Nouveau plan de circulation : comment Tours veut faire sa révolution 

Facebook
Twitter
Email

La ville de Tours a présenté ce jeudi 04 avril son vaste programme de révision du plan de circulation sur son territoire. Un projet annoncé dès 2020, quand le maire Emmanuel Denis, appelait de ses vœux à une révolution des mobilités, qui va entrer dans le dur du sujet dès cette année avec plusieurs axes de déploiement : baisse de la place de l’automobile en ville, hausse des mobilités douces, arrivée de la seconde ligne de tramway et refonte du réseau Fil Bleu.

Quand le maire de Tours entame sa présentation en évoquant Georges Pompidou, on se doute que le discours ne va pas aller dans le même sens que l’ancien président. Si le successeur du Général De Gaulle à la tête du pays avait déclaré « qu’il fallait adapter la ville à la voiture », le maire de Tours entend lui allait à contresens de cette doctrine : « Aujourd’hui 80% des rues sont dédiées à la voiture, on a atteint les limites de cette vision » déclare l’élu écologiste.

Une vision doctrinaire de la part d’Emmanuel Denis ? Il s’en défend et avance le bon sens, ne manquant pas de citer en exemple un autre personnage illustre de droite localement : Jean Royer, l’ancien maire de Tours qui avait enlevé la circulation dans le Vieux-Tours et la place Plumereau en particulier. « Qui souhaiterait aujourd’hui revenir en arrière ? » s’interroge l’actuel maire de Tours. Idem en évoquant la rue Nationale épurée des voitures par Jean Germain (maire socialiste) en 1999 pour une partie et 2013 et l’arrivée de la première ligne de tramway pour le reste.

« On ne fait pas une ville pour les voitures, mais pour les habitants » argue encore l’actuel premier édile de la ville, déterminé à voir les choses en grand. Quitte à faire peur a-t-on envie de penser, à en croire les premières réactions sur les réseaux sociaux suite à l’annonce de la fermeture cet été pendant deux mois à la circulation de l’avenue de la Tranchée (par tronçons selon l’avancée des travaux). Dès la publication de notre article d’Info Tours, les critiques ont fusé, accusant le maire de Tours de « fossoyeur de la ville » et autres sobriquets doux… habituels sur ces plateformes.

Aux côtés de Christophe Boulanger, conseiller municipal délégué en charge des mobilités, le maire de Tours assume néanmoins sa politique et ses choix. Car oui, il s’agit bel et bien là de choix politiques et d’une vision marquée idéologiquement pour la ville. La volonté est clairement d’aller vers une réduction des automobiles et de repenser la voirie en faveur des autres types de mobilités. Pour autant, Christophe Boulanger l’affirme : « Notre volonté n’est pas d’interdire, mais de contraindre pour renvoyer le trafic de transit vers les axes structurants ».

Ces grandes lignes, elles sont affirmées et réaffirmées depuis juillet 2020 et l’arrivée à la tête de la ville de l’équipe municipale actuelle. L’une des premières mesures prises avait été, rappelons-le, la fermeture du pont Wilson aux automobilistes. Un signe fort et les annonces faites aujourd’hui ne sont que la suite et la mise en application d’un plan envisagé dès lors.

Concrètement cela va donner quoi ?

La ville de Tours entend s’appuyer sur plusieurs projets lancés pour mettre en place son nouveau plan de circulation : Les travaux de la 2e ligne de tramway qui débuteront à l’été 2025 (l’enquête publique doit se tenir elle en septembre 2024), mais aussi le déploiement du schéma cyclable métropolitain. Soit deux projets portés et financés par Tours Métropole. La présence de Frédéric Augis à ce point presse venant rappeler l’entente globale sur ces questions, au-delà des sphères et convictions politiques des uns et des autres.

Concernant le tramway, le projet est entendu, il reliera La Riche à Chambray-lès-Tours, via le nouveau quartier des casernes Beaumont, le boulevard Royer puis l’avenue Grammont avant de remonter sur Chambray-lès-Tours. Début des travaux 2025 pour une mise en service en 2028.

Dans le même temps, va être lancé le schéma cyclable métropolitain voté il y a deux ans dans l’enceinte des 2 Lions. L’objectif de la première tranche 2024-2026 est de réaliser 110 km de voiries cyclables en site propre afin de boucler les 7 premiers itinéraires sur les 13 au total (les six autres seront réalisés à l’horizon 2030). L’investissement est conséquent, 81 millions d’euros.

Le schéma cyclable métropolitain : Vélival

Dès 2024, les travaux vont s’accélérer. Dès le 13 mai 2024 ils débuteront sur l’axe rue Constantine, rue Marceau avec la création d’un double sens cyclable sécurisé. En juin, ce sera au tour du sens giratoire au niveau de la rue Rostand à Tours Nord. En juillet et août, l’avenue de la Tranchée sera fermée deux mois pour réaliser l’aménagement. Puis ce sera au tour de l’avenue Grammont en fin d’année pour relier la place de la Liberté. « L’objectif est de créer des itinéraires sécurisés sans discontinuité ». Une volonté de cohérence matérialisée par la création d’une charte graphique avec un nom à ce réseau : VéliVal qui se déclinera en panneaux de circulations, totems, pastilles au sol avec des itinéraires aux codes couleurs différents pour s’y retrouver.

Aménagement de la rue Constantine – image Tours Métropole – photo non contractuelle

600 places de stationnement supprimées

Ces aménagements ne seront pas sans conséquence. Au contraire même, la ville entend en profiter pour accentuer sa volonté de réduire la place de la voiture. Côté stationnement, 600 places, dont 325 payantes (rue Constantine, Marceau notamment) vont être supprimées à cette occasion. Et le maire de Tours à ce sujet assume et tente d’enrayer tout départ de polémique en expliquant que dans le même temps, un « jalonnement dynamique » allait être mis en place, c’est-à-dire une signalétique en ville indiquant le nombre de places disponibles dans les parkings souterrains présents. « Aujourd’hui, ils ne sont remplis qu’à 60% en moyenne, il y a 1200 places disponibles par jour. De plus on a négocié avec les exploitants une révision des tarifs à la baisse » précise Emmanuel Denis qui espère ainsi un report des habitudes de stationnement vers ces parkings en ouvrage. « Il y a 25 000 places de stationnement en surface » indique-t-il également pour relativiser le nombre de suppressions.

Autre conséquence du déploiement du schéma cyclable, conjugué à la volonté de repenser la voirie : l’ensemble des axes de la ville vont passer à 30 km/h. Une mesure déjà en place dans beaucoup de rues qui va se généraliser. De plus, afin de limiter les trafics de transit, Christophe Boulanger évoque la mise en place de « filtres modaux », c’est-à-dire des dispositifs qui compliquent les trajets en voiture : des plots, des sens interdits, des voiries réservées aux dessertes locales… « Demain aucune rue ne sera interdite à la voiture, mais il sera parfois plus long pour se rendre à l’adresse voulue » assume encore Christophe Boulanger qui évoque un dispositif souple, qui se fera au cas par cas. L’objectif annoncé est de multiplier par deux la part des transports en commun pour arriver à 25% des modes de circulation et par trois celle du vélo pour l’amener à 9%.

Un degré en plus : > Lire également nos articles sur Info Tours

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter