Où en est vraiment le projet de RER tourangeau ?

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Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a confirmé qu’il voulait encourager la création de réseaux de train régionaux inspirés du RER parisien. Le chef de l’Etat prévoit d’en subventionner 13… et peut-être celui que les élus de Touraine rêvent de voir édifié. Où en est-on avec ce projet ? A-t-il vraiment une chance de voir le jour et, si oui, sous quelle forme ? On en parle avec Vincent Degeorge de l’association ADTT qui milite pour le développement des transports collectifs en Touraine et qui organise d’ailleurs une réunion publique sur le RER ce mardi 10 octobre dès 19h à Tours, salle du Champ Girault.

Commençons par un peu de pédagogie : quand on parle de RER, à quoi pense-t-on précisément ?

Il s’agit de lignes à fortes fréquences avec des trains toutes les heures, toutes les demi-heures voire tous les quarts d’heure. Elles doivent aller au-delà des frontières de la Métropole et être diamétrales, c’est-à-dire qu’elles ne s’arrêtent pas à Tours ou Saint-Pierre mais elles traversent, et ressortent. Par exemple – je dis n’importe quoi – on pourrait imaginer un Amboise / Langeais ou Château-du-Loir / Loches. Il faut également une tarification permettant d’avoir un ticket unique avec les transports urbains.

Est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ? En clair, avons-nous une agglomération assez grande pour que le dispositif soit utile ?

Tours est dans le top 15 des agglomérations françaises et, contrairement à d’autres départements, hormis Amboise, l’Indre-et-Loire n’a pas de ville secondaire de plus de 10 000 habitants. Donc ça fait peu de services dans ces villes et 80% de la population du département doit se rendre à Tours pour son travail ou ses études. En outre on a une étoile ferroviaire exceptionnelle à 8 branches ce qui fait que dans ce département vous êtes quasiment partout près d’une gare. Et actuellement, la moitié des lignes ont très peu d’offres ou alors les trains ne s’arrêtent pas dans les gares. Par exemple pour la ligne Tours / Le Mans les TER s’arrêtent partout en Sarthe mais quasiment pas en Touraine. C’est une hérésie. En plus de ça les lignes de car sont sur les mêmes corridors. On ferait mieux de les mettre ailleurs sur des itinéraires ruraux ou en connexion avec les petites gares.

On peut vraiment faire ce RER sans trop dépenser rapport au nombre de voyageurs qui emprunteront les trains ?

On doit car il faut réduire l’emprise de la voiture. De nombreux trajets pourraient se faire en transport en commun. Et on sait que dans ce domaine c’est en augmentant l’offre que la demande progresse. Malgré les apparences, ces 10-20 dernières années la demande a déjà augmenté, surtout l’après Covid. On a des trains bondés. Il y a donc de quoi faire.

Quels sont les travaux prioritaires ?

Il faut moderniser le nœud ferroviaire Tours / Saint-Pierre qui ne peut pas absorber beaucoup plus de trains qu’aujourd’hui. Par exemple les aiguillages sont d’une technologie qui a 70-80 ans. Avec de nouveaux aiguillages centralisés, et une nouvelle signalétique à bord des trains, on pourrait faire rouler des trains plus près les uns des autres. Il faudrait aussi rajouter un quai à Saint-Pierre-des-Corps pour accueillir davantage de trains.

Depuis un an les politiques de la région affichent un certain dynamisme autour de ce RER. Qu’en est-il réellement ? Il y a parfois un fossé entre le discours et la réalité…

On a trouvé que la Région avait tardé à réagir. Elle a signé les premiers documents mais l’autre jour j’ai entendu le vice-président aux transports Philippe Fournié dire que la métropolisation ça suffit. On ne le trouve pas très proactif sur le sujet car il pense qu’on a trop donné aux métropoles. Je veux bien l’entendre sauf qu’il y a l’existant – il faut gérer les 500 000 personnes qui ont besoin d’aller sur Tours Métropole au quotidien – et d’autre part pour revitaliser le milieu rural le RER c’est formidable car il y aura une offre importante qui permettra d’aller de Tours vers Loches pour travailler avant 9h ce qui est impossible aujourd’hui.

A l’ADTT vous êtes des experts des grands dossiers de transports. Vous savez qu’ils mettent énormément de temps à aboutir. En étant raisonnable, à quel moment on peut imaginer voir les choses bouger ?

Cela peut être assez rapide mais ça va être progressif car il faut débloquer les budgets et engager les travaux pour moderniser l’infrastructure. Mais en attendant on peut faire en sorte que des trains s’arrêtent dans les gares non desservies actuellement comme Saint-Paterne-Racan ou Neuillé-Pont-Pierre sur la ligne Tours / Le Mans qui voient une dizaine de TER passer sans s’arrêter. Ensuite on peut monter en puissance progressivement si la SNCF trouve l’endroit ou insérer des flux de trains supplémentaires. Ce sera long mais c’est possible. On y croit.

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