisée est aussi celle de Saint-Hippolyte, c’est moi qui la leur apporte pour ma production.

 

37° : Côté rentabilité, où en êtes-vous ?

Cyril Langlois : Avec 87.000 € en 2013, le seuil de rentabilité n’est pas loin, mais il faut que je puisse me payer correctement. Je suis actuellement obligé de faire des extras pour finir le mois, mais c’est une belle aventure et je ne lâcherai rien. Malgré un été 2014 moyen en terme de météo, mon travail acharné sur le terrain commence à payer et je sais que je vais finir l’année sur une augmentation significative du CA.

 

37° : Est-ce tenable encore longtemps de continuer à travailler seul ?

Cyril Langlois : Pas vraiment, mais je ne souhaite pas trop grossir non plus, afin de rester dans l’artisanal. Cependant, si je pouvais embouteiller moi-même au lieu d’aller le faire régulièrement en Charente Maritime, ce serait plus simple et plus rentable et surtout ce serait vraiment du 100 % local (actuellement les seuls chez qui je pourrais le faire dans le secteur sont des vignerons, ce qui est impossible en raison de la présence d’allergogènes), mais pour cela, il faudrait sans doute que je navigue autour de 300.000 euros de chiffre d’affaire.

 

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37° : Combien de points de vente de La Loère existent-ils aujourd’hui ?

Cyril Langlois : C’est incalculable, car pour certains ce ne sont quelques dizaines de bouteilles. On trouve La Loère dans la grande distribution car j’ai fait le choix d’un produit naturel «plaisir» mais accessible et pour être rentable malgré ce prix très correct, je dois écouler une certaine quantité. Malgré tout, les restaurateurs connaissent cette logique et à partir du moment où la qualité de La Loère reste la même, la présence de la marque en supermarché ne les dérangent pas.

 

37° : Votre cola n’est pas noir, est-ce grave docteur ?!

Cyril Langlois : Ce qui est grave, c’est plutôt quand il est noir. Mon caramel est naturel et comme chacun le sait le caramel c’est marron orangé. Pas noir. Je sais que c’est un frein pour certains consommateurs, mais développer une marque de produits naturels c’est aussi avoir un rôle pédagogique sur certains produits.

 

37° : Parlons un peu de vos partenariats récents marquants…

Cyril Langlois : La Loère était présente à la Cantine du Voyage à Nantes cet été. Côté vente, c’était décevant en raison de la météo, mais j’ai déjà eu quelques retombées. Je travaille aussi avec les Ilots Electroniques, les bateliers de Loire, le réseau de la Ruche qui dit oui, dans différents lieux du Val de Loire et même à Paris où La Loère était présente à Paris Plages. A Bourgueil, j’ai un partenaire, un producteur de vin bio Jean-Marie Amirault. En hyper centre de Tours, on peut trouver mes produits dans quelques restaurants et depuis quelques jours au restaurant Frenchy’s Burger, qui a ouvert ses portes le 2 septembre 2014 rue Voltaire.

 

37° : Vous qui rencontrez beaucoup de monde dans des ambiances très différentes, quel est votre coup de cœur de l’été…

Cyril Langlois : Je reviens tout juste de la première étape de La Dérive, un petit festival itinérant pour lequel je fournis toute la partie «sans alcool». C’est un vrai bonheur de travailler avec des personnes vraiment chouettes, qui ont aiment les échanges, la convivialité et l’appréciation des plaisirs simples de la vie. C’est aussi pour ça que j’aime mon métier. La Loère ce n’est pas qu’une gamme de boissons, c’est le souci du goût – peu sucré – et du respect de la santé de chacun, un état d’esprit et beaucoup d’humanité.

La page Facebook de La Loère

 

crédits photos : Laurent Geneix pour 37°

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