Laurent Baumel ou quand « le parlement s’éveillera »…

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La semaine dernière a fortement bousculé la vie parlementaire française. La cause ? Le projet de loi Macron, loin de faire l’unanimité dans les rangs de la majorité. En tête des réfractaires à ce projet du gouvernement, les frondeurs du Parti Socialiste. Parmi eux, Laurent Baumel, député de la 4ème circonscription d’Indre-et-Loire et l’un des animateurs du courant de la Gauche Populaire. Pour ce parlementaire, passionné par l’histoire du socialisme et profondément marqué par les défaites de 1993 et 2002, la majorité actuelle « n’a pas le droit de louper ce mandat »… Rencontre avec Laurent « la Fronde ».

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Lui, il ne boute pas hors de France le vilain Anglais qui se partage le royaume de France. Non, pour Laurent Baumel ou Laurent « la Fronde », son combat se passe dans le sacro-saint temple de la démocratie française, l’Assemblée Nationale. Pour ce député de 49 ans, ancien président de l’UNEF à Sciences Po et « Centralien », la noblesse de son mandat et les batailles à mener doivent l’être en prenant en compte les réalités économiques et politiques de notre temps. Et de combat sur des idées et de conception de la politique, il en fut fortement question la semaine dernière au Palais Bourbon. « On n’a pas cherché d’effet de surprise. Dès début janvier, on n’avait dit l’on ne s’interdisait pas l’abstention ou le vote contre de la loi Macron. On n’a pas été pris au sérieux … ! ».  Pour Laurent Baumel, « il y a eu un important phénomène d’intoxication générale pour minimiser la fronde » que le député d’Indre-et-Loire et ses collègues mènent depuis plusieurs mois maintenant. Il n’accepte pas la pression et préfère largement les arguments.  « Beaucoup de rédactions des importants médias sont aussi responsables et ont été victimes de cette intoxication ». Laurent Baumel rappelle aussi : « J’avais tiré la sonnette d’alarme car les impressions étaient fausses, sept jours avant le débat sur le travail du dimanche ». Il reconnaît que le premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean–Christophe Cambadélis, avait pris au sérieux la gronde des frondeurs.

« J’essaye d’avoir le sens de l’histoire de mon parti. Je suis très marqué par les défaites de 1993 et 2002 »

Alors quand le gouvernement, acculé et ne prenant pas le risque d’un vote incertain, prend la décision, par la voix de son premier ministre Manuel Valls, de sortir son« bazooka constitutionnel » , le 49–3, Laurent Baumel explique. : « Pour Manuel Valls, traiter le cas des frondeurs, c’est asseoir ce projet de loi en faisant preuve d’autorité. C’est sa personnalité. Le 49–3 était sa carte ». Pour le député, cette résistance à un projet auquel il ne croit pas, n’a rien d’un combat médiatique ou d’une volonté de braquer les caméras sur lui. « J’essaye d’avoir le sens de l’histoire de mon parti. Je suis très marqué par les défaites de 1993(1) et 2002(2) ». Et de préciser « qu’il y a un devoir identitaire du socialisme. Et celui de ne pas oublier notre base et notre électorat, et ce pourquoi nous avons été élus ».

« Emmanuel Macron est l’expression de la technocratie libérale éclairée »

Laurent Baumel analyse aussi la désaffection qu’ont les électeurs, et ceux de gauche en particulier. « Les trois derniers Présidents de la République (3) n’ont pas fait ce qu’ils ont dit. Dans notre système politique, il n’existe pas de forces de rappels… ». Laurent se pose aussi en représentant responsable de la nation : « Nous sommes les cocontractants du projet de François Hollande. Que vais–je dire à mes électeurs la prochaine fois ? ». Pour lui, « Emmanuel Macron est l’expression de la technocratie libérale éclairée ». Pour ce député, bientôt la cinquantaine, « nous sommes caricaturés (ndlr : eux, les frondeurs), nous ne sommes pas gauchistes ! ». Même s’il s’en défend, certains dans son parti prennent ce raccourci pour réduire la portée de la voix des quarante frondeurs au sein de l’Assemblée Nationale. Pour Laurent Baumel, le plus important « c’est de retrouver la confiance de nos électeurs en 2017. Je n’ai aucun plan au-delà de cette échéance ».

Pour le parlementaire de Ballan–Miré et auteur, tout récemment, d’un livre intitulé « Quand le parlement s’éveillera », son ADN est celui du parlementarisme. Un parlementarisme qu’il aimerait peut–être voir retrouver de sa « superbe » face à un régime présidentialiste qui traverse l’histoire depuis plus de 55 ans et qui n’est peut–être plus adapté aux contraintes de notre temps.  En attendant Laurent « la Fronde » veut bouter hors de France les idées libérales qui ne sont pas celles pour lesquelles il a été élu.

(1) A l ‘occasion des Législatives en 1993, la gauche n’avait conquis que 55 sièges de députés sur les 577 que compte l’Assemblée Nationale.

(2) Aux élections présidentielles de 2002, Lionel Jospin, candidat du PS, n’avait pas réussi à atteindre le second tour qui avait vu s’affronter Jacques Chirac et Jean – Marie Le Pen.

(3) Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

 

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