Aux Hermites, soulagement et amertume pour la pharmacienne qui vend son officine à 1€

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L’histoire a fait les gros titres dans le Castelrenaudais. Fin 2023, la pharmacie du village des Hermites a été mise en vente 1€, alors qu’elle pourrait en valoir entre 4 et 500 000 de plus. Pour sa propriétaire Sylvie Drouet, cette promotion gigantesque semblait le seul moyen de faire perdurer l’activité de l’officine. 4 mois et demi plus tard, elle a trouvé un repreneur et s’apprête à passer la main le 1er mai. Retour sur une aventure singulière.

Dans un premier temps est-ce qu’on peut revenir sur le contexte qui vous a poussé à passer cette annonce de vente singulière…

J’ai 66 ans. Cela fait 41 ans que j’ai la pharmacie des Hermites, 43 ans que je suis diplômée… et 4 ans que j’essaie de vendre pour prendre ma retraite. La pharmacie fait un peu plus de 850 000€ de chiffre d’affaires et on pouvait espérer la vendre à un prix oscillant entre 65 et 70% de cette somme. On l’a mise dans 7 agences immobilières pharmaceutiques différentes : je n’ai eu pratiquement aucune visite. On a donc décidé de la mettre en vente pour 1€ afin qu’elle ne ferme pas.

A quel point c’était important pour vous qu’elle reste ouverte ?

On est un petit village de 650 habitants et on couvre toutes les communes alentours car les pharmacies les plus proches sont à 15-20km. On a une clientèle extrêmement fidèle qui ne mérite pas qu’on la laisse en place. On est un commerce de proximité indispensable et je pense que ses des petites pharmacies comme moi ferment on va se retrouver avec des gens complètement isolés en campagne. C’est une pharmacie qui marche bien. De plus, on ne fait pas que vendre des médicaments, on fait énormément de conseil. Les gens viennent pour ça. C’est très différent des pharmacies des villes ou des grandes surfaces : on a des liens d’amitié avec nos clients.

C’est donc une fierté que l’officine perdure ?

Evidemment. Je ne voulais pas la fermer. Je n’aurais pas continué 10 ans mais s’il avait fallu j’aurai continué. Ma pharmacie était vendable. Le problème c’est que mon repreneur – Alexandre Brun – a été dans deux agences où je l’avais référencée. Mon dossier ne lui a pas été présenté. On lui a seulement montré des établissements avec un chiffre d’affaires égal ou supérieur à 1 million d’€. Pourquoi ? Je pense que c’est parce que les agences sont payées en pourcentage du chiffre d’affaires donc les petites pharmacies ne les intéressent pas.

Donc j’imagine qu’Alexandre Brun est ravi…

Complètement. C’est un gars du milieu rural, son papa est maire d’une commune tourangelle, sa maman exerce une profession médicale dans le département, sa grand-mère a un commerce, son beau-père est homme politique, il a eu sa nourrice aux Hermites… C’est une superbe opportunité, tant mieux pour lui. Mais c’est un scandale que les agences ne fassent pas leur boulot car il aurait pu l’acheter ma pharmacie. C’est dommage. Si toutes les pharmacies à moins d’un million d’€ de chiffre d’affaires ne sont pas vendues il y aura de gros trous dans le système médical.

Que vous disent les habitués de cette histoire ?

Les gens sont formidables. J’ai reçu des courriers très émouvants, d’une grande gentillesse. Ils sont très reconnaissants. En plus la pharmacienne assistante et la préparatrice restent en place. Ce sont deux filles qui connaissent le boulot parfaitement et sont d’un conseil merveilleux. Alexandre peut se permettre de les garder car il n’a pas payé la pharmacie. Il rachète simplement mon stock de médicaments. Tant mieux pour lui car il y a 40 ans je ne pouvais pas me permettre d’embaucher une assistante. Lui, il va commencer son boulot confortable. C’est parfait.

Mais pour vous c’est un gros sacrifice.

Forcément, c’était ma retraite. Je ne me plains pas ! j’ai gagné ma vie tout à fait correctement, mais je perds 400 000€. Le train de vie que j’espérais ne sera pas le même, mais ce n’est pas grave. Je n’avais pas envie de grandeurs. L’essentiel c’est que la pharmacie soit reprise. Fermer aurait été un crève-cœur.

Un degré en plus :

L’après-midi du samedi 4 mai, Sylvie Drouet a prévu un pot de départ pour ses habitués. Elle les a tous invités en déposant des flyers dans les boîtes aux lettres. Pour la suite, elle assurera peut-être ponctuellement une activité de conseil pour son repreneur, notamment concernant les médicaments vétérinaires sur lesquels elle est spécialisée. De toute façon, « j’habite à 200m » nous rappelle-t-elle.

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