A Chinon, on a participé au dîner souterrain et « obscène » des Nourritures Élémentaires

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Pour sa 8e édition sur le thème de l’obscène, le festival rabelaisien des Nourritures Élémentaires organisait un dîner de gala dans le prestigieux site des Caves Painctes, en plein centre-ville de Chinon. On y était.

Cet été, on vous ventait la visite touristique des Caves Painctes de Chinon, dédale de galeries situé sous la Forteresse Royale. Un lieu-bijou jouxtant les locaux de la Maison des Vignerons et des Vigneronnes de l’appellation.

Les Caves Painctes s’appellent ainsi car Painctes est un dérivé de peintes. Il y eut donc des peintures sur les murs même si les œuvres en question ont disparu. L’endroit a d’abord servi de carrière pour l’extraction de pierre servant à construire la ville, et ce comme beaucoup d’autres en Indre-et-Loire. Rabelais en faisant mention dans son œuvre, le site était déjà bien connu au XVe siècle, à son époque mais son creusement s’est écoulé jusqu’au XVIIIe siècle (les années 1700). Et pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a servi d’abri. Rien n’a été modifié depuis les constructions d’origine, à part des aménagements comme l’installation de panneaux acoustiques.

Renfermant plusieurs caves appartenant à des domaines du Chinonais, où l’on ne pénètre que bien accompagné, l’adresse sait aussi s’ouvrir au public pour quelques occasions exceptionnelles. C’est par exemple le cas pour les intronisation dans la confrérie des entonneurs rabelaisiens (qui s’engage à défendre le vin de Chinon) ou une fois par an début novembre pour le grand dîner du festival des Nourritures Élémentaires.

Festival de la culture et des idées mêlant musique, théâtre, art visuel ou philosophie, Les Nourritures Élémentaires s’adresse à un public plutôt connaisseur de l’œuvre ou de l’esprit de Rabelais mais cherche sans cesse à s’ouvrir au grand public ou, en tout cas, à innover. Par exemple pour son édition 2023 un participant a participé à deux dates : une conférence et… un concert de rock. Pour la première fois, l’événement a également tenté le pari du sexy pour coller au mieux à son thème, l’obscène.

Ainsi, c’est l’artiste performeuse Juliette Dragon de la Cie du Cabaret des Filles de Joie, qui a été désignée responsable des animations de la soirée. Sa spécialité : l’effeuillage burlesque, soit un strip-tease qui n’a pas pour vocation d’exciter mais sert simplement de prétexte à l’acte artistique. Comme un costume évolutif, en quelque sorte. Ainsi « les artistes sortiront de scène avec moins de vêtements que quand ils sont entrés » souligne la maîtresse de cérémonie dans son propos introductif. En effet, slip, string ou cache-tétons sont de sortie. Mais est-ce obscène ?

Et d’ailleurs, qu’est-ce qui est obscène ? « Pour moi, l’obscène c’est la surconsommation. Ce sont les publicités pour les compagnies aériennes low cost dans le métro parisien à l’heure où on doit protéger la planète » glisse Juliette Dragon qui a réfléchit le programme scénique « sur-mesure » pour cet événement et s’en délecte. La moyenne d’âge est élevée, il y a peu de monde qui a déjà assisté à telle prestation. « Vous avez peur et je m’en réjouis d’avance ! » lance-t-elle, espiègle.

De fait, les performances laissent un peu circonspect. On n’en comprend pas toujours le sens profond. On profite néanmoins du lieu, baigné de lumière douce. Près de 200 personnes sont venues, de Chinon ou d’ailleurs. La députée Fabienne Colboc est là. Sans oublier les vignerons, partie prenante dans l’organisation de l’événement et qui sortent quelques-uns de leurs meilleurs flacons comme ce millésime 2018 de Francis Jourdan. « Ce festival c’est un moyen de faire connaître l’esprit de Rabelais de manière ludique » nous glisse ce propriétaire d’un domaine qui produit 90 000 bouteilles annuelles. A 68 ans, il en est à la tête depuis 12 ans et s’est très vite investi dans l’événement.

Entre le plat et le dessert, entre un magret d’oie et une assiette choco-mangue (des recettes du traiteur Pom’Poire d’Azay-le-Rideau), la foule se déplace à l’entrée des Caves Painctes pour un événement plus loufoque qu’obscène. Celui-ci se déroule chaque année : le concours de roulage de barriques, avec 5 concurrents pour les 5 sections de l’appellation, chacun devant rouler le plus vite possible son tonneau sur un parcours prédéfini. Facile ? Difficile ? « La force ce n’est pas le plus important. Il faut surtout accompagner la barrique, que son emprise sur le sol soit faible » nous conseille Francis Jourdan au cas où l’envie nous prendrait d’essayer (il s’agirait de réussir le circuit en moins d’une minute).

Oser, s’amuser quitte à paraître suranné ou à déranger : voilà l’esprit de ce dîner et du festival tout entier. Un univers cultivé et assumé du côté de l’appellation Chinon. Une expérience en soi.

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